Vingt ans de Belles Soirées

Au programme pour l'automne: climat, sexe et Opus Dei.

Lancées par la Faculté de l'éducation permanente (FEP) en 1978 pour répondre aux besoins de la clientèle adulte en matière d'éducation culturelle, les "activités d'enseignement culturel" de l'Université de Montréal, mieux connues sous le nom de Belles Soirées, fêtent cette année leur vingtième anniversaire.

Pendant ces 20 ans, ce sont plus de 65,000 personnes qui ont participé à une activité, une conférence, un voyage ou un atelier portant sur de multiples facettes des arts, de l'histoire, de la science ou des faits de société.

"Le rôle premier des Belles Soirées est de diffuser les connaissances universitaires auprès d'un vaste public, explique Nicole Cardinal, responsable de l'enseignement culturel à la FEP. Nous voulons aussi refléter les questions que se pose la société et parfois même être en avant de la vague."

Ce mandat est interprété de façon large et inclut certaines activités relevant de la culture populaire, tels les ateliers de dégustation de vins, la gestion du stress ou la créativité artistique. "Nous cherchons en fait à outiller notre clientèle pour l'aider à trouver des réponses à ses questionnements", ajoute Mme Cardinal.

Et cette clientèle, qui est aussi celle des musées, des maisons de la culture et des canaux spécialisés, est de plus en plus sollicitée, si bien que les Belles Soirées doivent maintenant faire face à une concurrence qui n'existait à peu près pas il y a 20 ans. Le défi de renouveler l'offre est donc plus grand.

Fidélité

Au fil des années, l'achalandage s'est toutefois maintenu avec une moyenne de 5000 participants par année et de 70 inscriptions par activité. Un sondage effectué en 1995 a par ailleurs montré que la clientèle jointe est fidèle aux Belles Soirées; 70% des répondants ont en effet affirmé avoir participé ou assisté à plus d'une activité. Les visites de musées, les conférences, la musique, les voyages culturels et les activités entourant les arts visuels reçoivent le plus haut taux de fidélité.

Ces activités incluent toujours un élément de formation, souligne Nicole Cardinal. "Même les voyages comprennent un volet culturel, avec rencontres préparatoires, et les accompagnateurs sont habituellement des historiens de l'art."

Dans ce domaine, le programme d'automne annonce une visite de l'exposition Delacroix à Philadelphie alors que le Vietnam, Pittsburgh, l'Angleterre, l'Italie, la Syrie et la France de Marie Guyart seront proposés à l'hiver ou au printemps.

Le sondage de 1995 a également montré que la clientèle des Belles Soirées est âgée de 40 ans et plus et est majoritairement composée de femmes. "Les femmes sont en plus grand nombre non seulement dans des activités comme celles portant sur la santé ou les arts, mais aussi dans les conférences sur l'histoire ou la philosophie." Les responsables aimeraient donc attirer une nouvelle clientèle, soit les hommes et les jeunes.

Érotisme et effet de serre

Dans le programme automnal, au moins un thème devrait intéresser la clientèle convoitée: l'érotisme. Une série de trois conférences est en effet annoncée, où l'on abordera l'anatomie de l'érotisme, l'érotisme dans la littérature et l'érotisme fétichiste. Ça promet! À l'autre extrême sur l'échelle de la morale, les Belles Soirées proposent un autre sujet chaud mais moins émoustillant: l'Opus Dei.

Entre ces deux thèmes, le public pourra en outre choisir une conférence sur l'étiquette et les règles de la politesse, ou encore une initiation à l'opéra.

Du côté des grandes conférences, deux sont au programme pour l'automne: le glaciologue Claude Lorius nous parlera de l'effet des glaces polaires sur le climat, thème faisant par ailleurs l'objet de trois autres conférences, soit les dictons populaires sur le climat, l'effet du climat sur le comportement humain et l'effet de serre. La seconde grande conférence sera présentée par le philosophe Charles Taylor, qui traitera de l'identité.

Le président de la commission Nicolet, Roger Nicolet, prendra lui aussi la parole dans le cadre d'une série de quatre rencontres soulignant le 125e anniversaire de l'École Polytechnique.

Les femmes ne sont pas laissées-pour-compte puisqu'on présente trois portraits de femmes célèbres: Madeleine de La Peltrie, George Sand et Alexandra David-Neel, première Européenne à s'être rendue à Lhassa.

Autofinancement

"Tous nos conférenciers et toutes nos hôtesses sont rémunérés pour leur participation ou leur travail aux Belles Soirées, tient à préciser Nicole Cardinal. Il n'y a pas de bénévolat."

Comme l'ensemble du programme doit s'autofinancer, cela explique les prix d'entrée jugés parfois élevés pour assister aux conférences. Et par autofinancement, on entend non seulement la couverture des dépenses directement occasionnées par les activités - conférenciers, salles, publicité, etc. - mais aussi la partie du temps qu'y consacre le personnel de la FEP.

Même s'il existait déjà un tarif réduit pour les étudiants, l'incident provoqué par Hubert Reeves l'année dernière a amené la direction des Belles Soirées à fixer un nouveau tarif de groupe. Alors qu'il en coûte, pour le grand public, 55$ pour une série de trois activités, le prix est de 40$ pour les étudiants et de 35$ s'ils font partie d'un groupe de 10 étudiants ou plus.

"Nous sommes également à la recherche de commanditaires et nous essayons de mettre sur pied des activités en partenariat avec d'autres organismes, poursuit Mme Cardinal. C'est notamment le cas avec le Musée des beaux-arts et le consulat général de France, qui nous aide à payer la participation de scientifiques français."

Par ailleurs, au moins une activité gratuite sera présentée, l'influence de la musique sur les romans de Proulx, de Thomas Mann et de Kundera, dans le cadre des Journées de la culture.

On peut se procurer le programme des Belles Soirées sur les présentoirs des pavillons et à l'adresse Internet www.fep.umontreal.ca/lesbelles/index.html

Daniel Baril