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Réduction de personnel:fin des coupes horizontales

De toutes les universités québécoises, l'Université de Montréal est celle qui s'est imposé la cure d'amaigrissement la plus sévère en ce qui concerne les réductions de postes dans le personnel non enseignant régulier à plein temps. Alors qu'à l'UQAM, à McGill et à l'Université Laval les effectifs ont diminué de 13%, 16% et 17% respectivement au cours des cinq dernières années, à l'Université de Montréal, la réduction de personnel a frôlé les 20%, plus exactement 19,5%. En 1993, l'Université de Montréal comptait 2738 postes parmi le personnel non enseignant régulier. Cinq ans plus tard, il n'en reste que 2205, soit 533 de moins.

Ces chiffres sont tirés d'un rapport déposé en octobre au Conseil de l'Université par son comité des personnels, qui avait demandé à un groupe de travail de faire le bilan des réductions de personnel non enseignant depuis 1993. Avant de dresser ce bilan, le groupe de travail, qui était présidé par le vice-recteur Michel Trahan, a rencontré tous les responsables d'unité entre octobre 1997 et mars 1998.

Un effort énorme
Après avoir rappelé les opérations successives de réduction de personnel (comité Gravel et programmes de départ volontaire à la retraite), le groupe de travail constate que la majorité des unités ont atteint les objectifs de réduction d'effectifs, mais que certaines n'y sont pas parvenues. C'est le cas de la FES, de l'École d'optométrie, de la Faculté de médecine vétérinaire, de la Faculté des sciences infirmières, de la DITER et de la Direction des immeubles. On note par ailleurs que certaines unités, dont la FAS, ont soumis des plans d'abolition de postes qui leur permettront d'atteindre ou de dépasser l'objectif lorsque les personnes auront été relocalisées.

En revanche, d'autres unités ont largement dépassé la cible; il s'agit des facultés de l'Aménagement, de Médecine, de Médecine dentaire, des Sciences de l'éducation, de Musique, de Théologie et de l'Éducation permanente, des services des bibliothèques, des finances et des ressources humaines ainsi que du Fonds de développement et du secrétariat général.

Les membres du groupe de travail insistent cependant pour souligner le caractère aléatoire des retombées des programmes de départ volontaire, de même que les efforts inégaux des unités pour réorganiser le travail.

Cibler les réductions
Au-delà des situations particulières des unités, les auteurs remarquent que l'effort a été énorme et qu'il ne saurait être question de poursuivre plus longtemps les coupes horizontales d'effectifs.

"Il en va de la crédibilité de la direction de l'Université auprès des gestionnaires qui ont livré la marchandise", observent-ils.

S'il faut encore réduire le personnel, ces réductions doivent être ciblées, précisent-ils, avant d'ajouter:

"Tout en reconnaissant les retombées positives de l'exercice prescrit de réorganisation du travail, plusieurs responsables d'unité ont l'impression de fonctionner maintenant sans filet, donc d'être à la merci d'un départ ou d'un congé de maladie. En effet, les unités ont subi à la fois une réduction d'effectifs et une perte d'expertise; la réalisation de certaines fonctions névralgiques ne dépend plus que d'une seule personne. On se réjouit de la très forte implication du personnel, mais on attire notre attention sur l'augmentation du nombre de jours de congé de maladie."

Seule une modernisation rapide et complète de la gestion de l'information pouvait permettre de réaliser une réduction d'une telle ampleur sans trop perturber le fonctionnement des unités. Or, celles-ci attendent toujours ce soutien technologique tout en manifestant beaucoup d'"inquiétude" et d'"appréhension" face à l'expérience Prophecy (le système informatisé de gestion financière de l'Université), observent les auteurs du rapport.

"Afin de freiner le réinvestissement dans le développement de systèmes parallèles par les unités les plus importantes, poursuivent-ils, on souhaite l'expression ferme d'une volonté politique visant à relancer prioritairement la modernisation de nos systèmes de gestion de l'information. De l'avis d'une forte majorité de personnes rencontrées, l'Université de Montréal accuse un retard considérable à cet égard et cette situation atténue les effets positifs de la réorganisation du travail dans plusieurs unités tout en projetant une image vieillotte de l'Université de Montréal, ce qui ne contribue certainement pas au recrutement et à la rétention des étudiants, donc à l'augmentation des revenus de l'Université."

Rassurés mais inquiets
Dans certaines unités, les responsables ont même pu démontrer que les réductions d'effectifs se sont traduites par des pertes de revenus aussi importantes que les économies réalisées.

La variété et la qualité des services ayant diminué (malpropreté des salles de classe, lenteur dans les admissions et les inscriptions, diminution du nombre de cours, délai dans la distribution des nouvelles publications sur les rayons des bibliothèques, ralentissement des acquisitions en ce qui concerne le parc informatique, les logiciels, etc.), le climat de travail s'est détérioré et la morosité s'est accrue.

"Toutefois, écrit-on, plusieurs ont l'impression que les choses se replacent lentement malgré l'appréhension ambiante quant à la situation financière de l'Université. On a l'impression d'avoir presque réussi à protéger l'essentiel dans la tourmente budgétaire, ce qui est ressenti comme un exploit par plusieurs, mais ça ne semble pas tout à fait suffisant..."

En conclusion, les membres du groupe de travail se déclarent donc à la fois rassurés, parce que l'essentiel a été protégé et que le personnel demeure impliqué, mais aussi inquiets à cause de la minceur des marges de manoeuvre dans plusieurs unités, donc de la fragilité du fonctionnement à la suite des programmes de départ volontaire.

F.L.


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