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Le syndrome du survivant ne dure pas

André Savoie

"Les réactions cognitives et émotives à la suite du départ massif de collègues ne durent pas très longtemps. Par contre, la surcharge de travail, elle, est là pour rester. Il vaut mieux s'attaquer à ça."

Voilà le message qu'a voulu livrer André Savoie, professeur au Département de psychologie, à la cinquantaine de personnes qui ont assisté à sa conférence organisée par le comité mixte de santé et de sécurité au travail de la section locale 1244 du Syndicat des employés de l'Université de Montréal. Il les a prévenues que, si le Québec a connu une période difficile, il faut s'attendre à ce qu'il en connaisse d'autres. "Dans les années qui viennent, chaque employé aura plus de responsabilités et plus d'autorité. À l'Université de Montréal, on a connu une vague de mises à la retraite. Il y aura d'autres changements, c'est sûr."

Selon le psychologue, il est vrai que la surcharge de travail peut avoir des conséquences sur la tranquillité d'esprit et bouleverser des habitudes, mais il faut profiter de l'occasion pour réviser ses attitudes et réorganiser sa façon de fonctionner. Il existe trois stratégies pour se tirer d'affaire dans un contexte de crise:

M. Savoie y est allé de plusieurs conseils qu'il a tirés de son expérience en gestion des ressources humaines. En ce qui concerne la veille, il se rappelle un employé qui découpait jusque dans son lit les articles de journaux qui traitaient de son entreprise. "L'employé de l'an 2000 est informé, renseigné."

De même, il n'est plus possible de faire son boulot discrètement, dans son coin. Il faut que les actions qu'on accomplit soient connues des collègues et des patrons. D'où l'importance de légitimer ses actes.

Quant à la régulation du stress, le secret est dans l'efficacité et l'efficience accrues. "Je me souviens d'un service de l'Université de Montréal qui prenait trois mois à répondre à une demande. Quand on a examiné en détail les gestes qui étaient faits pour traiter cette demande, on s'est rendu compte qu'ils étaient accomplis en 59 minutes. Cela ne peut pas fonctionner comme ça. La réingénierie des processus vise à éviter ce genre de choses."

On le voit, le syndrome du survivant n'est qu'une étape vers une redéfinition du rôle de l'employé au sein de son entreprise, selon André Savoie. Une redéfinition qui n'a que des bons côtés, une fois que l'effet bouleversant est passé.

Il faut pourtant savoir faire face à des écueils comme le conflit de rôles. "Dans certaines entreprises, l''approche client' exige d'être plus proche de la clientèle. Par contre, on veut que les employés soient plus productifs tout en étant moins nombreux. Voilà deux attitudes difficiles à concilier."

Cette approche client existe aussi en milieu universitaire. Mais il est vrai qu'on n'aurait pas pu prévoir tous ces bouleversements à la fin des années 1980. Qu'à cela ne tienne, il faut savoir tourner le dos à la morosité ambiante et devenir "proactif", car des changements, il y en aura d'autres. M. Savoie s'en réjouit parce qu'"avant, c'était plate".

M.-R.S.



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