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Nutrition et sport: un cocktail gagnant

Marielle Ledoux est une pionnière en la matière.

 

Les boissons protéinées et sucrées que les athlètes consomment après leur entraînement (Boost, Gaterload, etc.) favorisent le gain en masse musculaire, du moins en ce qui concerne les sports exigeant des efforts brefs et intenses. Mais est-ce qu'un simple mélange maison ferait aussi bien l'affaire? C'est ce que trois étudiants sous la supervision de Marielle Ledoux, professeure au Département de nutrition, cherchent actuellement à démontrer.

"La boisson que nous avons élaborée, à la suite d'une dégustation assez originale je dois dire, est un mélange de lait et de jus d'orange concentré, explique Mme Ledoux. Je sais qu'elle n'a pas l'air appétissante, mais il ne faut pas se fier aux apparences. L'idée vient d'un étudiant qui utilisait une boisson similaire après ses entraînements."

Le succès de la boisson post-entraînement tient à la combinaison d'une forte concentration de protéines et de glucides dans un mélange... minimalement savoureux. Un lait au chocolat pourrait donner de bons résultats sur le plan nutritif, mais un tel mélange "tombe sur le coeur" et n'aurait pas de succès auprès des sportifs (voir l'encadré).

Pour Marielle Ledoux, cette expérience s'ajoute à une série de recherches qu'elle mène depuis plus de 20 ans sur les liens entre la nutrition et le sport. Il y a quelques années, elle avait sonné l'alarme sur la carence en fer des athlètes, un problème qui toucherait le tiers d'entre eux. Dans le groupe qu'elle avait étudié, elle avait observé une baisse du taux de fer durant une période d'entraînement intensive de 15 semaines.

"Aujourd'hui, signale la nutritionniste, on fait plus attention au fer quand on surveille l'alimentation d'un athlète, particulièrement chez les végétariens. Deux facteurs contribuent à la baisse du fer dans le sang: la fréquence de l'entraînement et la source de l'absorption. La ferritine présente dans la viande est mieux absorbée que celle provenant d'autres sources."

Finies les mégadoses
Les vitamines ont aussi été étudiées par la chercheuse. L'ère des doses massives dont l'excédent est éliminé par les voies naturelles semble être derrière nous. "Les mégadoses de vitamines, ça ne sert à rien, affirme Marielle Ledoux. Une alimentation variée est encore la meilleure combinaison possible."

Le seul moment où la nutritionniste approuve le recours aux multivitamines et aux suppléments de minéraux, au cours de ses consultations avec les athlètes, c'est lorsqu'ils doivent se rendre à l'étranger. "Dans les pays de l'Est, on trouve plus facilement de la soupe aux betteraves que de la viande rouge, résume-t-elle. Il peut alors valoir la peine de combler ses lacunes avec des suppléments alimentaires ou vitaminiques."

Même si de nombreux athlètes veulent croire aux produits miracles, Marielle Ledoux estime que plusieurs suppléments qu'on trouve dans les gymnases sont inutiles. À son avis, certains produits vendus à prix d'or n'ont pas plus d'impact sur la santé de l'athlète qu'"un peu de lait en poudre dans leur café".

Une exception, cependant: la créatine. Présente dans les tissus musculaires des animaux mais commercialisée sous forme synthétique depuis une dizaine d'années, cette substance de plus en plus populaire chez les sportifs assurerait une récupération plus rapide. Elle permettrait d'améliorer la qualité et la fréquence de l'entraînement dans les sports comme le football, le soccer ou le hockey.

"On a tous de la créatine dans les muscles. Le problème, c'est qu'on en a très peu. La dose quotidienne recommandée par les fabricants est de 20 grammes pendant cinq jours. Pour trouver cette quantité dans l'alimentation, il faudrait manger de quatre à cinq kilos de viande rouge."

Sommité canadienne
Depuis cinq ans, Marielle Ledoux est très sollicitée pour son expertise en nutrition sportive. L'émission Enjeux, à Radio-Canada, la présentait le mois dernier comme "la sommité canadienne".

Elle sourit lorsqu'elle se fait rappeler la chose. "Il est vrai que j'ai longtemps été la seule à avoir la double formation de nutritionniste et d'éducatrice physique. Mais je me souviens des lettres de refus que je recevais quand j'envoyais mon CV dans les années 1970. Personne ne voulait entendre parler de ma spécialité. Dans ce temps-là, l'entraînement d'un athlète était l'affaire de la médecine sportive, de la physiologie de l'exercice, de la biomécanique mais pas de la nutrition..."

Après avoir terminé ses deux baccalauréats (un en nutrition, l'autre en éducation physique), Marielle Ledoux n'a jamais cessé de concilier les deux disciplines. Elle ne l'a jamais regretté. "J'ai senti le vent tourner en 1987, dit-elle. C'est cette année-là qu'on a ajouté un volet 'nutrition' au programme de certification des entraîneurs des équipes canadiennes."

Douce revanche. Aucun entraîneur sérieux n'élabore aujourd'hui un programme d'entraînement sans indiquer des consignes sur l'alimentation des athlètes.

Mathieu-Robert Sauvé

 

Épuisé? Buvez un JUM!

Sur une période de six semaines, quatre groupes de 10 personnes consommeront chacun un grand verre de boisson post-exercice après une heure d'entraînement. Le premier groupe avalera une boisson commerciale populaire, le deuxième un simple jus d'orange, le troisième le fameux mélange UdeM (le JUM?) et enfin le quatrième un placebo. Un nouveau supplément très prisé par les sportifs, le picolinate de chrome, sera aussi étudié.

Trois étudiants à la maîtrise en nutrition se partageront l'analyse des données: Stéphane Roy étudiera le catabolisme (dégradation de la masse musculaire), Geneviève Saint-Martin l'anabolisme (synthèse des protéines) et Gianni Scalzo l'effet du supplément de chrome.

Mais les Vincent Damphousse, Patrice Brisebois ou Mark Recchi n'ont pas été retenus. Les sujets sont exclusivement des sédentaires. "Il est plus facile d'observer des différences avant et après sur des personnes qui ne s'entraînent pas que sur des athlètes", précise Marielle Ledoux, qui supervise l'expérience.

D'ailleurs, en dépit de quelques prises de sang visant à mesurer la variation des taux de glucose et d'insuline, les volontaires seront plutôt bien servis. On a conçu pour eux une série d'exercices sur mesure et ils auront accès à la salle de musculation du CEPSUM trois fois par semaine. Certains ont déjà vu leur silhouette changer et ont pris goût à l'activité physique.

M.-R.S.




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