L'échographie à la rescousse de la chirurgie

Le Dr Patrice Lamoureux lance un cédérom interactif sur le sujet.

Le Dr Patrice Lamoureux a présenté à ses collègues un cédérom consacré à l'échographie chirurgicale. Sa réalisation lui a demandé quelque 1500 heures de travail. "Le volume 2 est en préparation."

Quand un chirurgien prépare une opération et désire obtenir une échographie, cette dernière dépend de l'horaire du radiologiste, souvent occupé à l'autre bout de l'hôpital. Dans bien des cas, le spécialiste renonce à utiliser l'échographie avant de passer aux actes. Certains chirurgiens n'en voient carrément pas l'utilité.

La sonde et l'appareil d'échographie sont pourtant relativement simples à utiliser et leur manipulation fait partie de la formation de base des chirurgiens dans plusieurs pays d'Europe. "Au Québec, où les radiologistes ont longtemps été les seuls à faire des échographies, cette pratique est encore marginale, affirme le jeune chirurgien Patrice Lamoureux. Ceux qui veulent faire de la bonne chirurgie doivent pourtant utiliser tous les outils à leur disposition."

Selon le Dr Lamoureux, les interventions au foie et au pancréas, particulièrement dans les cas de cancers, seraient beaucoup plus efficaces si les spécialistes utilisaient plus systématiquement l'échographie opératoire. "L'échographie est le meilleur examen préopératoire pour ces organes, dit-il. Moi, je l'utilise tous les jours."

C'est au cours d'un stage dans un hôpital français, où la sonde échographique n'est jamais loin du chirurgien, que l'idée de diffuser cette connaissance a germé dans l'esprit de Patrice Lamoureux. Il a imaginé un cédérom interactif qui permettrait aux chirurgiens de voir dans quel contexte cette technologie peut leur venir en aide. Revenu au Québec, il a obtenu le soutien de plusieurs intervenants, et même des radiologistes ont collaboré avec plaisir à son projet.

Le cédérom, qui vient d'être lancé sous étiquette Aloka, vise trois objectifs: initier l'usager à l'échographie avant sa mise en pratique, permettre une mise à jour des connaissances pendant la pratique et servir d'ouvrage de référence.

Un cédérom convivial
"Pour concevoir ce cédérom, je me suis mis dans la peau d'une personne qui ne connaît rien en échographie. Je n'ai pas eu de difficulté: c'était mon cas il y a quatre ans", a dit l'auteur au cours d'une présentation devant une centaine de médecins réunis dans la salle Lucien-Lacoste du Pavillon Notre-Dame du CHUM le 29 octobre dernier.

Des principes de physique acoustique permettant l'imagerie par écho jusqu'à la présentation d'une histoire de cas, le disque fait un tour d'horizon approfondi de la matière sans cesser d'être convivial. "Je ne suis pas un crack en informatique, a précisé à Forum le Dr Lamoureux. Je me suis fait aider par des spécialistes. Je me suis occupé du contenu."

Les chirurgiens spécialisés dans la région abdominale sont parmi les utilisateurs potentiels du disque, mais les gynécologues, urologues et neurochirurgiens pourront également y trouver leur compte, car ils utilisent tous l'échographie; seule la sonde diffère.

Le cédérom, vendu 145$, a été tiré à 500 exemplaires dans sa version anglaise et à 200 exemplaires dans sa version bilingue anglais-français. Deux traductions en portugais et en espagnol sont attendues d'ici six mois.

1500 heures
Le doyen de la Faculté de médecine, Patrick Vinay, a rendu hommage au jeune médecin en soulignant qu'il admirait les gens qui, comme lui, consacraient leurs temps libres à un projet pédagogique. Et il a insisté sur l'utilité de la formation continue chez les spécialistes. "Beaucoup de chirurgiens, dans cette province, n'ont même pas expérimenté l'échographie opératoire", a-t-il dit.

Le Dr Lamoureux a admis en marge du lancement que la conception de cet outil lui avait demandé "environ 1500 heures" de travail. Mais il a ajouté que cela ne comptait plus, maintenant que le produit était là.

Dans l'auditoire, un pionnier des cédéroms à vocation pédagogique, le Dr Arto Demirjian, de la Faculté de médecine dentaire, a tenu à dire qu'il était fier d'assister à l'émergence d'une relève. "Depuis qu'il n'y a plus de dissections au Pavillon principal, le multimédia est un excellent moyen d'apprentissage", a dit celui qui a créé 14 cédéroms en 10 ans.

Pour réaliser son projet, le jeune professeur a bénéficié de deux subventions. Le Fonds de développement de l'enseignement lui a versé 12 500$ et l'éditeur, Aloka, un montant de 12 800$.

Mathieu-Robert Sauvé