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• À la mémoire de Geoffrey Fox

Témoignage

À la mémoire de Geoffrey Fox

Geoffrey Fox, qui m'enseigna avec ferveur, au début des années cinquante, les epsilons et les deltas de l'analyse mathématique, est décédé à Montréal le 22 septembre 1998. Né à Victoria (Colombie-Britannique) le 7 octobre 1915, c'est également là qu'il sera inhumé. Il fut nommé professeur adjoint au Département de mathématiques et de statistique de notre université en 1951, puis professeur titulaire en 1974. Il était retraité depuis 1981. Il avait fait ses études à l'Université de la Colombie-Britannique, à l'Université de Toronto et enfin à l'Université McGill, où il obtint un doctorat en 1954. Préalablement, il avait été instituteur et directeur d'école, puis professeur à l'Université du Nouveau-Brunswick après un long service militaire.

À l'Université de Montréal, il dirigea plus d'une douzaine d'étudiants à la maîtrise et quelques-uns au doctorat. Parmi les premiers, citons Paul Arminjon et François Soumis, qui sont encore en fonction dans notre établissement, ainsi que mon compagnon de classe, Léon LeBlanc, décédé prématurément en 1968, qui fut aussi professeur dans la maison et avec lequel Geoffrey avait publié des travaux de recherche sur la théorie de la mesure.

Par la suite, c'est surtout avec son étudiant au doctorat Pedro Morales qu'il poursuivit ses travaux de recherche donnant lieu à plusieurs publications en théorie de la mesure et en topologie générale. C'est alors qu'il était professeur invité à l'Université du Chili à Santiago en 1967 que cette collaboration s'amorça.

Il rédigeait avec soin de nombreuses notes de cours. Citons en particulier Intégration dans les groupes topologiques, travail de 357 pages publié par les Presses de l'Université de Montréal en 1964, et aussi ses notes du cours d'analyse de première année rédigées en collaboration avec Pedro Morales et Jean-Marc Terrier en 1975-1976 et qui furent très longtemps utilisées.

Geoffrey était un authentique "scholar". Il travaillait avec acharnement à son enseignement et à la recherche. Il ne publiait que des travaux de valeur et achevés. Il a animé souvent un séminaire officieux mais populaire chez les étudiants diplômés. C'était une initiative motivée uniquement par sa passion pour les mathématiques, passion qu'il réussissait à communiquer à ses étudiants. Son enseignement fut toujours très apprécié à tous les niveaux.

Geoffrey Fox, anglophone, avait un engouement pour la culture française. Pour son 80e anniversaire, le Département de mathématiques et de statistique lui fit une fête. Je l'entends encore incitant avec ardeur nos étudiants à lire Chateaubriand alors que les nombreuses chandelles menaçaient d'enflammer le gâteau de circonstance!

Au cours des dernières années de sa vie, Geoffrey s'est consacré en solitaire à une réflexion sur le problème politique canadien. Jusqu'à la veille de sa mort, il s'employait à mettre la dernière main à la rédaction de ses convictions originales à ce sujet. Il a confié à sa femme Rosemary, aussi originaire de l'Ouest canadien, le soin de la diffusion éventuelle de ce recueil.

Aubert Daigneault
Professeur titulaire retraité
Département de mathématiques et de statistique