D'ici trois ans, des élèves du collégial pourront terminer leurs études par le biais d'Internet. "Aussitôt que cinq personnes s'y seront inscrites, le cours démarrera. Il y aura des échanges synchrones et asynchrones par courriel entre étudiants et avec le professeur. Déjà, le Centre collégial de formation à distance exploite ce moyen avec succès. Le taux de réussite est supérieur à celui obtenu en classe."
Le chargé de mission Vincent Tanguay, qui s'exprime ainsi, coordonne la politique de l'inforoute au ministère de la Culture et des Communications. Interrogé sur le volet de l'éducation postsecondaire de la politique québécoise, il parle avec enthousiasme du DEC virtuel, qui est presque une réalité. Mais pour les universités, la formation à grande échelle par le biais d'Internet n'est pas pour demain, admet le coordonnateur au cours d'un entretien à la salle de vidéoconférences de l'Université de Montréal.
"Les cours collégiaux sont beaucoup plus homogènes que les cours universitaires, dit-il. Le professeur d'économie à l'université tient à son autonomie et ne s'en remettra pas à un programme défini pour l'ensemble du territoire. À l'université, les professeurs sont en quelque sorte 'propriétaires' de leur contenu de cours. Ce n'est pas le cas au cégep."
M. Tanguay a brièvement résumé la situation quelques minutes avant d'entrer en communication avec des spécialistes réunis à Rouen, en France, dans le cadre d'un congrès sur la formation et les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Il a présenté aux collègues français les grandes lignes de la politique québécoise sur l'inforoute.
Cette politique s'appuie sur trois principes généraux: donner un accès universel et équitable à l'autoroute de l'information à tous les Québécois de façon qu'aucune région ne soit négligée; offrir le service à un coût réduit; favoriser l'utilisation de ces nouveaux moyens de communication grâce à des contenus utiles et efficaces.
Au cours d'une présentation vidéo d'une vingtaine de minutes sous la supervision du technicien Richard Ponton, de la DITER, il a vanté le dynamisme québécois, notamment en ce qui concerne la création de contenus francophones. L'Office de la langue française s'apprête par exemple à mettre en ligne gratuitement son Grand dictionnaire terminologique, qui pourrait être utile dans l'ensemble de la francophonie. En tout, 3 des 10 millions de dollars consacrés au Fonds de l'autoroute de l'information financeront des projets à vocation éducative. Il a aussi mentionné que des débats étaient en cours sur la protection des renseignements personnels.
"L'inforoute est un enjeu capital pour l'avenir du Québec", a-t-il résumé.
L'auditoire, réuni dans un amphithéâtre de l'INSA, à Rouen, a semblé apprécier la conférence du représentant québécois. Plus de 400 personnes participaient à ce colloque sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans la formation d'ingénieurs et dans l'industrie, colloque présidé par Claude Frasson, professeur au Département d'informatique et de recherche opérationnelle de l'Université de Montréal.
Mathieu-Robert Sauvé