[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]


Le sentiment d'efficacité réduit le stress

Catherine Guertin remporte un prix international pour sa méta-analyse sur le stress en milieu de travail.


Les personnes qui jouissent d'un fort sentiment d'efficacité personnelle sont portées à aborder les difficultés liées au travail comme des défis à relever au lieu de les voir comme des éléments stressants. C'est pourquoi elles présentent un niveau de stress moins élevé que les personnes qui éprouvent un sentiment d'inefficacité.

Si plusieurs études avaient déjà établi une corrélation entre stress et sentiment d'efficacité, Catherine Guertin, étudiante au doctorat au Département de psychologie, en a fait ressortir des variantes méconnues jusqu'ici. À l'aide d'une approche méta-analytique, la jeune chercheuse a notamment mis en évidence des différences marquées dans la corrélation en fonction du type d'emploi occupé.

Cette recherche lui a valu le prix Espoir de la psychologie du travail et des organisations, décerné par l'Association internationale de psychologie du travail de langue française à son congrès tenu à Bordeaux en août dernier.

Sentiment d'efficacité chez les étudiants
En regroupant les données recueillies par 16 études qui totalisent pas moins de 5429 sujets et en isolant les divers facteurs liés au stress, Catherine Guertin a d'abord établi que le sentiment d'efficacité personnelle explique 6,5% de la variance du niveau de stress global.

"Il y a une corrélation, mais le lien de causalité entre ce sentiment et le stress n'a pas été démontré, tient-elle à préciser. Et cette corrélation est inverse, comme on s'y attendait; un fort sentiment d'efficacité est associé à un faible niveau de stress."

Des différences majeures apparaissent toutefois selon les occupations. Les professeurs, par exemple, se trouvent sous la moyenne, le sentiment d'efficacité n'expliquant dans leur cas que 5% de leur stress. Par contre, le même sentiment joue pour près de 30% dans la variance du niveau de tension observé chez les étudiants.

"Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que les étudiants sont soumis à une évaluation constante de la part de leurs professeurs, estime Catherine Guertin. Ils ont une perception plus précise de leur compétence, ce qui fait que cet élément crée une plus forte variance dans ce groupe."

Les divers instruments d'analyse utilisés par la série d'études retenues ont par ailleurs fait ressortir aux yeux de l'étudiante qu'il est préférable, pour évaluer le stress, de mesurer les tensions ressenties par la personne plutôt que les éléments stressants. "Deux individus peuvent avoir le même stresseur dans leur environnement de travail et y réagir de façon différente."

Toutefois, une telle approche fondée sur des mesures autorapportées risque d'introduire un biais subjectif de "désirabilité sociale". "Si l'on questionne un employé sur son stress, il pourrait être porté à affirmer qu'il en vit afin de projeter une image de quelqu'un d'important ayant de grandes responsabilités. À l'opposé, d'autres pourraient affirmer qu'ils ne ressentent pas de stress afin d'être perçus comme capables de faire face à leur travail."

Pour éviter ce biais, Catherine Guertin recommande de recourir à plusieurs instruments de mesure ayant fait leur preuve dans divers contextes.

Mesurer les tensions plutôt que les éléments stressants permet en outre à l'entreprise d'intervenir auprès des employés qui afficheraient un haut niveau de stress. "Le sentiment d'efficacité personnelle est quelque chose de malléable pouvant être augmenté par une formation appropriée contrebalançant les effets néfastes du stress, conclut l'étudiante. Si le stress revient cher à une entreprise, le sentiment d'efficacité coûte peu."

Compétition internationale
Pour André Savoie, directeur de thèse de Catherine Guertin et responsable du Groupe de recherche sur les équipes de travail au Département de psychologie, la participation à des congrès internationaux comme celui auquel ont pris part Catherine Guertin et cinq autres étudiants constitue un important outil de formation.

"Dès que les étudiants terminent leurs études, ils sont déjà en compétition internationale, souligne-t-il. Il faut donc être en mesure de se comparer avec ce qu'il y a de meilleur dans le monde et savoir profiter des occasions pour faire sa place dans ce marché compétitif. La participation à de tels événements fait d'ailleurs partie de la formation que nous donnons."

"De plus, cela permet d'avoir un feed-back permettant de connaître la valeur de ce qu'on fait. Comme l'a démontré Catherine Guertin, l'évaluation contribue au sentiment d'efficacité personnelle."

Malgré la compétition, le domaine de la psychologie du travail est toutefois un secteur où l'emploi ne manque pas. "Il y a même un fort besoin en période de restructuration", affirme André Savoie.

Au Québec, le domaine de la psychologie du travail regrouperait autour de 800 psychologues.

Daniel Baril



[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]