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ACTIVITÉS CULTURELLES

Lec-TUM du roman L'enfant chinois

"Une lecture, c'est un autre éclairage sur une oeuvre. C'est comme si, en tenant une pierre précieuse, on la tournait pour qu'elle attrape la lumière d'un autre angle, qu'elle prenne un autre reflet", dit, philosophe, Guy Parent.

Surpris, Guy Parent l'a été en apprenant ce printemps que son premier roman allait être au programme des lec-TUM, les lectures publiques du Théâtre de l'Université de Montréal (TUM). "Très surpris", a-t-il insisté en entrevue, lui qui ne s'attendait à rien lors de la publication en début d'année de son Enfant chinois.

L'auteur avoue n'avoir écrit que pour lui, que pour son propre plaisir. L'oeuvre a pourtant été très bien accueillie par la presse. D'éloge en éloge, la critique a salué les talents d'écrivain de Guy Parent et la formidable poésie issue de L'enfant chinois, directe et sans prétention.

Poète dans l'âme depuis son adolescence et journaliste depuis plus de 20 ans - il est actuellement réalisateur à Télé-Québec -, Guy Parent a ainsi été confronté à deux styles d'écriture très différents.

"En tant que journaliste, j'aime raconter des histoires, mais ce sont des histoires qui font partie d'un discours social. Mes histoires de romancier sont plus proches de moi, de l'individualité", soutient celui qui a réussi à bien marier le phrasé journalistique, très mécanique et précis, au genre littéraire, beaucoup plus personnel et lyrique.

"Il garde de son métier premier la capacité d'exposer un récit avec une rigueur et une clarté qui manquent hélas trop souvent aux romanciers novices", a commenté l'auteur Stanley Péan (Ici, semaine du 5 mars).

Même s'il pense déjà à son deuxième roman, qu'il compte publier à l'automne 1999, Guy Parent replonge volontiers dans l'univers de cet Enfant chinois qu'il n'a jamais relu, anxieux de connaître la version proposée par le TUM.

Convaincu de ne pas posséder la vérité absolue - "ce n'est pas parce que je suis l'auteur que j'ai nécessairement raison" -, il est de la trempe de ces écrivains qui s'émerveillent devant les différentes interprétations qu'on peut donner à un même personnage, à un même passage.

"Il n'y a rien qui dit que ma vision soit la meilleure. On ne gouverne pas tout quand on écrit. Si l'on veut tout gouverner, on arrive à quelque chose de fermé. Si l'on écrit en respectant la liberté, on crée une oeuvre ouverte où chacun peut aller piger un morceau", croit Guy Parent, qui fait du lecteur un participant actif du processus créateur.

Un enfant déraciné et solitaire
Ainsi, L'enfant chinois est loin d'être une oeuvre fermée. La vie de cet enfant, Chang, adopté et amené au Québec à un très jeune âge, est entourée de mystère. On découvre son parcours tumultueux, parcimonieusement, à travers des lettres qu'il a laissées. Mal à l'aise dans ce nouveau pays, seul et abandonné dans la jungle urbaine, il se remet constamment en question.

La solitude demeure un sujet fondamental pour Guy Parent. "C'est un thème sans solution, sans réponse. On vient au monde seul, on part seul. Qu'est-ce que c'est que cette solitude, à quoi elle rime?" demande-t-il. Dans son oeuvre, il n'est donc pas étonnant qu'on passe du doute à des questions sans réponses. Un éternel questionnement planera tant sur la solitude que sur le destin de Chang.

"La solitude de Chang est universelle et peut nous ressembler", relate quant à lui Louis-François Grenier, sur qui repose la direction de cette lec-TUM. "Ce qui est important, c'est l'ambiance, c'est de se laisser porter par les rêves, les impressions", précise-t-il, lui qui s'est laissé bercer par l'imagination de Chang.

Membre depuis longtemps du TUM, il fait avec L'enfant chinois ses premiers pas dans la mise en scène. En musicien accompli - il rédige une maîtrise sur la musique de scène -, il a été touché par le personnage de Chang, par la sensibilité de l'écriture et surtout par la description des couleurs, des bruits, des odeurs.

La séance du TUM ne répondra donc pas plus définitivement aux questions existentielles soulevées par Guy Parent. Mais les spectateurs auront un autre éclairage sur l'oeuvre, qui incitera peut-être certains à aller découvrir cet auteur prometteur.

Les efforts de Guy Parent, sceptique devant l'idée de vivre au Québec de sa plume d'écrivain, seront alors récompensés; et l'objectif des lec-TUM, marier le théâtre à d'autres genres littéraires, en partie atteint.

Jérôme Delgado
Collaboration spéciale

L'enfant chinois
, de Guy Parent, aux Éditions Québec/Amérique, mis en lecture par Louis-François Grenier le samedi 28 novembre à 19h30 et le dimanche 29 novembre à 14h30 au studio A-6300 du Pavillon J.A.-DeSève (6e étage). Information: 343-6524.



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