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La relance des PUM

Une université de recherche se doit de posséder sa propre maison d'édition.

Antoine Del Busso
et Gérard Boismenu


Nouvelle société sans but lucratif, nouveau partenaire, nouveau plan de développement: les Presses de l'Université de Montréal (PUM) sont en pleine réorganisation. L'objet du remue-ménage est la reprise en main des PUM par l'Université, qui compte en faire un meilleur outil de rayonnement.

Ceci se traduit par la transformation des PUM en société sans but lucratif dont le contrôle appartient à l'Université de Montréal et dont la gestion a été confiée aux Éditions Fides. Cette nouvelle société regroupe maintenant l'édition de volumes, l'édition de revues savantes imprimées et l'édition électronique, trois secteurs qui auparavant relevaient de trois unités.

La nouvelle entente, conclue avec Fides en juillet dernier pour une période de 10 ans, n'est donc pas qu'une simple substitution de gestionnaire, mais répond à un désir de sortir l'édition universitaire de sa torpeur. "Il y a 10 ans, l'enjeu pour l'Université était de limiter les dépenses et d'éviter le gouffre financier vers lequel se dirigeaient les PUM, souligne Antoine Del Busso, directeur général des Presses et de Fides. Cette façon de voir ne suffit plus aujourd'hui. Nous proposons une approche plus dynamique tout en assurant qu'il n'en coûtera pas plus cher à l'Université."

"L'intégration des trois secteurs d'édition va dans ce sens, poursuit le directeur. Le livre, les revues et les publications électroniques s'alimentent au même bassin d'auteurs. Leur regroupement créera une nouvelle synergie permettant aux trois secteurs de se soutenir mutuellement."

Sans négliger la clientèle interne de l'Université, Antoine Del Busso vise une plus large diffusion à l'extérieur du milieu universitaire. "Il faut veiller à ce que nos livres soient en librairie, voir à ce qu'ils soient annoncés dans les journaux à grand tirage et vendus à prix abordable. Un effort sera aussi mis sur l'édition d'ouvrages de vulgarisation et sur la recherche de nouveaux publics en collaboration avec la Faculté de l'éducation permanente."

Le directeur, qui parle d'une véritable renaissance de l'Université dans les livres et les librairies, vise ainsi à faire passer de 20 à 30 le nombre annuel moyen de publications. "D'ici un an et demi, assure-t-il, les PUM devraient réaliser des profits." Profits qui seront nécessairement réinvestis dans la société.

Pour Gérard Boismenu, directeur scientifique des PUM, ces objectifs sont tout à fait réalistes. "Même s'il s'agit d'un marché difficile, ça peut fonctionner, dit-il. Il faut d'abord se réapproprier l'idée que l'Université de Montréal ait sa propre maison d'édition. En tant qu'université de recherche, l'UdeM doit jouer un rôle de promotion et de diffusion du savoir et, pour cela, elle doit posséder un lieu d'édition de haut niveau. Cet aspect a été sous-exploité jusqu'ici, mais un tel outil est tout aussi indispensable qu'une bonne bibliothèque."

Le besoin est d'autant plus grand que les éditeurs délaissent le livre universitaire. "Dans les universités américaines, ajoute M. Del Busso, les presses universitaires jouent un rôle de premier plan dans le rayonnement de l'établissement."

Aux yeux de M. Boismenu, l'expertise de Fides, qui possède son propre service de diffusion, édite déjà des "livres difficiles" et vend surtout dans les librairies, en faisait un partenaire idéal pour réaliser ce plan de relance.

Recours à Internet
D'autres projets de développement sont par ailleurs en cours aux PUM. À partir de janvier, les Presses éditeront sur Internet les thèses de doctorat produites ici, ce qui représente quelque 350 travaux de recherche par année.

Ce projet, élaboré en collaboration avec le Service des bibliothèques, bénéficie d'une subvention du Fonds francophone des inforoutes. L'Université de Lyon II en importera le modèle. "La diffusion du prototype dans d'autres universités fait partie de nos objectifs de relations externes", précise Gérard Boismenu.

De plus, quatre des sept revues éditées par les PUM, soit Géographie physique et Quaternaire, Meta, Sociologie et sociétés et Surfaces, sont disponibles sous format électronique. Les trois autres, Circuit, Criminologie et Études françaises, le seront au cours de l'hiver.

Dans le cadre du projet Érudit, l'expertise développée pour la mise en ligne de ces revues est également offerte aux autres publications qui voudraient en bénéficier, l'objectif étant de créer un bassin de revues électroniques pour notamment alimenter les bibliothèques universitaires.

On peut accéder à ces revues (gratuitement pour une durée limitée) à partir du site Internet des PUM (www.pum.umontreal.ca) ou de celui d'Érudit (www.erudit.org).

D'autre part, un litige continue d'opposer l'ancien éditeur des PUM, Gaëtan Morin éditeur, et l'Université de Montréal. L'objet du litige porte sur la propriété du fonds constitué de quelque 400 titres publiés sous l'ancien contrat.

Daniel Baril



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