À l'Institut national d'études démographiques de Paris, durant les années 1950, le jeune Denis Szabo partage pendant deux mois le bureau d'un étudiant qui, signe distinctif, apparaît plus érudit que lui-même. Il s'agit de Jacques Parizeau. "J'ai retenu son nom parce que je me pensais fort en thème, mais lui, il l'était plus que moi!"
Cette anecdote est relatée dans les mémoires du fondateur de l'École de criminologie de l'Université de Montréal, qui viennent de paraître chez Liber. Présenté sous forme d'entretiens avec le sociologue Marcel Fournier, le livre s'ouvre sur les souvenirs d'enfance de l'éminent professeur d'origine hongroise. Ensuite, les témoignages personnels s'entremêlent au récit des grands événements qui ont marqué l'évolution de la discipline qu'il chérit.
Évidemment, Denis Szabo ne s'efface jamais tout à fait devant la criminologie, au point où son intervieweur est souvent relégué au rang de faire-valoir. Dommage, car M. Fournier est un intellectuel remarquable qui aurait pu apporter une contribution moins modeste. Mais il demeure que le personnage incarne tout un chapitre de cette science interdisciplinaire avant l'heure. En outre, M. Szabo a connu des moments proprement héroïques qui méritent d'être racontés.
Quand il a fui la Hongrie à l'hiver 1949, par exemple. "On avait, à cette époque, une chance sur cinq de s'en sortir, raconte Denis Szabo. Les barbelés étaient déjà sur les quais de la gare et on tirait sans sommation. Si vous étiez arrêté, vous receviez d'office cinq années, prolongées de cinq autres années d'internement administratif. On en aurait eu pour 10 ans. Mais, finalement, la chance nous a souri."
L'intellectuel de 69 ans, professeur émérite depuis sa retraite "officielle" (M. Szabo continue de parcourir le monde à titre de conférencier ou de professeur invité), apparaît comme un pionnier qui a toujours cherché à promouvoir sa discipline dans les milieux tant universitaires que politiques. Dans son bureau, ses murs étaient tapissés de souvenirs de ses rencontres avec les grands de ce monde.
Même si l'on est prévenu du côté hâbleur de M. Szabo, il y a un ton qui choque. Par exemple, son immodestie gêne quand il loue sa "forte indépendance d'esprit" à 15 ans (p. 23). De même, il dépeint sa future terre d'accueil d'une façon qui ferait sourire Voltaire. "Je ne voyais pas ce que j'irais faire dans cette terre de mineurs et de bûcherons", dit-il du Canada.
Puis, au moment de faire le grand saut, il pose le diagnostic "intuitif et rapide" suivant: le Canada français est sans doute "le dernier pays en voie de développement qui [puisse] rattraper, en un temps record, le peloton de tête des pays avancés".
En dépit de ces défauts, l'ouvrage éclairera les gens désireux de connaître les faits marquants de l'histoire d'une école de criminologie originale en Amérique française.
Mathieu-Robert Sauvé
Marcel Fournier, Entretiens avec Denis Szabo,
Fondation et fondements de la criminologie, collection De vive voix,
Montréal, Liber, 234 pages, 24$.
Les activités administratives génèrent des types de documents qui leur sont conventionnellement reliés. L'avènement de l'informatique a modifié la façon de gérer ces documents mais n'en a pas fait disparaître la pertinence. Les organisations doivent toujours produire cette information, peu importe le mode de création et d'échange, et ce, qu'il s'agisse de documents électroniques ou de documents sur support papier.
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Louise Gagnon-Arguin est professeure à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information, où elle enseigne l'archivistique. Hélène Vien est assistante de recherche à cette même école.
Louise Gagnon-Arguin avec la collaboration d'Hélène
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du Québec, 1998, 448 pages.