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Divers


Nouveau programme en sécurité et police

La Commission des études approuve aussi la création d'un certificat en intervention précoce durant la petite enfance.

Les quelque 13 000 policiers et 60 000 agents de sécurité en exercice au Québec seront heureux d'apprendre qu'un tout nouveau programme de baccalauréat spécialisé a été conçu pour leurs besoins en formation continue.

"Ce programme d'études ne permettra pas l'accès à la profession; seul le passage à l'Institut de police de Nicolet permet d'y accéder", a spécifié la vice-doyenne aux études de la Faculté des arts et des sciences, Maryse Rinfret-Raynor, au cours de la présentation du projet à la Commission des études le 20 octobre dernier. Mais, ajoute la porte-parole, ce programme universitaire unique au Québec répondra aux besoins révélés par au moins deux études récentes sur le système policier québécois. Les rapports Corbo et Bellemare concluaient en effet que la scolarité des policiers méritait d'être haussée.

"Nous posons comme postulat que le travail du policier s'est à la fois complexifié et professionnalisé, et que le policier sera de plus en plus confronté à des prises de décisions où s'entremêleront des considérations légales, éthiques, sociales, politiques, culturelles, etc. L'ouverture d'esprit, les capacités d'analyse et de synthèse, le jugement nuancé deviendront alors des atouts indispensables pour la police professionnelle", peut-on lire dans le document de présentation.

Actuellement, à peine 10$ du personnel du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal possède un diplôme universitaire de premier cycle. Mais on sent que la tendance est à la scolarisation accrue puisqu'un programme de recrutement d'enquêteurs de la Sûreté du Québec a fixé le diplôme de deuxième cycle comme exigence minimale d'engagement. Si ce type d'initiative est exceptionnel au Canada, ce n'est pas le cas en France et aux États-Unis, où les candidats policiers doivent avoir fait des études universitaires.

Ce programme, adopté à l'unanimité par la Commission des études, met à profit l'expertise de l'École de criminologie, et plusieurs partenaires sont appelés à y collaborer. Il devrait être implanté en septembre 1999.

Intervention en petite enfance
Cette séance de la Commission des études, première de l'année universitaire - et première de sa nouvelle présidente, Claire McNicoll, vice-rectrice à l'enseignement de premier cycle et à la formation continue -, s'est poursuivie avec la présentation du certificat Petite enfance et famille: intervention précoce.

Le doyen de la Faculté de l'éducation permanente (FEP), Robert Leroux, a signalé que ce certificat, le premier créé depuis plus de deux ans par sa faculté, s'inscrivait dans un contexte très prometteur. Il y a quelques semaines, les Québécois ont assisté à l'instauration d'un ministère de la Petite Enfance et de la Famille. Cela n'a fait que confirmer l'intérêt que la FEP avait cru percevoir en élaborant son nouveau programme. De plus, l'absence (ou presque) de concurrence entre les universités québécoises dans ce champ d'études et la large clientèle potentielle font que ce programme est voué à un bel avenir.

La Commission des études a approuvé le projet à l'unanimité.

Les projets suivants, présentés par la Faculté des études supérieures, ont par ailleurs reçu l'aval de la Commission des études:

Mathieu-Robert Sauvé


 

TÉMOIGNAGE

Adrien Pinard, professeur émérite

14 février 1916 - 3 septembre 1998

Neuf mois après le décès du père Noël Mailloux, fondateur de l'Institut de psychologie de l'Université de Montréal, voici qu'Adrien Pinard nous quitte. Il aura été l'un des grands architectes de la psychologie génétique au Canada.

Jeune professeur au très jeune Institut de psychologie, il élabore de 1944 à 1954 des instruments psychométriques conçus pour la population canadienne de langue française. Ces instruments, qui sont aujourd'hui encore largement utilisés, sont inspirés d'une théorie américaine de l'intelligence que M. Pinard juge loin d'être satisfaisante. En 1954, au Congrès de psychologie scientifique, qui se tient pour la première fois à Montréal, il fait la connaissance de l'épistémologue suisse Jean Piaget. La théorie de l'intelligence de Jean Piaget est celle d'un génie et M. Pinard la reconnaît comme telle.

De sa collaboration continue avec le "patron" naît une série de recherches innovatrices qui couvrent plus d'un quart de siècle (1954-1970). Ces recherches (dont nombre d'entre elles ont été traduites en anglais, en italien et en espagnol) sont loin de constituer un simple prolongement des multiples études de l'école de Genève: plusieurs sont une remise en question et un dépassement des travaux de Piaget. Graduellement, le laboratoire d'épistémologie et de psychologie cognitive que dirigea Adrien Pinard durant plusieurs années (il fut aussi directeur du Département de psychologie de 1957 à 1963) devient une plaque tournante par l'intermédiaire de laquelle la théorie piagétienne, rejetée initialement parce que trop philosophique, pénètre en Amérique du Nord. C'est à ce "petit Genève", comme aimait l'appeler Piaget, qu'ont été formés la plupart des professeurs-chercheurs piagétiens qu'on rencontre aujourd'hui dans les universités canadiennes. À partir des années 1980, M. Pinard entreprend de nouvelles études portant sur la métacognition, c'est-à-dire la prise de conscience par l'individu de son propre cognitif. Ces études qu'il a menées jusqu'à sa mort ont été poursuivies à l'Université du Québec à Montréal.

Adrien Pinard, en effet, fut nommé professeur émérite de l'Université de Montréal en 1981. À l'époque, la loi 15 n'était pas encore en vigueur et les autorités jugèrent (malgré l'avis unanime des collègues du Département de psychologie) qu'il était temps pour notre éminent collègue de prendre sa retraite puisqu'il avait atteint 65 ans. Quelle illusion! Les universités d'Ottawa et du Québec à Montréal ne furent que trop heureuses d'ouvrir leurs portes à ce grand universitaire, si bien que c'est en tant que professeur à l'UQAM que M. Pinard publia en 1981, aux Presses de l'Université de Chicago, The Conservation of Conversation. C'est un ouvrage de synthèse remarquable qui va au-delà du niveau descriptif et qui fait appel à l'intervention combinée des expériences physiques et logiques auxquelles procèdent les enfants. C'est en tant que professeur de l'UQAM que M. Pinard reçut en 1983 le prix Marcel-Vincent de l'ACFAS, en 1986 le prix du Québec Léon-Gérin et qu'il fut admis la même année à la Société royale du Canada.

Comme peuvent en témoigner des générations d'étudiants et d'étudiantes (dont je fus), Adrien Pinard a été un professeur et un chercheur extrêmement exigeant: sa vive intelligence s'accompagnait d'un esprit critique aigu qui, à l'occasion, pouvait aller jusqu'au sarcasme. Mais avec ceux qu'il aimait, il pouvait être d'une grande délicatesse et, un peu comme le homard (qu'on me pardonne cette analogie affectueuse) dont les pinces redoutables peuvent blesser, il lui arrivait aussi de quitter sa carapace, apparaissant alors étonnamment tendre et vulnérable.

La carrière de ce professeur émérite couvre près d'un demi-siècle et fut extrêmement fructueuse dans nombre de domaines, car il faut rappeler que cette carrière ne fut pas celle d'un chercheur qui s'isole dans son laboratoire: Adrien Pinard fut le principal fondateur de l'ancienne Corporation professionnelle des psychologues du Québec et président de la Société canadienne de psychologie. Son nom est désormais indissolublement lié à l'histoire de la psychologie en Amérique du Nord, à la fois comme discipline scientifique et comme profession. Pax, Adrien.

Thérèse Gouin-Décarie
Professeure émérite
Département de psychologie



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