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Un passionné du dessin d'animation au SAC

Jean-Pierre Trépanier

Rue Rachel, le nid de Jean-Pierre Trépanier fourmille d'artistes comme lui, passionnés par leur métier. L'atelier ne porte aucune enseigne. Anonyme, à son image.

Artiste - "artisan, ça fait moins prétentieux" -, travaillant dans l'ombre depuis des lustres, Jean-Pierre Trépanier n'est pas malheureux pour autant. Il fait tout de même un grand pas en acceptant d'enseigner au Service des activités culturelles (SAC).

Sculpteur, graveur, dessinateur, diplômé de l'UQAM en arts plastiques, Jean-Pierre Trépanier est un vrai touche-à-tout depuis sa première exposition de dessins à la mine de plomb en 1967. Ces nombreux talents l'ont amené à donner "Dessin d'animation" et "Film d'animation", deux nouveaux ateliers du SAC.

Même s'il s'agit de son baptême de l'enseignement, l'artisan se sent à l'aise. Loin de vouloir trop se valoriser, il aime mieux s'enflammer pour parler de son art, voyant un bon signe dans le fait de se retrouver à l'Université de Montréal. "Ça prouve que l'animation est florissante", soutient-il humblement.

Passionné de dessin, il a abouti à l'animation un peu comme tous ses illustres prédécesseurs, tel le grand Norman McLaren à qui il se réfère constamment. "Je rêvais de voir bouger mes dessins", dit-il.

Dans les années 1980, ses courts métrages ont été sélectionnés dans quelques festivals, tel Transfert, un film de cinq minutes réalisé en 1986 et projeté à New York, Budapest, Rouyn-Noranda, Espino (Portugal) et Annecy (France).

L'animation par le "flip-book"
Mais depuis, il a laissé de côté le cinéma d'animation, très exigeant en temps et en argent, et s'est consacré à la production de "flip-books", ces petits livres illustrés qui, feuilletés rapidement, donnent l'illusion d'une suite narrative.

Plus qu'une passion - il en collectionne -, il a longtemps fait du flip-book son principal mode d'expression: Coup de foudre (1987), Oui-Non (1988), pour lequel il a obtenu une bourse du ministère des Affaires culturelles, Bienvenue (1989), Le photographe (1992) n'en sont que quelques exemples.

Naturellement, il est devenu un ardent défenseur de cet art méconnu. "Une histoire peut être racontée dans un simple flip-book. Et il coûte moins cher que le film", soutient-il, n'hésitant pas à rappeler que "l'animation est arrivée avant le cinéma".

Il n'est donc pas étonnant que le flip-book serve de préparation au film, un peu comme le fait le "story-board". "Le flip-book reste un bon test pour apprendre les principes de l'animation: l'accélération, la déformation dans le mouvement, l'étirement au contact."

Le dessin avant le film
Le flip-book est donc l'élément central de l'atelier "Dessin d'animation", premier volet de la formation donnée par Jean-Pierre Trépanier au SAC. Il insiste sur le fait qu'"il faut initier les gens pour qu'ils sachent s'ils sont vraiment désireux d'aller jusqu'au film d'animation".

Dans le deuxième volet, "Film d'animation", donné seulement pendant l'hiver, les gens auront à imaginer une histoire dont le début et la fin seront proposés par le professeur, pour qui "l'exercice s'inspire du cadavre exquis littéraire". Jean-Pierre Trépanier n'abordera pas l'aspect technique (le dessin sur papier repris sur pellicule), laissant à des techniciens le soin de donner vie aux films.

Premier pas dans l'animation, le flip-book comprend tous les défis que représente un film animé. Mais attention: un bon flip-book, très concis, ne fait pas un bon film d'animation. "La différence entre eux se calcule en temps, le film d'animation exigeant un plus grand décalage entre chaque dessin", soutient-il.

Entre les deux, y en a-t-il un plus limité, moins propice à l'abstraction? Jean-Pierre Trépanier aime mieux parler de "l'imagination comme seule limite", lui qui vénère Norman McLaren pour avoir poussé le dessin animé jusqu'à l'abstraction la plus totale. "Le film doit avoir une structure et être bien articulé. Le flip-book, lui, ne repose pas sur une structure narrative aussi rigide."

Le dessin animé, peu diffusé
Quoi qu'il en soit, pour travailler sur un flip-book ou un film d'animation, les gens doivent être plus que patients: le dessin animé, en dehors des festivals internationaux et des endroits comme la Cinémathèque québécoise, demeure un art peu diffusé.

"Quand le dessin animé arrive à passer à la télévision, c'est pour du remplissage." Même un canal spécialisé comme Télétoon, que Jean-Pierre Trépanier considère comme du "dessin pour enfants", le déçoit. "Ce sont des films composés de 4 à 6 dessins par seconde", constate-t-il, alors que lui en fait 12.

Pour développer le dessin animé, "ça prend du monde convaincu!" lance-t-il. Convaincu, Jean-Pierre Trépanier l'est et il veut participer à ce qu'il croit être un nouvel engouement pour le dessin animé. "Partout, le dessin animé marque des points, mais il n'a pas encore atteint son âge d'or", croit-il, voyant une avenue radieuse dans l'industrie du vidéoclip et dans le développement des nouvelles technologies.

Convaincre ses étudiants, le professeur Jean-Pierre Trépanier n'aura sûrement pas de mal à le faire. Et ses nouvelles tâches lui donneront peut-être le goût de produire de nouveaux flip-books et films. Car, pour l'instant, l'artisan se consacre à sa nouvelle passion, donnée aussi sous forme d'atelier au SAC: la sculpture en sacs de papier. Mais ça, c'est une autre histoire...

Jérôme Delgado
Collaboration spéciale

"Dessin d'animation", les samedi et dimanche 8 et 9 novembre (donné également en février), et "Film d'animation", offert en mars, au Service des activités culturelles, 343-6524.


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