Les PUM, chef de file en édition électronique au Canada |
Cinq revues savantes passeront à l'édition électronique grâce au projet Érudit des Presses de l'Université de Montréal. |
Gérard Boismenu |
Les Presses de l'Université de Montréal (PUM) sont engagées dans un projet novateur qui permettra aux revues savantes de prendre le virage de l'édition électronique.
Certaines revues savantes ont déjà des éditions électroniques mais, dans la plupart des cas, il ne s'agit que d'un sous-produit de la version imprimée convertie en format HTML. Les PUM veulent faire plus et mieux.
"Nous croyons que le modèle de la revue savante doit être pensé et construit en fonction des possibilités et des caractéristiques de l'édition électronique, soutient Gérard Boismenu, directeur des PUM. Nous voulons amener les revues bien établies à se convertir à l'électronique et à introduire cette dimension dès le début du processus de production; dans cette optique, c'est la version papier qui devient un sous-produit de l'édition électronique."
Le directeur des PUM est convaincu que l'avenir de l'édition savante est dans cette direction, même si les formats imprimés et électroniques continueront de coexister pour un temps indéfini.
Comme le passage à l'édition électronique constitue une véritable révolution culturelle, les PUM ont d'abord mené un projet pilote à partir de deux revues qu'elles éditent déjà, soit Surface et Géographie physique et quaternaire.
"Nous avons conçu un modèle à l'échelle de l'éditeur plutôt que pour une seule revue et nous avons mis en place une chaîne de traitement pour tester toutes les étapes de l'édition et de la diffusion, explique le directeur. Nous sommes convaincus que notre modèle, fonctionnel et original, permet d'exploiter au maximum le potentiel de l'électronique afin de répondre le mieux possible aux besoins d'une revue de qualité."
Le modèle repose sur le format SGML (standard generalized markup language), qui est la norme d'encodage adoptée par l'Organisation internationale de normalisation (ISO) et d'où est tiré le format HTML utilisé sur Internet. Contrairement aux logiciels propriétaires comme Windows ou Word, qui sont soumis aux lois du marché, le système SGML évolue par agrégation, c'est-à-dire que les mises à jour viennent se greffer sur une base qui n'est jamais périmée.
"Un tel système ne nécessite pas de modifier les pratiques déjà en place et assure une grande stabilité pour l'avenir en permettant de conserver l'accessibilité aux documents sur plusieurs décennies", fait remarquer Gérard Boismenu.
Le système SGML permet la conversion d'un document en format cédérom, en version imprimée ou en hypertexte, en plus de supporter des images tridimensionnelles en mouvement ou des fichiers sonores; il rend possible l'ajout de fichiers personnels à l'intérieur d'un texte sans modifier le document d'origine, l'utilisation de moteurs de recherche, la production de tableaux complexes, l'emploi de plusieurs langues, bref tout ce qu'il faut pour répondre aux exigences élevées des revues savantes.
Forts de cette expertise, les responsables des PUM ont présenté un projet au fonds FCAR afin de créer un centre d'excellence en édition de revues savantes électroniques destiné aux revues subventionnées par le fonds.
C'est ainsi qu'est né en août dernier le projet Érudit, pour "Édition de revues universitaires et diffusion sur inforoute". Bénéficiant d'une subvention de 100,000$ du fonds FCAR, le projet est en phase de réalisation avec la mise sur pied d'un comité consultatif chargé de superviser la mise en place de ce qui sera le Centre de services Érudit.
Déjà cinq revues savantes ont été sélectionnées par voie de concours et bénéficieront des premiers services, soit la mise en ligne dans les prochains mois ainsi que la production des prêts à imprimer. Ce sont les revues Géographie physique et quaternaire (PUM), Meta (PUM), Relations industrielles (Laval), Loisir et société (UQTR) et Histoire de l'Amérique française (IHAF).
"Le centre Érudit se veut une structure ouverte à toutes les revues savantes quel que soit l'éditeur, précise M. Boismenu. Cette première sélection - représentative du paysage avec quatre revues éditées par trois universités et la cinquième éditée par une association professionnelle - servira d'exemple. Aucune revue ne pourrait de façon isolée s'offrir un tel service de ressources humaines et techniques; en opérant en partenariat, le centre jouera un rôle de leader qui sera bénéfique à l'ensemble de la communauté savante."
La première revue devrait être en ligne au début mai. Le premier numéro de chaque revue sera accessible pour consultation gratuite; par la suite, un abonnement électronique ou imprimé donnera droit à un code permettant de télécharger les logiciels nécessaires au visionnement en format SGML.
Gérard Boismenu est ainsi convaincu que la qualité des éditions en préparation et le caractère novateur du projet Érudit contribueront à l'institutionnalisation de l'édition savante électronique au Québec et au Canada et même à la création d'un nouveau modèle pour la revue savante.
Daniel Baril