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Cours Montréal-Miami par vidéoconférence

Un muséologue américain présent au cours... sans quitter la Floride.

Les uns sont venus au cours vêtus d'épais manteaux et chaussés de bottes d'hiver; les autres portaient la chemise à manches courtes et le bermuda. C'est que la rencontre entre David Tesseo et les étudiants du cours "Musées et nouvelles technologies" avait lieu simultanément en Floride et à Montréal grâce à la téléconférence.

Le Miami Museum of Science, dont s'occupe M. Tesseo, a reçu une subvention de 200 millions de dollars pour le Science Center of America. Le projet s'appuie sur le Science Learning Museum, qui vise à intégrer à la pédagogie les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Durant les étapes préliminaires du projet, il est apparu que les professeurs qui en avaient la possibilité utilisaient à bon escient les NTIC. Plus de 85 % des professeurs avaient en effet changé leur approche pédagogique. "Les professeurs réagissent bien, a dit M. Tesseo en réponse à une question de Montréal. Ils apprécient cette nouvelle façon de présenter les musées."

Ce gigantesque projet, qui fait converger les intérêts des musées, des écoles et des centres de formation continue, intéressait au plus haut point les étudiants à la maîtrise en muséologie. Mais son responsable n'aurait pas pu se déplacer jusqu'à Montréal pour participer à ce cours. L'école est en quelque sorte venue à lui. Il n'a eu qu'à se présenter à une salle de vidéoconférences accompagné d'une étudiante de l'Université de Montréal, Marie Desmarteaux. L'échange a eu lieu entre ces derniers et la dizaine d'étudiants dans la salle située à l'École Polytechnique, qui la gère conjointement avec la Faculté de l'éducation permanente.

Un étudiant a demandé si le projet de M. Tesseo s'inscrivait dans la tendance américaine à l'"edutainment", sorte de point de rencontre entre le divertissement et l'apprentissage. Selon l'Américain, il s'agit plutôt de pédagogie.

La technologie qui s'oublie

"Les étudiants en viennent assez facilement à oublier la technologie et à se concentrer sur le contenu. Particulièrement ce matin", confiait à Forum la responsable de ce cours, Louise Marchand, professeure au Département de psychopédagogie et d'andragogie de la Faculté des sciences de l'éducation.

Quand la communication a été terminée, les étudiants semblaient satisfaits de cette séance internationale. "C'est moins compliqué que je ne l'imaginais", a dit une étudiante. "On n'a pas le même stress que devant une caméra de télévision", a déclaré un autre.

La salle de vidéoconférences FEP-Polytechnique est l'une des plus spacieuses de la région de Montréal. Pourvue de deux caméras de petite dimension, chaque personne qui prend place à l'un des 40 postes peut poser une question après avoir appuyé sur un bouton. La caméra zoome alors sur son visage et un micro est ouvert. Les interlocuteurs peuvent ainsi se voir, peu importe la distance qui les sépare.

Un cours par vidéoconférence: plus exigeant

Pour Mme Marchand, cette expérience n'était pas la première du genre. En 1995-1996, elle avait utilisé la même salle pour un cours de 45 heures, "Les changements de comportement chez l'adulte en situation d'apprentissage". Ce cours était donné à des étudiants de l'Université laurentienne et du collège Boréal, en Ontario. En dépit de problèmes techniques non négligeables, Mme Marchand avait trouvé l'expérience prometteuse.

"Je vous mentirais si je disais qu'il n'y a pas de pépins quand on fait du télé-enseignement. Il faut toujours avoir un plan B dans sa manche. C'est pourquoi préparer un cours en vidéoconférence représente environ trois fois plus de travail que pour un cours traditionnel."

Des pépins? Pas durant la communication Miami-Montréal, si l'on fait abstraction de l'image syncopée et de la mauvaise transmission des documents écrits. Ces inconvénients n'étaient pas dus à une technologie défaillante mais à des choix budgétaires: la meilleure qualité de transmission passe par six lignes téléphoniques alors qu'ici on ne disposait que de trois lignes.

Autre inconvénient, la technicienne a dû effectuer plusieurs tests avant la rencontre de façon à éviter les ennuis techniques, ce qui a requis du temps et de la main-d'oeuvre. Et ça coûte plus cher. Le cours donné avec l'Ontario a coûté plus de 6000 $ et la seule séance Montréal-Miami, plus de 130 $.

Louise Marchand se défend d'être une spécialiste des NTIC. "Je ne suis pas plus habile qu'un autre avec les boutons et les appareils électroniques", dit-elle. Mais l'utilisation de ces outils lui semble essentielle pour atteindre des objectifs inaccessibles autrement. "Pour joindre les francophones hors Québec, notamment, je crois que les universités québécoises pourraient jouer un rôle extraordinaire."

Selon Mme Marchand, les NTIC sont un peu comme les répondeurs d'autrefois. Combien d'amis et de parents détestaient laisser des messages! Ils s'y sont habitués.

Aujourd'hui, les moyens de compléter les cours magistraux ne manquent pas. Mais pour le courriel, la messagerie vocale, le télé-enseignement et le télécopieur, Mme Marchand a dû imposer des règles strictes afin d'éviter d'être envahie. "Le courrier électronique, explique-t-elle, c'est pour le contenu de travaux ou de cours; les rendez-vous se fixent par téléphone; et les plans de travail, c'est par le télécopieur qu'on me les transmet. De cette façon, ça marche bien."

Mathieu-Robert Sauvé


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