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Discrimination positive

Plutôt des programmes d'accès à l'égalité

Permettez-moi de réagir à l'article intitulé "La discrimination positive ne fait pas l'unanimité" paru dans Forum le 9 mars dernier.

D'entrée de jeu, l'expression "discrimination positive" est une traduction pour le moins insidieuse des programmes américains connus sous le nom affirmative action. Au Québec, nous les appelons "programmes d'accès à l'égalité" et dans certains milieux on utilise une traduction plus littérale, soit "programmes d'action positive". Les personnes qui s'opposent à ces programmes les appellent à tort "discrimination positive". Leur opposition repose d'ailleurs sur des fausses prémisses: la compétence et le mérite sont mis au rancart pour atteindre des quotas coûte que coûte!

La réalité est tout autre. Les programmes d'accès à l'égalité existent pour mettre fin à la discrimination systémique et non pour lui superposer une autre discrimination...

Les programmes sont des outils qui permettent aux employeurs de recruter et de maintenir en emploi des personnes qualifiées et expérimentées tout en se préoccupant d'atteindre à la fois l'égalité entre les sexes et une représentation proportionnelle des minorités qui forment la société d'aujourd'hui.

Il est faux de croire que le temps, la nature ou que sais-je viendront à bout des situations inéquitables, injustes ou insatisfaisantes. Quand une entreprise veut changer une orientation (composition de la main-d'oeuvre, ventes, profits, mission, etc.), seules les approches interventionnistes peuvent donner des résultats. Et, comme le dit à juste titre M. Weinstock dans l'article paru dans Forum, il n'y a pas que le mérite qui intervient dans la sélection d'une candidature. Il y a d'abord le mérite, mais quand, à la fin du processus de sélection, un comité se retrouve devant deux ou trois candidats compétents, d'autres considérations sont prises en compte pour faire un choix définitif: ancienneté, sexe, race, langue, affinités, personnalité et le "pif" ou l'intuition.

Quel est l'employeur qui, délibérément, engagerait quelqu'un d'incompétent? Ce n'est pas parce qu'on se préoccupe d'égalité qu'on cesse de se préoccuper d'efficacité, de rendement et d'excellence.

En fait, je crois que les employeurs engagent moins de personnes non qualifiées, pour un poste donné, depuis l'introduction des programmes d'accès à l'égalité. Pourquoi? Parce que ces outils de planification des ressources humaines ont permis de raffiner les méthodes de sélection, d'éliminer beaucoup de biais et de prendre conscience des nombreux éléments qui interviennent dans une prise de décision à caractère humain.

Je ne suis pas en train de dire que la situation est parfaite et qu'il n'y a pas encore parfois d'erreur sur la personne..., mais ce n'est surtout pas à cause des programmes d'accès à l'égalité!

Gisèle Picard, coordonnatrice,
Programmes d'accès à l'égalité


Discrimination positive

M. Weinstock précise sa position

J'ai été quelque peu étonné par le compte rendu, publié dans Forum le 9 mars dernier, du débat autour de la question de la discrimination positive qui a eu lieu le 25 février dernier dans le cadre du Mois de l'histoire des Noirs. Votre collaborateur, M. Daniel Baril, m'attribue des positions et des arguments dans lesquels je ne me retrouve que de manière très approximative. Permettez-moi donc de présenter le rectificatif suivant.

1) M. Baril me prête l'affirmation selon laquelle "[...] il n'est pas odieux de contrecarrer les mécanismes de recrutement si la situation observée n'est pas représentative de ce qu'on trouve dans la population". La citation laisse entendre que j'estime que le simple manque de représentativité d'un établissement ou d'un programme d'études par rapport à ce qu'on retrouve dans la population devrait suffire pour justifier des mesures de discrimination positive. Je n'ai jamais défendu cette position. Au contraire, j'estime que les mesures de discrimination positive ne devraient pas chercher à rétablir la représentativité comme une fin en soi. Elles devraient plus modestement viser à faire en sorte que le manque de représentativité ne soit le résultat que des libres choix des individus et non de la discrimination intentionnelle ou systémique. La distinction est importante.

2) Dans la deuxième citation qui m'a été directement attribuée, l'auteur me fait dire que j'estime que le principe méritocratique est en quelque sorte facultatif et qu'on peut tout aussi bien lui substituer dans le recrutement le type de facteurs (sexe, race) sur lesquels les programmes de discrimination positive ont tendance à mettre l'accent. Encore une fois, je n'ai jamais défendu cette position. Même s'il est vrai que j'estime qu'aucun individu ne possède le droit d'être évalué en fonction de tel plutôt que de tel autre critère, j'estime que la société a un intérêt fondamental à ce que le mérite soit utilisé comme principal critère dans le recrutement. Seulement, il arrive souvent que le seul critère du mérite ne soit pas suffisant pour trancher entre plusieurs candidatures excellentes. C'est dans ce cas, et dans ce cas seulement, que j'estime que le sexe ou la race peuvent être invoqués pour faire pencher la balance.

La position que je défends sur la discrimination positive, quoique plus positive que celles qui ont été défendues par mes collègues à ce débat, est donc beaucoup plus modérée que celle qui m'a été attribuée dans Forum.

Daniel M. Weinstock, professeur,
Département de philosophie


L'UdeM envahie par la publicité et les "marchands du Temple"

Notre article est un plaidoyer pour débarrasser l'Université de deux de ses fléaux les plus criants: la publicité commerciale et la vente dans des stands. Cette situation ne peut être admise dans un établissement voué à la recherche et à l'enseignement. Nous considérons donc l'invasion de l'espace public de l'Université par la publicité et les vendeurs de tout acabit comme un mal que nous devons dénoncer et combattre.

Depuis quelques mois, les espaces communs de notre établissement ont littéralement été pris d'assaut par de nombreux panneaux publicitaires. Nous pouvons les apercevoir dans les endroits "stratégiques" que sont les couloirs, les escaliers ou les toilettes. Ces affiches, qui de toute évidence s'adressent en priorité aux étudiants, ont la singulière indécence de véhiculer un discours insipide avec un support d'images et de couleurs inesthétiques. Du coup, c'est l'image même de l'Université qui s'en trouve ternie, au sens propre comme au sens figuré.

L'apparition de la publicité commerciale dans notre établissement remonte au moment où les premières affiches virent timidement le jour dans les toilettes. Cette première étape de la conquête publicitaire s'est déroulée dans une relative indifférence. L'administration a bien retenu les leçons d'une telle situation: en l'absence d'une contestation solide, rien ne s'opposait à ce qu'elle se décide à faire poser de nouveaux panneaux en d'autres lieux. Le résultat de cette politique menée, semble-t-il, de façon méthodique est l'invasion insidieuse de l'Université par des réclames dont le seul but est d'inciter la communauté à consommer les produits qu'elles vantent.

Notre dénonciation de la politique mercantiliste de l'administration porte également sur la présence des stands de vente, qui proposent aux passants, notamment à la clientèle étudiante, toute une gamme de produits: cartes de crédit, bijoux, vêtements, affiches, etc. Nous estimons que les "marchands du Temple" n'ont pas plus leur place dans un établissement d'enseignement et de recherche que la publicité commerciale.

Il n'est pas possible d'échapper aux griffes de la publicité. Elle nous guette et nous agresse partout: dans la rue, les transports en commun, les médias et même l'inforoute. L'université doit à plus forte raison demeurer un "havre" qui puisse mettre ses membres à l'abri de toute forme de sollicitation commerciale. Sa vocation première est de mettre en valeur les facultés intellectuelles en favorisant le développement d'un esprit critique autonome, ce qui va tout à fait à l'encontre des messages racoleurs et abrutissants qu'exposent de manière licencieuse les compagnies de bière, de cosmétiques, d'automobiles, de vêtements ou de sous-vêtements. Si nous considérons la présence de la publicité et de vendeurs dans les écoles, collèges, hôpitaux ou immeubles gouvernementaux comme inacceptable, rien ne doit, dès lors, justifier la situation que nous rencontrons dans notre établissement. Cet état de fait serait par ailleurs inadmissible dans toute autre université, s'il se présentait. Or, il semble que l'administration de l'Université de Montréal soit la seule, dans notre ville, à essayer d'implanter de telles pratiques mercantilistes.

Nous joignons nos voix à celles de MM. Othmar Keel et Michel Munger qui, dans leurs articles publiés dans des numéros récents de Forum et du Sablier (le journal des étudiants d'Histoire), dénoncent vigoureusement l'invasion des espaces communs de notre université par la publicité et la vente dans les stands. De plus, nous approuvons sans réserve la lettre de M. Claude Morin (directeur du Département d'histoire) adressée au recteur René Simard, qui commente une résolution votée par l'assemblée départementale le 19 novembre dernier désapprouvant la politique de l'administration en matière de publicité.

Nous déplorons que les instances administratives aient pris la décision d'inaugurer ces pratiques sans en avoir informé la communauté universitaire. En outre, nous leur reprochons de manquer de transparence à ce sujet. Enfin, nous croyons qu'il est légitime de demander à l'administration des explications tout en exigeant le retrait immédiat des affiches publicitaires et des stands de vente. Les valeurs de l'université sont-elles compatibles avec celles de la publicité et du mercantilisme? À qui profite la publicité que nous voyons sur le campus? Des intérêts purement financiers l'emporteraient-ils sur toutes les autres considérations? Bref, les administrateurs de l'Université seraient-ils, comme l'écrit Othmar Keel, vendus à l'idée de "participer à la 'mcdonalisation' des activités humaines"?

Philippe Hudon, étudiant au doctorat,
et 18 étudiants du Département d'histoirecosignataires


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