[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]


Fondation canadienne pour l'innovation: un an et une chicane plus tard

L'UdeM vise 200 millions de dollars, mais les demandes devront d'abord passer par Québec.

Annoncée lors du budget fédéral de 1997, la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) est maintenant sur pied, prête à accueillir les projets des universités. Dotée d'un budget initial de 800 millions de dollars - gonflé à 2,5 milliards avec les intérêts -, cette fondation a pour objectif de financer des projets de développement d'infrastructures de recherche dans les universités et les hôpitaux.

"Le gouvernement a créé ce programme dans un contexte où l'on manquait de fonds pour maintenir et accroître les infrastructures tout en reconnaissant que la recherche universitaire a des retombées économiques importantes pour la société", rappelle Maurice St-Jacques, vice-recteur à la recherche.

Tout projet pouvant contribuer à l'innovation technologique dans les domaines du génie, de la santé, des sciences ou de l'environnement est admissible, à l'exclusion des projets de recherche eux-mêmes. Pour le vice-recteur, un tel programme est fort apprécié puisqu'il est devenu très difficile de trouver du financement pour les infrastructures et que l'équipement de pointe devient rapidement désuet.

Financement et politique

Le programme est par ailleurs fondé sur le partenariat, ce qui veut dire que la FCI financera jusqu'à 40 % des coûts d'un projet retenu à la condition que le demandeur soit en mesure de fournir ou d'aller chercher l'autre partie du financement, soit 60 %.

"Il est apparu irréaliste que les universités puissent aller chercher une telle contribution uniquement chez les partenaires extérieurs. Nous avons réussi à obtenir la participation du gouvernement du Québec, qui a créé sa propre fondation et qui contribuera pour un maximum de 40 % du financement des projets. C'est là que le point de vue politique a pris le dessus. Engagé au même titre que le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec a demandé un droit de regard sur les projets. C'est un point de vue légitime", reconnaît le vice-recteur.

Le résultat, c'est une procédure qui, pour l'instant, apparaît extrêmement lourde. Les projets devront être acheminés au comité directeur du ministère de l'Éducation, qui sollicitera, selon le cas, l'avis du comité scientifique du Fonds pour la formation des chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR) ou du Fonds pour la recherche en santé du Québec (FRSQ) avant de faire ses recommandations à la ministre de l'Éducation, qui, après examen par un comité interministériel, soumettra la liste des projets retenus au Conseil des ministres avant que le tout soit retourné à la Fondation canadienne, qui procédera à sa propre évaluation!

La mécanique réduit de un mois le temps de préparation des projets pour les universités québécoises, comparativement au temps dont disposent les autres universités canadiennes. Par exemple, la date d'échéance pour la présentation de projets dans le volet du programme consacré au Fonds de la relève est le 1er mai 1998. Mais les universités québécoises doivent avoir complété leurs demandes dans ce secteur pour le 1er avril afin que le tout suive son cours.

"Une façon d'alléger la procédure serait qu'un observateur de la Fondation canadienne siège aux comités scientifiques québécois afin d'éviter que des évaluations redondantes ne bouffent du temps, signale M. St-Jacques. Nous voulons aussi un guichet unique et des dates identiques pour les projets s'adressant à l'un ou l'autre des deux comités scientifiques." Des propositions qui, pour l'instant, sont encore à l'étude.

Objectif: 200 millions

À l'Université de Montréal, on n'a pas attendu que ces différends se règlent avant de passer à l'action. Dès l'été dernier, deux comités de coordination - l'un en santé et l'autre multifacultaire - ont été formés afin de définir les besoins et de préparer les demandes. Même si plusieurs projets sont encore embryonnaires, certains sont en voie d'être présentés.

Il est question entre autres de la rénovation du cinquième étage du Pavillon principal, d'améliorations à l'Observatoire du mont Mégantic, de la mise en réseau des bibliothèques de la santé, d'un centre de recherche à l'hôpital Sainte-Justine, d'un système de calcul numérique intensif.

L'objectif de l'Université est d'aller chercher 200 millions de dollars de financement, incluant la part de la FCI, celle du Québec et celle des partenaires privés.

"Mais il ne suffit pas de montrer que nous avons un besoin précis. Dans un contexte de concurrence interuniversitaire, il faut aussi démontrer la pertinence de l'infrastructure à élaborer, la qualité des chercheurs qui en bénéficieront, l'importance des retombées économiques pour le Canada, l'utilité du projet pour la formation de la relève et sa continuité avec les objectifs de l'Université", fait valoir Maurice St-Jacques.

Dans le milieu universitaire, on a parfois vu d'un mauvais oeil ces investissements dans la quincaillerie pendant que des projets de recherche demeurent sur papier faute de financement et qu'on réduit les postes de professeurs et de chercheurs.

"Cela ne répond peut-être pas au besoin le plus criant, reconnaît Maurice St-Jacques. Nous continuons d'avoir besoin d'un input plus important dans le financement de la recherche et notre point de référence doit demeurer les universités de recherche nord-américaines. L'écart qui nous sépare de ces universités a augmenté avec les récentes compressions."

Il ajoute toutefois que le budget fédéral de cette année a prévu une augmentation de 405 millions de dollars, répartie sur trois ans, dans le financement des trois grands conseils subventionnaires. "Pour chacun de ces conseils, cela représente une augmentation allant de 30 % à 40 %", estime-t-il.

Maurice St-Jacques nourrit par ailleurs quelques espoirs quant à la consultation que vient de lancer la ministre Pauline Marois en vue de préparer une politique gouvernementale sur les universités. "Il y a une porte qui s'ouvre et il faudra faire le travail qui s'impose pour démontrer la nécessité de redresser le financement universitaire."

Le travail est déjà en cours et la ministre de l'Éducation avait annoncé qu'elle serait de passage à l'Université de Montréal le mois prochain pour préparer cette consultation. Aux dernières nouvelles, on apprenait toutefois que la tournée des régions qui devait débuter ce printemps était reportée à l'automne, un décalage manifestement lié à la tenue de la prochaine élection.

Daniel Baril


[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]