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Vient de paraître


Dire fête ses six ans avec un excellent numéro

La revue permet aussi à des étudiants isolés de rester en contact.

Aussi bien le dire tout de suite: Dire, la revue des cycles supérieurs de l'Université de Montréal, a trouvé son style, son créneau et son ton à sa sixième année d'existence. Le numéro courant (vendu 3$ dans les librairies de l'UdeM) offre un excellent panorama des travaux étudiants avec un net parti pris pour l'accessibilité des textes. Ainsi, les auteurs peuvent aborder l'astrophysique, le principe de "mise en abîme" en littérature, la chute du IIIe Reich ou la génétique; chaque fois, les présentations sont claires et compréhensibles pour les profanes. Quant au graphisme et à l'iconographie, ils sont soignés et agréables. Défi relevé.

Financée par le Fonds d'investissement des cycles supérieurs de l'UdeM (FICSUM), la revue paraît trois fois l'an et a pour mission de faire connaître les travaux d'étudiants à un public plus large que celui des mémoires et des thèses. C'est, selon les éditeurs, la seule revue dans son genre. "Cela permet aux étudiants, du même coup, de publier. Vous savez, les premières publications sont toujours difficiles et plusieurs étudiants nous l'ont fait savoir", explique Karine Gélinas, coordonnatrice des services aux cycles supérieurs à la FAECUM.

Mais s'adresser à un public non initié dans des articles qui ne font guère plus de deux pages relève de l'exploit. Surtout dans un contexte universitaire où la concision n'a pas la faveur populaire. Un comité de lecture a donc été formé et plus de 25% des textes ne satisfont carrément pas aux critères fixés. Par ailleurs, la rédaction n'hésite pas à demander des améliorations aux textes qui lui sont soumis. Malgré cette contrainte, les textes continuent d'affluer.

 

Des articles intéressants

À noter particulièrement dans le numéro courant (volume 7, numéro 1, automne 1997), un article sur la rectitude politique intitulé "Soyez tolérant, c'est un ordre!", signé Michika Frachet, du Département de sociologie. "[...] l'institutionnalisation de la tolérance, explique l'auteure, ne nous semble pas une solution, car elle implique une certaine passivité et surtout un conformisme, une sorte de condescendance. Tolérer n'est pas accepter."

Un texte de Dominique Desrosiers, du Département d'histoire, nous apprend par ailleurs que, si les Allemands ont été défaits par les Alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale, c'est sur le front est qu'ils ont été le plus affaiblis. Plus précisément durant l'opération Barbarossa. Alors que l'Occident présente le débarquement de Normandie comme le point tournant de la guerre, on oublie que plus de 80% des soldats allemands blessés, tués ou capturés de 1941 à 1945 l'ont été du côté soviétique. "[...] c'est lors de la phase initiale de ce 'choc de titans' que fut sonné le glas du rêve prométhéen d'hégémonie mondiale d'Adolf Hitler", conclut l'auteur avec lyrisme.

Autre texte digne de mention: "L'eutrophisation, un phénomène mortel", d'Anas Ghadouani (Sciences biologiques). Enfin, une explication simple mais non simpliste du phénomène paradoxal voulant que plus on nourrit un lac, plus on le tue. L'auteur rapporte l'anecdote troublante du décès subit de 43 patients d'une clinique brésilienne en 1996. L'eau qui alimentait la clinique possédait une forte concentration de cyanobactéries, des molécules qui produisent des toxines redoutables en plus de résister à la chloration. "[...] toute utilisation non contrôlée de l'eau provenant des lacs à cyanobactéries ou même les activités récréatives comme la baignade peuvent être accompagnées du risque d'intoxication plus ou moins grave pour l'homme mais aussi pour les animaux [...]", écrit l'auteur. Inquiétant en plein débat public sur l'eau.

Dominique Nancy, du Département de communication, se demande de son côté si le système GPS (Global Positionning System) n'enfreindra pas les libertés individuelles. De plus en plus répandu - on trouve des automobiles équipées de GPS couplé à un cédérom; fini les cartes routières -, ce système permet des utilisations discutables. Par exemple, il est utilisé aux États-Unis pour contrôler le déplacement des prisonniers en probation.

 

Une revue multidisciplinaire

Dire est, bien sûr, une revue multidisciplinaire. Le lecteur s'y promène comme dans un grand magasin où se succèdent des sections anthropologie, littérature ou sciences. Au gré de son humeur, il s'arrête pour faire du lèche-vitrine.

Mais pour la FAECUM, c'est un outil de rassemblement précieux, car les 7500 étudiants des deuxième et troisième cycles sont très isolés. En attendant qu'une maison des cycles supérieurs voie le jour (d'ici quelques années, promet Mme Gélinas), la revue Dire permet de garder le contact tout en apportant de l'information utile.

Par exemple, Dominique Lizotte, présidente du Conseil national des cycles supérieurs, rapporte les faits saillants d'une rencontre-débat tenue au dernier congrès de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences sur le thème "Être ou ne pas être docteur". Le point de vue y est résolument en faveur de l'imagination au pouvoir. "Si les 266 membres du corps professoral d'université [québécois] de plus de 65 ans prenaient leur retraite, rapporte l'auteure, avec le budget de 22,7 millions de dollars qui serait ainsi libéré, 430 nouveaux professeures et professeurs pourraient être engagés."

Même si ce scénario optimiste a peu de chances de se concrétiser (les postes sont plutôt abolis), il vaut certes mieux avoir un doctorat que ne pas en avoir. Mais les étudiants doivent savoir que la route sera longue et semée d'embûches, même quand le diplôme sera accroché sur le mur. "Il est largement ressorti de la rencontre-débat que les universités (la direction de la recherche en premier lieu) ne se préoccupent pas assez des problèmes de débouchés de leurs titulaires de doctorat."

Mathieu-Robert Sauvé


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