Vient de paraître

La mémoire sociale

Les sociétés contemporaines ont-elles perdu la mémoire? La tradition a-t-elle encore un sens? Les grands déracinements sociaux d'hier et d'aujourd'hui suscitent de multiples interrogations sur le sort de la mémoire. Au début du XXe siècle, des romans d'anticipation mettaient en scène la manipulation et la destruction des mémoires populaires aux fins de la constitution d'un pouvoir totalitaire. À notre époque, l'accumulation de traces du passé, recomposées dans l'univers médiatique, n'a cessé de croître. Mais ces productions figurent-elles comme un dépaysement ou forment-elles de nouvelles mémoires sociales? Dans ce contexte, que reste-t-il de la mémoire de l'expérience?

Évitant les écueils des constats trop rapides de l'absence de mémoire, les différentes contributions à ce numéro montrent la nature complexe et multiple des mémoires individuelles et collectives contemporaines constituant le champ d'investigation de la mémoire sociale. Mémoire de résistance, mémoire critique, mémoire de rupture, mémoire immigrante, mémoire médiatique, mémoire organisationnelle, discours historiques, il s'agit dans tous les cas de l'existence de savoirs liés aux groupes sociaux, à leur configuration sociale et à leurs rapports de pouvoir. En ce sens, comme à ses débuts, la sociologie s'oppose à la vision strictement substantive de la mémoire, celle du réceptacle individuel tout autant qu'à celle d'une vision du passé transfigurée dans une mémoire totale. Dans ce cadre, les auteurs de ce numéro apportent, du point de vue théorique, de nouvelles conceptualisations de ces mémoires et de leurs rapports tandis que, du point de vue méthodologique, des propositions sont avancées visant à élaborer explicitement la voie de connaissance d'une sociologie ainsi localisée à travers ces mémoires individuelles et collectives. En ressort ici la contribution générale de ce champ à la sociologie. L'organisation de la mémoire s'élabore à partir de référents qui expriment la constitution simultanée des dimensions essentielles de tout phénomène social appréhendé (langage, espace et temps). Reconstruire et analyser ces trois dimensions de la matérialité sociale élaborée dans les activités humaines pourrait bien être ce qui caractérise la sociologie comme mémoire, la morphologie sociale qu'elle propose et une mémoire sociologique assumée dans ses fondements comme dans les limites des mémoires individuelles et collectives qu'elle met en jeu. En somme, un savoir dont l'ancrage dans la mémoire sociale deviendrait explicite et garant de sa valeur de généralité.

Sociologie et Sociétés, volume 29, numéro 2, La mémoire sociale, automne 1997, Les Presses de l'Université de Montréal.

École et santé mentale

L'école est le "pouls" d'une société, l'indice de sa santé. Le mandat donné à cette institution s'est élargi avec les ans, dépassant l'éducation des enfants pour englober l'intégration sociale et le développement personnel. Stimulée par nos attentes mais dépendante d'enjeux sociaux et politiques complexes, l'école doit sans cesse redéfinir son champ d'action et, dans ce contexte, la tâche des enseignants est loin d'être facile. Pourtant leur rôle est central et sous-tend une articulation efficace du milieu scolaire avec les différents acteurs psycho-sociopolitiques concernés.

Pour souligner l'importance de cette mission, Prisme publie le premier de deux dossiers portant sur la concertation entre les professionnels des milieux scolaire et de la santé mentale et ce, afin de mieux saisir le rôle de l'école en tant que "communauté éducative" et milieu de vie mais aussi pour sensibiliser chacun aux problèmes de santé mentale qui peuvent nuire au fonctionnement des enfants et des adolescents qui la fréquentent.

Ce numéro regroupe des articles écrits par des enseignants, des conseillers pédagogiques, des chercheurs, des pédiatres, des psychologues et des pédopsychiatres de France et du Québec.

Prisme, volume 7, numéro 2, École et santé mentale, Vers une intervention concertée, coordination: Jean-Yves Frappier, Michèle Lambin et Donata Marra, 1997, 19$ (tél.: 345-4671).