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126 paniers ont été distribués à des étudiants pauvres

Forum suit une boîte de conserve dans son parcours...

Une partie de la collecte des paniers de Noël. On aperçoit, derrière les boîtes, Chantal Gagnon (étudiante en enseignement au secondaire), Darly Joseph (étudiante en relations industrielles) et Alain Vienneau, responsable de la campagne.

La boîte de soupe aux pois Habitant, format familial, a été déposée dans le panier du Pavillon 3744 Jean-Brillant à 13 h 52 le 11 décembre dernier par une étudiante qui l'avait achetée en surplus, la veille, en faisant son marché. Comme elle avait beaucoup de travail à faire pour préparer son examen, elle a poursuivi son chemin. Mais pour la boîte de conserve, c'était le début d'un voyage vers un monde peu connu: celui des étudiants démunis qui n'ont parfois rien à se mettre sous la dent; rien à offrir à leurs enfants. Forum l'a suivie.

"Il y a deux ans, un demandeur n'avait même pas de domicile fixe, relate Alain Vienneau, le coordonnateur du programme des paniers alimentaires du Service d'action humanitaire et communautaire (SAHC). Il couchait dehors mais venait à l'Université durant la journée. Nous avons dû commencer par lui trouver un toit."

Si la collecte de denrées en vue de la confection de paniers alimentaires existe depuis plusieurs années à l'Université de Montréal, on les donnait autrefois à la société Saint-Vincent-de-Paul. Ce n'est que depuis 1995 qu'ils sont destinés aux étudiants pauvres du campus (excluant l'École des HEC mais incluant l'École Polytechnique). Ainsi, des étudiants en anthropologie, psychologie, toxicologie, droit, théologie, aménagement et autres ont fait appel cette année au SAHC pour obtenir un panier de provisions durant le temps des Fêtes. "Ce sont principalement des gens qui iraient à la Maison du père ou à Moisson Montréal si nous ne répondions pas à leur demande", dit Alain Vienneau.

Les demandes de quelque 130 étudiants de l'Université de Montréal ont été traitées individuellement par M. Vienneau, un diplômé en théologie pastorale qui s'occupe du Service depuis trois ans. Quelques demandes ont été rejetées pour différentes raisons, mais plus de 126 paniers ont été distribués entre le 16 et le 18 décembre.

Deux catégories d'étudiants à temps plein étaient favorisés pour l'obtention de ces paniers: les chefs de famille monoparentale ne bénéficiant que du régime des prêts et bourses et les étudiants sans revenu qui doivent assumer leur autonomie. Alain Vienneau, qui n'en est pas à sa première campagne, n'a pas eu de regrets à refuser les cas douteux. "Les paniers qui me restent, je vais les donner durant l'année qui vient, c'est sûr."

 

Histoire d'une soupe aux pois

Revenons à notre boîte de conserve. Le 11 décembre, c'est un employé de la Direction des immeubles qui a ramassé le contenant de denrées déposées par les membres de la communauté universitaire. Dans le dépôt, il y avait aussi des animaux en peluche et des jouets, des bouteilles de jus, des céréales et un sac de pâtes alimentaires. Les membres de la communauté universitaire ont été fort généreux cette année (deux fois plus que l'an passé en fait), mais ils ont aussi donné des choses embarrassantes: bouteilles de vin, couches pour nouveau-nés, boîtes de chocolat de fantaisie... Que faire avec des produits qui ne se partagent pas en 126?

Déposés dans la camionnette de l'Université de Montréal, les dons s'ajoutent à la récolte des autres immeubles. À l'issue de la tournée, le chargement est acheminé au local D-500 du Pavillon principal. C'est là qu'Alain Vienneau manipule pour la première fois la boîte de soupe aux pois. Il la dépose dans un coin où toutes les boîtes de "soupe variée" ont trouvé place. Cette étape est essentielle si l'on veut faire un inventaire précis des dons.

Peu après, une bénévole (venue du Département de sciences biologiques) confectionne un panier. Elle consulte la liste de "panier type" pour personne seule, couple ou famille.

C'est à une famille monoparentale de trois enfants que la soupe aux pois sera destinée. Pour confectionner ce panier qui équivaut en réalité à trois boîtes de carton bien remplies, la bénévole dépose deux boîtes de céréales à déjeuner, deux contenants de riz, deux sachets de pâtes alimentaires, quatre boîtes de légumes en conserve, autant de maïs en grain, des jus de légumes, de fruits ainsi que des fèves au lard, du ragoût en conserve, etc. À la fin, elle ajoute trois sacs de friandises diverses et de barres tendres. Pour les enfants.

Ces provisions ne sont pas excessives. "Elles constituent le minimum nécessaire pour une semaine de nourriture", dit Alain Vienneau. À ceux qui reprochent aux organismes d'entraide d'entretenir la dépendance, il répond qu'une semaine de sursis ne peut pas avoir cette conséquence.

Seul petit "luxe" d'un panier de Noël: les cadeaux offerts aux enfants dont on connaît l'âge et le sexe grâce aux formulaires remplis par les candidats. Provenant de dons recueillis à même les dépôts de denrées, ils ont été patiemment emballés par des bénévoles le samedi précédant la livraison.

 

Livraison incluse

Grâce à Alain Tremblay, de la Direction des immeubles, la livraison des paniers a été effectuée avec une remarquable efficacité. Tel employé partant pour Sainte-Thérèse emportait avec lui un panier ou deux; tel autre en faisait autant pour Blainville. Puis, après leur journée de travail, plusieurs bénévoles ont donné de leur temps pour livrer les provisions à bon port. Trois soirées bien remplies tout de même, du 16 au 18 décembre.

En deux expéditions, Forum a pris part à la livraison d'une vingtaine de paniers. Premier constat: des étudiants habitent assez loin du campus de l'Université de Montréal: Cartierville, Saint-Léonard, Montréal-Nord et même les Basses-Laurentides. La raison en est simple: les loyers y sont plus abordables, surtout quand on a une famille nombreuse. Près de 250 enfants au total ont bénéficié des paniers: jusqu'à cinq enfants dans certaines familles.

Second constat: la sonnette est presque toujours défectueuse dans les immeubles vétustes où les livreurs se présentent. Mais les étudiants nous accueillent avec un sourire entendu et se prêtent de bon coeur aux formalités: "Veuillez nous montrer votre carte d'étudiant. Veuillez signer ici pour certifier que vous avez bien reçu la marchandise."

La plupart de ces étudiants sont un peu gênés de leur misère et se contentent d'un discret remerciement. Dans le Plateau-Mont-Royal, une étudiante a malgré tout laissé exploser sa joie à l'arrivée des livreurs: "Yahou! Enfin... Mon panier de Noël!" Manifestement, elle comptait sur ces provisions pour souper. Elle avait même invité une amie.

Mathieu-Robert Sauvé

 

 Alain Vienneau

Une générosité sans précédent

La campagne des paniers de Noël, cette année, a connu un succès sans précédent. La collecte des denrées non périssables, évaluée à 4500$, a été deux fois plus volumineuse que l'an dernier, et les dons en argent se sont faits plus nombreux également: environ 5500$ venus des associations étudiantes, des syndicats et de particuliers. Le responsable de la campagne, Alain Vienneau, remercie la communauté pour sa générosité. Et pour sa disponibilité.

"Si l'on compte les collaborateurs qui se sont engagés dans la campagne, directement ou non, je dirais que de 150 à 200 bénévoles ont participé aux différentes étapes", dit M. Vienneau.

Fait notable, on a manqué de macaroni au fromage, de pois et de maïs. Des denrées que les donateurs associaient beaucoup, autrefois, à la misère étudiante. Pas de "Kraft Dinner" et de pâté chinois cette année.

M.-R.S.


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