L'UdeM logera le siège social du Collège des Amériques |
La création de ce collège est le plus important projet universitaire de l'heure, selon Jean-Louis Fortin. |
Jean-Louis Fortin |
Au cours de son 10e congrès biennal tenu à Salvador, au Brésil, en novembre dernier, l'Organisation universitaire interaméricaine a procédé à la création du Collège des Amériques et a accepté l'offre de l'Université de Montréal d'héberger son siège social.
Ce nouveau jalon dans la coopération interuniversitaire internationale confirme le leadership des universités québécoises dans ce domaine. On se souvient que l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF-UREF) a vu le jour sur le campus de l'Université de Montréal, où elle loge depuis 37 ans. Cette association internationale, maintenant nommée Agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche, réunit présentement 365 universités réparties dans 49 pays et gère un budget global de 60 millions de dollars.
C'est également à une initiative québécoise qu'on doit l'existence de l'Organisation universitaire interaméricaine (dont l'acronyme OUI ne préfigure aucune orientation politique!). L'OUI a été créée en 1980 grâce au travail de Gilles Boulet, alors président de l'Université du Québec. L'Organisation, qui regroupe 357 universités de 24 pays, a pour objectif de favoriser le partage des connaissances universitaires et de développer l'enseignement supérieur dans les trois Amériques. C'est dans cette optique qu'elle vient de créer le Collège des Amériques.
Pour Jean-Louis Fortin, directeur du Bureau de la coopération internationale de l'Université de Montréal, qui participait avec le recteur René Simard au congrès de Salvador, "l'Organisation universitaire interaméricaine est le réseau le mieux branché sur les Amériques et le Collège constitue le plus important projet de formation universitaire de l'heure en Amérique".
Malgré son appellation, choisie à l'exemple du réputé Collège d'Europe, fondé à Bruges il y a une cinquantaine d'années, le Collège des Amériques offrira une formation universitaire de deuxième et de troisième cycle.
"Dans le contexte de l'intégration continentale, il est apparu important aux recteurs des universités membres d'établir une formation axée sur une perspective interaméricaine, notamment dans les domaines de la gestion, de la culture, de la politique, du droit international et de la santé, poursuit M. Fortin. Cette formation interdisciplinaire sera liée aux problèmes pratiques et concrets auxquels sont confrontés les pays membres."
Plus précisément, les activités du Collège des Amériques graviteront autour de quatre pôles. Le Collège sera d'abord la plaque tournante d'une série de réseaux réunissant au moins trois universités - deux de l'Amérique latine et une autre des États-Unis ou du Canada - qui élaboreront des programmes dans un secteur d'intérêt commun. Ces réseaux permettront d'enrichir les programmes régionaux par la mise en commun des expertises de chaque université et faciliteront l'accès à ces programmes pour les étudiants des trois Amériques.
L'Université de Montréal sera à la tête d'un de ces réseaux portant sur la santé publique.
Des chaires de recherche seront également créées afin de regrouper des chercheurs travaillant sur des aspects particuliers de l'intégration interaméricaine.
Les activités de formation comprendront en outre des cours intensifs de deux ou trois semaines dans le domaine de la gestion et s'adressant plus particulièrement aux administrateurs industriels ou gestionnaires d'établissements publics.
Finalement, des séminaires d'une durée de trois mois à un an offriront un ensemble cohérent de cours portant sur les aspects culturels, politiques ou économiques des différentes régions des Amériques. Ce programme est déjà en marche et le premier de ces séminaires aura lieu ici, à l'Université de Montréal, l'été prochain.
Les cours du Collège des Amériques seront donc donnés au sein même des universités participantes, mais seront sanctionnés par une attestation émanant du Collège. "L'OUI s'est ainsi inspirée du Collège d'Europe quant aux objectifs et de l'AUPELF quant au fonctionnement", souligne Jean-Louis Fortin. Il n'est par ailleurs pas exclu que le Collège délivre dans un proche avenir ses propres diplômes.
Comme pour le Collège d'Europe, l'un des critères d'admission sera de maîtriser au moins deux langues continentales, soit l'anglais, le français, l'espagnol ou le portugais.
Selon le directeur du Bureau de la coopération internationale, le caractère multiculturel et pluriuniversitaire de Montréal a été un atout majeur dans le choix de cette ville pour héberger le siège social du Collège. Quant au choix précis de l'Université de Montréal, il y voit la conséquence des nombreuses activités de l'Université dans le domaine des études internationales avec ses centres comme le Centre canadien d'études allemandes et européennes, le Centre de ressources de l'espagnol, le Centre d'études de l'Asie de l'Est, la chaire Jean-Monnet en études européennes, les Entretiens Jacques-Cartier ou encore le Programme de gestion urbaine au Vietnam.
De plus, sans compter le bilinguisme français-anglais de ses professeurs, l'Université de Montréal compte pas moins de 200 professeurs capables de présenter une conférence en espagnol et 200 autres qui le parlent sans difficulté, ce qui facilite l'interaction avec l'Amérique latine.
"Ce projet est un honneur et un atout pour Montréal, estime Jean-Louis Fortin. En favorisant la mobilité étudiante, l'ensemble des universités montréalaises bénéficieront des retombées de ces activités."
Pour l'instant, la supervision des activités de démarrage du Collège relève de Pierre Van der Donckt, secrétaire exécutif de l'Organisation universitaire interaméricaine, dont le siège social est à Québec. Lorsque le Collège sera installé à l'UdeM, soit autour du mois de mai prochain, il engagera de 10 à 15 personnes à plein temps.
Daniel Baril