[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]


Est-ce un vélo? un bateau? Non, c'est un pédalo!

Trois projets en design industriel sont remarqués par l'industrie.

Véronique Rioux et Luc Bourgeois posent fièrement près de leur Rorqual, le pédalo réinventé.

Cela ressemble à un voilier sans mât et c'est muni d'un pédalier relié à une petite hélice. Le tout est conçu pour décoller littéralement hors de l'eau et glisser sur les vagues à la manière d'un hydroglisseur grâce à la force motrice d'un navigateur. Cette embarcation design, c'est bel et bien ce qu'utilise matante Rita autour du lac: un pédalo.

Les membres du projet Rorqual ont voulu "redorer l'image de cette catégorie de véhicules et répondre aux nombreuses possibilités qu'offre le marché". Dans leur "expérience pilote en génie en simultanéité" (EPGES) menée en collaboration avec huit étudiants en génie mécanique de l'Université de Sherbrooke, Véronique Rioux et Luc Bourgeois, étudiants à l'École de design industriel, ont participé à la conception et à la fabrication d'un prototype qu'on peut voir jusqu'à la fin du mois de janvier au pavillon de la Faculté de l'aménagement. Leur Rorqual prendra ensuite un bain de foule durant le salon nautique de Montréal, en février.

Au cours des prochaines semaines, on pourra voir aussi le prototype d'une voiture à trois roues qui peut atteindre les 200 km/h: le Cyclone. Conçu par trois étudiants de l'École (Benoît Ouellette, Éric Bellavance et Bruno Miron) et neuf étudiants de l'Université de Sherbrooke, ce véhicule étonnant sera admiré par des milliers de personnes au Salon de l'auto, à la fin du mois de janvier. Mais il n'est pas à vendre, c'est un exercice scolaire!

Benoît Ouellette, Éric Bellavance (assis) et Bruno Miron (debout) ont dessiné le performant Cyclone. L'accélération du bolide: 100 km/h en 6,5 secondes.

Des travaux scolaires

Bien que les superbes prototypes exposés au 2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine soient véritablement fonctionnels, l'essentiel de leurs cahiers de bord sera constitué de navettes entre Sherbrooke et Montréal. Et il y a peu de chances que leurs composantes empruntent un jour la chaîne de montage.

"Il arrive aux étudiants de rêver que leur projet soit commercialisé sur une grande échelle, mais en général ils y renoncent dès que le prototype est construit, explique Alain Dardenne, professeur en design industriel et responsable de cette initiative. Ce n'est pas impossible qu'une entreprise veuille un jour reprendre un projet étudiant, mais il n'y a pas de précédent."

En revanche, les prototypes réalisés sur une période de trois trimestres ont donné aux programmes d'études concernés une visibilité importante. Par exemple, un fauteuil roulant conçu par 3 étudiants en génie industriel et 11 étudiants de l'Université de Sherbrooke a gagné le premier prix (étudiants) du gala du design et du gala des inventeurs l'an dernier. Une motomarine construite à l'intérieur du même programme, l'Exocet, a valu à ses concepteurs le premier prix d'un concours de la Société canadienne de génie électrique. Et, à l'occasion d'un concours où participaient une centaine d'universités nord-américaines, une auto fabriquée dans le cadre des projets EPGES a obtenu la remarquable 14e place.

Ces prototypes sont parmi les plus populaires auprès du public dans les journées portes ouvertes des établissements. "C'est une excellente publicité pour nous, signale M. Dardenne. Mais c'est pour le curriculum vitae des étudiants que c'est le plus précieux."

Les projets EPGES, même s'ils demandent un gros investissement en temps, apportent une expérience précieuse aux étudiants. Et chaque projet peut valoir 18 crédits aux étudiants de l'Université de Montréal.

 

Le génie avant tout

C'est la structure pédagogique dite "coopérative" de l'Université de Sherbrooke et son programme de conception intégrée qui ont permis cette collaboration originale. Selon Alain Dardenne, l'éloignement des collaborateurs pose d'ailleurs problème, surtout quand on sait qu'une importante école de génie est située à un jet de pierre... "Nous avons plusieurs projets en collaboration avec l'École Polytechnique, dit M. Dardenne. Mais dans ce cas-ci, ce sont les gens de Sherbrooke qui ont fait appel à nous."

Il s'agit de projets d'ingénierie d'abord et avant tout. Les designers sont appelés à travailler avec des contraintes mécaniques imposées par leurs collègues. Mais les projets ne doivent pas être utopiques, car un prototype doit être construit. "Le processus de réalisation est semblable à celui qu'on voit dans l'industrie, signale M. Dardenne. Il se déroule en trois étapes: idéation, développement et réalisation-évaluation."

Le Cyclone et le Rorqual étaient des projets de grande envergure qui ont nécessité la participation de dizaines de personnes et des budgets importants (respectivement 30,000$ et 10,000$), mais un troisième projet, l'Alizée, a été mené par un seul étudiant, Maurice Bécancourt, avec la collaboration de six apprentis ingénieurs. Subventionné entièrement par l'entreprise québécoise Venmar, l'Alizée est un échangeur d'air original qui fonctionne par télécommande.

Le prototype construit n'est pas seulement esthétique. Il fonctionne vraiment et change un certain volume d'air selon les paramètres que les étudiants avaient fixés au départ.

Il s'agit de la troisième génération des projets EPGES. Les entreprises privées ont été mises à contribution à plusieurs reprises pour la réalisation de ces travaux.

Mathieu-Robert Sauvé


[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]