Le recteur René Simard et le directeur général des Centres jeunesse de Montréal, Yvon Guérard, signent le contrat d'affiliation en présence de la rectrice de l'UQAM, Paule Leduc, et du ministre Jean Rochon. |
L'affiliation de l'Université de Montréal et de l'Université du Québec à Montréal aux Centres jeunesse de Montréal a donné lieu à la création d'un institut universitaire dans le domaine de la violence chez les jeunes ainsi désigné par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Jean Rochon.
La région métropolitaine n'a pas le monopole de la violence chez les jeunes, mais le contexte urbain fait que celle-ci est plus présente, voire omniprésente, chez les jeunes en difficulté aidés par les Centres jeunesse, soit 19 000 pour la seule année 1996-1997. Que ce soit dans la majorité des signalements retenus par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), dans la pratique quotidienne des intervenants sociaux, dans les situations vécues par les enfants et les adolescents placés en centre de réadaptation ou dans les délits commis par les jeunes contrevenants, partout la violence est présente.
L'objectif de cette collaboration avec le milieu universitaire est d'améliorer la formation des intervenants auprès des jeunes et de promouvoir la recherche afin, en bout de ligne, d'améliorer la qualité des services.
En 1995 déjà, les Centres et les deux universités mettaient sur pied l'Institut de recherche pour le développement social des jeunes, où plusieurs recherches sont déjà en cours, notamment sur la négligence et les mauvais traitements ainsi que sur les gangs de rues.
Le Club de relations internationales de l'Université de Montréal (CRI) a célébré, les 6 et 8 novembre derniers, un demi-siècle d'ouverture et de rayonnement sur le monde.
"Grâce au CRI et à ses activités, nous nous donnons les moyens de communiquer et d'établir des relations de respect et d'amitié avec les peuples de la planète les plus semblables et les plus différents." C'est ce qu'a déclaré Jean-René Pelletier, l'actuel président du CRI, au banquet d'ouverture où plusieurs anciens membres, des ambassadeurs et des juristes notamment, ont parlé de l'influence du CRI dans l'orientation de leur carrière.
Diplomate à la retraite et ancien commissaire aux langues étrangères, D'Iberville Fortier s'est souvenu avec émotion de la création du CRI, qu'il a fondé en 1947 avec d'autres étudiants en droit.
"Il n'a pas été difficile de former ce groupe puisqu'il y avait à l'époque une certaine ébullition dans le milieu étudiant", a expliqué celui qui allait devenir ambassadeur à Rome, Tunis et Bruxelles.
N'ayant pas les moyens d'aller constater de visu ce qui se passait à l'étranger, le CRI a donc pris sur lui de comprendre l'actualité mondiale à travers des conférences, dont la première fut donnée par Pierre Elliott Trudeau à son retour d'un voyage d'études en Chine.
Au fil des années se sont ajoutées aux conférences mensuelles des visites aux ambassades canadiennes à l'étranger et des participations au Harvard's Annual Model United Nations, une simulation du processus décisionnel des Nations-Unies qui réunit des étudiants du monde entier.
L'année dernière, le CRI a d'ailleurs envoyé à Boston sa plus importante délégation, soit 55 participants.
"Cette activité, selon Jean-René Pelletier, est un excellent prélude pour les étudiants qui désirent travailler à l'échelle internationale, car elle reproduit la difficulté d'arriver à un consensus lorsque l'enjeu est à l'échelon planétaire". Pour commémorer sa 50e année d'existence, le CRI a également organisé une journée-conférence à l'hôtel Radisson, où la centaine d'étudiants présents ont pu entendre, entre autres, Michel Petit, un des artisans des traités de Maastricht et d'Amsterdam, et le professeur Pierre Sabourin, auteur de La recherche d'un emploi dans les organismes internationaux.
On a également rendu hommage à Nicolas Mateesco Matte, un des grands penseurs du droit aérien international et fondateur de l'Institut du droit aérien et spatial de l'Université McGill, dont le rôle a assuré la pérennité du CRI depuis les années cinquante. "Toujours disponible, Me Matte est notre parrain et notre conseiller", a déclaré Jean-René Pelletier.
TÉMOIGNAGE
Le 3 novembre 1997 s'éteignait, à l'hôpital Saint-Roch de Montpellier, le révérend père Georges Mathieu de Durand, o.p. Après une trentaine d'années d'enseignement et de recherche à l'Institut d'études médiévales, il avait pris sa retraite et avait été nommé à cette occasion professeur émérite. Le monde savant perd un des plus grands patrologues de la deuxième partie du 20e siècle. Ses supérieurs l'avaient envoyé peu après son ordination à Oxford pour qu'il y poursuive des études doctorales, ce qu'il fit avec succès. Sa thèse portait sur les dialogues christologiques de saint Cyrille d'Alexandrie, qui devaient être publiés dans la prestigieuse collection Sources chrétiennes. Il mit à profit son séjour en terre anglaise pour apprendre l'arménien, ce qui lui valut d'emporter le prix que l'Université d'Oxford décernait chaque année à celui qui s'était distingué dans l'acquisition de cette langue. Cela lui donna accès aux Pères arméniens; il porta une attention particulière à Grégoire de Tathev. Il s'initia également au syriaque. Il possédait, en outre, une connaissance exceptionnelle du grec et du latin. Je lui demandai un jour comment il comptait occuper son année sabbatique: "En relisant Platon dans le texte", me répondit-il. Et de fait, je l'ai vu lire sans dictionnaire, dans la patrologie de Mignes, des textes qui auraient fait pâlir des hellénistes chevronnés.
Au cours des années où il travailla à Montréal, il produisit une remarquable édition en trois volumes des dialogues trinitaires de saint Cyrille d'Alexandrie. Il venait d'achever une édition des oeuvres de Marc l'Ermite et une traduction du De trinitate de saint Hilaire de Poitiers, lorsqu'une maladie fulgurante l'arracha à l'affection de ceux qui l'ont connu. Mais l'oeuvre la plus spectaculaire qu'il ait produite reste ses recensions dans la Revue de théologie. À la mort de celui qui était titulaire de cette rubrique, le père de Durand accepta d'en prendre temporairement la charge. Est-il nécessaire de dire que ce provisoire fut définitif? Deux semaines avant sa mort, il me disait sa satisfaction d'avoir pu terminer tous les travaux qu'il avait sur le métier, et notamment sa dernière recension. C'était un travail monumental; en effet, il avait décidé de changer l'ancienne formule - présenter de façon succincte tous les livres publiés dans l'année - en retenant des livres substantiels, le plus souvent écrits en allemand, et en en donnant un compte rendu critique détaillé. Les premiers qu'il publia étaient assortis d'une note de la rédaction que je jugeai pour le moins surprenante. En effet le père de Durand se voyait remercié pour "collaboration précieuse, mais limitée". Il m'en fournit lui-même l'explication: il n'avait, me dit-il, accepté d'assumer la revue bibliographique du périodique qu'à la condition de ne pas traiter de saint Augustin, car cet auteur faisait l'objet de si nombreuses publications qu'il lui était impossible de toutes les lire. Au demeurant, ce pensum récurrent lui conféra, alors qu'il ne s'en souciait guère, un véritable pouvoir dans le monde scientifique: le seul fait d'avoir été sélectionné pour recension par le père de Durand devenait un honneur.
En dépit de qualités intellectuelles exceptionnelles, le père de Durand était timide et effacé. Il était modeste, mais sensible au jugement de ceux qu'il tenait en estime. Sa carrière à l'université fut discrète et entièrement consacrée à l'étude, à une notable exception près. Pierre Bordeleau était président du syndicat lorsqu'il fallut négocier une convention collective où le normatif exigeait d'être précisé, voire amélioré. Je faisais partie du comité de négociations; nous n'avions pas encore, quelques heures avant la première rencontre avec la partie patronale, fini de constituer celui-ci. Trois quarts d'heure avant le rendez-vous fixé à la table de négociations, je téléphonai au père de Durand, lui demandant de me rejoindre au local du syndicat. Au moment où il entra dans la salle où nous étions réunis, je le présentai comme le membre manquant; voilà comment, sans avoir dit ni oui ni non, il fut appelé à participer en première ligne aux négociations. Peu loquace à la table, il était précieux au moment des bilans. Une fois cependant il prit la parole. Nous essayions de prendre pour critère d'inspiration de la convention collective la notion d'équité, et non celle de justice. Le porte-parole de la partie patronale, voyant bien les difficultés que cela pouvait comporter, demanda: "Mais qu'est-ce que l'équité?" Le père de Durand lui indiqua, référence à l'appui, la définition d'Aristote dans l'Éthique à Nicomaque. Un observateur ahuri affirma n'avoir jamais auparavant assisté à des discussions de cette sorte à une table syndicale.
Lorsque le père de Durand prit sa retraite, il regagna sa province dominicaine d'origine. En effet, les études patristiques sont encore vivantes en France. Aussi partagea-t-il son temps entre son couvent de Montpellier et Lyon, où est publiée la collection Sources chrétiennes. Il n'hésita pas à y collaborer bien qu'elle dépendît des Jésuites. Souvent, dans des lettres écrites dans un style personnel aussi élégant que lapidaire, il me parlait de sa nostalgie de Montréal, où s'était déroulée une partie de sa vie et où il avait laissé des amitiés qui lui étaient précieuses. Lorsque je le vis vers la fin du mois d'octobre, il m'entretenait du projet qu'il avait formé de s'y rendre. Le destin en a décidé autrement. Au terme de son existence, il laisse l'image non seulement d'un grand savant, mais d'un prêtre exemplaire fidèle à ses voeux, à la doctrine de l'Église sur laquelle il a passé sa vie à réfléchir, n'hésitant pas à la remettre en question pour mieux la comprendre. Il est mort en paix, confiant de rejoindre Celui à qui il avait donné son esprit, son coeur et son intelligence.
Étienne Tiffou
Professeur émérite
Une centaine de personnes ont assisté à l'inauguration officielle du Service d'action humanitaire et communautaire le 17 novembre. Ce n'est pas par hasard que cette fête s'est déroulée au bout d'un corridor autrefois appelé "couloir des utopies", comme l'a relaté le directeur du nouveau service, Jean Porret. Dans les années 1970, on distribuait des tracts disant "Faisons payer les riches" entre la cafétéria des sciences sociales et les locaux du Pavillon Lionel-Groulx; aujourd'hui, les dépliants parlent de prévention du suicide, d'aide internationale, de paniers de Noël. Mais la motivation demeure la même: changer le monde.
"La solidarité et la générosité doivent habiter le coeur des étudiants et des membres de l'ensemble de la communauté universitaire", a dit Lise Duffy, directrice des Services aux étudiants, après avoir rappelé que les coûts des systèmes de protection sociale s'alourdissaient de façon inquiétante et que la région montréalaise était durement touchée par la pauvreté. Pour Irène Cinq-Mars, vice-rectrice à l'enseignement, même constat. Elle s'est réjouie de voir des étudiants s'engager dans des activités d'entraide.
De son côté, le secrétaire général de la FAECUM, Patrice Allard, a souligné que l'on devait la naissance du Service d'action humanitaire et communautaire à la disparition du Service de pastorale. "En bon gestionnaire, a-t-il dit, la FAECUM a procédé l'an dernier à une consultation sur l'appréciation des services. Des modifications s'imposaient."
La consultation a mené à la création de ce service laïque. Les besoins spirituels des étudiants demeurent cependant respectés, car une entente est intervenue avec le centre Benoît-Lacroix, sur le chemin de la Côte-des-Neiges. Il s'y déroule des activités multiconfessionnelles auxquelles les étudiants sont conviés. "Nous sommes très satisfaits des résultats", souligne M. Allard.
Même son de cloche de Laurent Spiriti, vice-président de l'Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l'éducation permanente (AGEEFEP). "Ceux qui étaient mal à l'aise dans l'ancien service de pastorale pourront revenir et trouver entraide et amitié. Les grands humanistes, qu'ils aient été religieux ou laïques, ont toujours intégré des valeurs de solidarité dans leurs discours."
À en croire M. Porret, plusieurs activités du service rebaptisé ont déjà connu un succès inattendu. Les ateliers sur la cuisine économique ou sur le "budget serré" sont particulièrement appréciés. Même si plusieurs projets sont encore en chantier, le Service affichera un parti pris de première ligne: l'engagement et le bénévolat.
L'inauguration officielle lançait les activités de la Semaine de la solidarité, premier événement d'envergure organisé par le Service d'action humanitaire et communautaire. On voulait profiter de cette semaine pour présenter les permanents et les bénévoles à la communauté universitaire. Jean Porret, directeur du défunt Service de pastorale, et Alain Vienneau sont les deux employés rémunérés. L'équipe bénévole compte 12 personnes, toutes des filles: Valérie Patreau, Marianne Giguère, Isabelle Padula, Darly Joseph, Chantal Gagnon, Annie Bélanger, Caroline Savard, Isabelle Dalceggio, Marie-Claude Dufresne, Marie-Hélène Lecourt, Isabelle Lépine et Isabelle Baribeau.
Toutefois, malgré la déconfessionnalisation du Service, on avait inscrit au programme de la Semaine de la solidarité une "messe des nations" en guise d'événement de clôture. S'agit-il d'une messe laïque?
Mathieu-Robert Sauvé