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Du progrès dans la lutte contre le tabagisme

L'approche écologique a fait sa place et pourrait servir de modèle dans d'autres secteurs.

Les campagnes de lutte contre le tabagisme ont réussi à intégrer l'approche écologique de préférence à l'approche uniquement centrée sur la responsabilisation de l'individu.

C'est ce qui ressort d'une analyse des programmes antitabac de 129 organisations de santé publique canadiennes effectuée par une équipe du Groupe de recherche interdisciplinaire en santé (GRIS) et dirigée par Lucie Richard.

"Jusqu'aux années 1980, explique la chercheuse, la lutte contre le tabagisme misait sur la sensibilisation de l'individu par des programmes d'éducation sur les méfaits du tabac. Cette approche faisait porter tout le fardeau du comportement sur la personne elle-même sans tenir compte des facteurs environnementaux incitant à fumer, comme la présence de distributeurs de cigarettes ou autres éléments facilitant l'accès au produit."

Cette approche s'est avérée peu efficace pour joindre les populations défavorisées où l'on trouve encore 60% de fumeurs. Pour combler ces lacunes, l'OMS a instauré en 1984 une approche dite écologique consistant à mettre à profit l'ensemble des composantes de l'environnement des personnes pour lutter contre le tabagisme.

Cette approche maintient les programmes d'éducation tout en y ajoutant des éléments comme l'instauration d'aires sans fumée, les restrictions à la publicité et à la vente de tabac aux mineurs, les pressions pour l'augmentation des taxes, l'interdiction de fumer dans les endroits publics, la création de groupes de soutien, etc.

"L'approche écologique présentait un potentiel d'efficacité énorme, mais on ignorait si les organisations de santé étaient parvenues à l'intégrer dans leurs programmes", souligne Mme Richard. C'est ce que son groupe de recherche a voulu établir.

Après analyse, il ressort que les organisations canadiennes "font preuve d'un degré élevé d'intégration de l'approche écologique. Près de la moitié des programmes étudiés se situent au maximum de l'échelle de l'indice développé" pour cette étude, lit-on dans le rapport.

"Cela nous montre qu'il y a eu beaucoup de progrès dans la lutte contre le tabagisme, affirme Lucie Richard. Le Canada et le Québec sont rendus loin et ont élaboré des programmes novateurs. Cette expertise pourrait servir de modèle pour l'implantation de l'approche écologique dans d'autres secteurs comme l'alimentation ou l'exercice physique."

Par contre, la recherche a aussi montré que les intervenants en santé demeurent, sur le plan des valeurs, attachés à une approche individuelle. Ce fait considéré comme troublant est imputé à la formation reçue par ces intervenants et qui privilégiait la modification des comportements individuels. L'équipe de recherche souhaiterait donc que les écoles de sciences infirmières renforcent la formation à l'approche écologique puisque le risque de privilégier l'approche individuelle est toujours présent.

La Faculté des sciences infirmières de l'U de M et l'Institute of Health Promotion Research de l'Université de Colombie-Britannique ont également collaboré à cette étude, financée par Santé Canada.

Daniel Baril


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