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À quoi servent ces gènes?

La méthode mise au point par Stephen Michnick permet de répondre à la question.

  Stephen Michnick

Le séquençage des 100 000 gènes humains, qui occupe un bon nombre de laboratoires de par le monde, suscite une activité fébrile chez les chercheurs en biologie moléculaire. Mais sans une méthode pour connaître la fonction de ces gènes, on ne sera pas tellement avancé. Un peu comme si l'on possédait la liste des numéros de téléphone d'un annuaire... sans les noms correspondants.

Un jeune chercheur du Département de biochimie, Stephen Michnick, se consacre à cette recherche depuis ses études aux universités de Toronto et Harvard. Il vient de remporter le Burroughs-Welcome Trust New Investigator Award, un prix très prestigieux qui le propulse sur le devant de la scène. "Ce prix représente pour moi en quelque sorte une validation de ma méthode. C'est en tout cas un vote de confiance, car il est accordé par des pairs", commente le chercheur.

Le séquençage des gènes humains ou Human Genome Project avance à un rythme très rapide. On peut presque parler d'organisation industrielle. "Mais il n'y a pas de méthode équivalente pour découvrir les fonctions de ces gènes", déclare le lauréat.

L'originalité de la méthode qu'il a mise au point - la Protein Fragment Complemention Assay (PCA) - consiste à considérer la protéine résultant de l'activité génétique avec l'ensemble complexe dont elle fait partie. "Toutes les protéines fonctionnent en interaction avec d'autres, explique-t-il. Ma méthode consiste à déterminer quelles sont ces interactions, comment elles se produisent et à quel moment elles ont lieu. En choisissant des protéines voisines de gènes connus, on peut plus facilement caractériser leurs fonctions."

En d'autres termes, la différence d'une personne à l'autre ne provient pas des gènes mais de l'interaction entre les protéines produites. Ce sont les assemblages moléculaires qui font la différence. D'où l'importance de connaître les protéines dans les ensembles complexes qu'ils forment.

Par l'attribution de ce prix, Stephen Michnick a touché une bourse de près de 300,000$ sur trois ans pour poursuivre ses travaux. Son équipe compte huit chercheurs et quatre étudiants au doctorat.

 

Un département haut de gamme

Quand on demande au chercheur de 38 ans ce qui l'a attiré à Montréal après avoir vécu et travaillé à Toronto et à Boston, il répond que la réputation du Département de biochimie dépasse les frontières. "Les chercheurs, ici, sont de calibre international. Ce département peut réellement se comparer aux meilleurs au monde."

Dans un éditorial récent de la revue Nature (29 mai 1997), le biologiste Jeffrey Palmer, de l'Université d'Indiana, parlait en termes élogieux de l'équipe de recherche de l'Université de Montréal dirigée par Franz Lang: l'Organelle Genome Megasequencing Program.

"Ce programme, qui est à mon avis de loin le meilleur des projets de séquençage génomique par paires de base, est une fabuleuse réussite, car il a révélé la spectaculaire radiation des systèmes génétiques des mitochondries et apporté une grande source d'information pour mieux connaître la phylogénie des eucaryotes", pouvait-on lire dans les premières pages.

Rappelons que Franz Lang et son équipe, qui compte aussi Gertraud Burger, Robert Cedergren et David Sankoff, de l'Université de Montréal, avaient publié dans ce numéro de Nature un article sur l'ADN mitochondrial.

Avec le prix accordé à Stephen Michnick, le Département a une autre raison de pavoiser.

Mathieu-Robert Sauvé


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