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Nomination du prochain recteur

Visionnaire recherché

La nomination du prochain recteur ou de la prochaine rectrice est une occasion unique qui nous est offerte d'indiquer, par-delà le choix de l'individu, ce qui devrait définir l'Université de Montréal. C'est à titre de professeur de l'Université de Montréal que nous vous faisons part de notre réflexion. D'entrée de jeu, mentionnons que les réponses à cette réflexion et à ce questionnement ne sont pas simples compte tenu des multiples tendances et des intérêts divers au sein de l'établissement.

Nous croyons qu'il est avant tout important de s'interroger sur le type d'université que nous devrions privilégier. Devrait-on maintenir le cap sur cet idéal d'une grande université de recherche tel qu'il est défini dans le dernier énoncé de mission? L'Université de Montréal ne devrait-elle pas plutôt devenir ce que certains appellent une université de masse et se fondre dans le réseau universitaire québécois? Devrait-on, sous prétexte de la rentabilité des études universitaires, favoriser un modèle d'université qui met l'accent sur la formation professionnelle? Est-ce qu'un équilibre entre ces tendances est souhaitable et même viable à l'Université de Montréal? Cette réflexion nous forcera, vous en conviendrez, à définir la spécificité de l'Université de Montréal vis-à-vis des autres composantes du réseau universitaire québécois de même qu'à désigner les actions qui devront être mises de l'avant pour préserver l'identité de notre université.

Une réflexion sur ce que devrait être l'Université de Montréal amène nécessairement à une réflexion sur les activités qui se déroulent au sein de l'établissement. Une tâche difficile attend le prochain recteur ou la prochaine rectrice. Les compressions budgétaires qui ont cours depuis une dizaine d'années ont eu des conséquences dramatiques sur l'enseignement et sur l'encadrement des étudiants. Ainsi, depuis la mise sur pied du programme d'aide à la retraite pour le personnel enseignant, 288 de nos collègues ont signé une entente de retraite. De ce nombre, 152 auront quitté l'Université le 1er juin 1998 alors que seulement 29 postes seront pourvus pour cette même période (voir l'À propos, volume 6, numéro 2, octobre 1997). Comment pouvons-nous espérer maintenir les acquis, les particularités et les compétences de l'Université de Montréal si nous ne pouvons renouveler ceux et celles qui assurent la pérennité de l'établissement?

Les dérapages associés aux opérations de planification "Balises" et "Grépi" n'ont rien fait pour contrer le climat de morosité au sein de l'établissement. Il est à souhaiter que les travaux des trois groupes d'étude sectorielle (GES), qui constituent la troisième phase de la transformation des activités académiques, se déroulent dans la plus grande collégialité et le respect des individus. Les professeurs et professeures sont en droit d'exiger d'être au coeur de l'élaboration du projet d'université qui y sera défini. Le prochain recteur ou la prochaine rectrice devra fournir des garanties à cet égard.

Cette dernière réflexion nous interpelle quant au fonctionnement de l'établissement. Plusieurs collègues ont en mémoire ces irritants qui parsèment le déroulement quotidien de nos tâches professorales. La bureaucratisation excessive et la lourdeur de l'appareil administratif sont tout autant liées à la multiplication des administrateurs qu'aux pouvoirs qu'ils se sont arrogés. Cette prise en charge de l'établissement s'est faite de manière insidieuse parce que nous, du corps professoral, n'avons pas exercé suffisamment de vigilance et n'avions pas suffisamment d'intérêt pour la chose universitaire. Puisque la mission fondamentale d'une université est d'acquérir et de transmettre des connaissances, il serait logique de donner les pleins pouvoirs à ceux et celles qui assurent cette mission, les professeurs et professeures. Dans cet ordre d'idée, il nous apparaît souhaitable que non seulement le prochain recteur ou la prochaine rectrice provienne du milieu académique mais que l'équipe qui l'entourera provienne du même milieu.

La décision qui incombe aux membres du Conseil de l'Université, qui sont en définitive ceux et celles qui choisiront le prochain recteur ou la prochaine rectrice, est lourde de conséquences. Nous sommes convaincus que les membres du Conseil de l'Université sont conscients qu'il ne s'agit pas simplement de choisir un candidat qui sache gérer efficacement l'établissement mais bien plus de choisir un candidat qui soit un visionnaire, capable de développer un milieu académique enrichissant et de défendre l'Université de Montréal sur la place publique.

Louis Dumont
Professeur
Département de pharmacologie, 343-6341
dumontl@ere.umontreal.ca


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