Premier doctorat en sciences infirmières à l'UdeM |
Clémence Dallaire a étudié la situation des personnes âgées vivant seules. |
Les femmes âgées qui vivent seules à la maison tiennent à leur autonomie. Même les plus affectées par des rhumatismes ou des maux chroniques feront tout pour éviter de demander l'aide de leurs proches.
Telles sont certaines des conclusions de la recherche de Clémence Dallaire, qui a côtoyé un groupe de femmes âgées vivant seules dans le cadre d'un programme d'études de doctorat en sciences infirmières. Ce programme commun U de M-McGill existe depuis plusieurs années, mais c'est la première fois qu'une étudiante de l'Université de Montréal y soutient une thèse. Ce serait également le premier doctorat francophone en sciences infirmières. La directrice de thèse de Mme Dallaire était Francine Ducharme, elle-même première docteure ès sciences infirmières de l'Université McGill.
En plus de la fierté d'être "la première", Mme Dallaire ressent la satisfaction d'avoir contribué à l'avancement des connaissances. Mais elle s'est surtout passionnée pour son sujet. "Je me souviens d'une femme de 82 ans souffrant d'arthrite rhumatoïde. Même avec des mains et des pieds très douloureux, elle faisait seule ses courses, ses repas, sa lessive. Quand elle était trop fatiguée, elle prenait une journée de repos à la maison plutôt que de demander de l'aide."
Cette recherche qualitative et quantitative, menée entre 1991 et 1997, permettra de mieux connaître cette population de plus en plus importante, vu le vieillissement des Québécois, et de plus en plus féminine. "Oui, les personnes âgées vivant seules sont presque exclusivement des femmes, explique la nouvelle docteure. Les veufs se remarient très rapidement alors que les veuves préfèrent rester seules."
Pour les infirmières, une meilleure connaissance de la population âgée est souhaitable, car le virage ambulatoire fait en sorte que le temps d'hospitalisation diminuera sans cesse. D'ailleurs, un des objectifs de la réforme du service de santé est le maintien à domicile. "Nous devons savoir quelle sorte d'aide les femmes désirent. Les services aux personnes âgées ne sont pas toujours utilisés. Il faudrait se demander pourquoi..."
La recherche de Mme Dallaire a porté sur 10 femmes âgées de 70 à 85 ans qui ont été suivies pendant une certaine période à l'aide d'entrevues individuelles, de questionnaires et d'un suivi téléphonique. Trois d'entre elles ont fait l'objet d'études plus approfondies.
"Nous savions que les personnes âgées vivaient plus de malaises que la population en général, mais nous voulions connaître leurs stratégies d'adaptation à ces malaises."
La première diplômée du programme de doctorat, qui soutenait sa thèse le 22 septembre, signale qu'elle sera bientôt suivie par quatre autres étudiantes qui achèvent leur recherche. Mais le fait d'être la première constitue "un honneur".
"J'ai toujours voulu faire un doctorat en sciences infirmières, dit-elle. J'ai pu réaliser mon rêve en restant au Québec. C'était important pour moi, car j'ai une famille et je n'étais pas prête à poursuivre mes études à l'étranger."
Après avoir obtenu un baccalauréat à l'Université Laval et une maîtrise à l'Université McGill, Mme Dallaire occupe actuellement un poste temporaire à la Faculté des sciences infirmières de l'Université Laval.
M.-R.S.