Le Service de pastorale
devient le Service d'action humanitaire et communautaire. Il s'occupera
de prévention du suicide, d'aide de première ligne
et d'aide internationale, et animera des activités diverses.
Bref, «près de la moitié des projets existent
déjà», signale Jean Porret, qui demeure le
directeur du Service dont le budget diminue de moitié,
passant de 380 000 $ à 175 000 $ par an.
Il s'agit en quelque sorte de la déconfessionnalisation
du Service, qui devient laïque. Les étudiants pourront
encore participer à des activités religieuses, mais
pas à l'intérieur d'un service financé par
la communauté universitaire. En vertu d'une entente intervenue
entre l'Université, l'archevêché et la congrégation
des Dominicains, ils prendront part à des activités
religieuses dans une maison qu'ils connaissent bien, située
au 2765, chemin de la Côte-Sainte-Catherine: le centre Benoît-Lacroix.
Ainsi a-t-on rebaptisé le centre étudiant la Maison
blanche, fondé par le Service de pastorale en 1986.
À la suite d'une consultation tenue l'automne dernier dans
25 départements, les étudiants de l'Université
de Montréal ont rejeté à 60 % le renouvellement
du financement du Service de pastorale. «C'est la fin d'une
époque, mais c'est aussi le début d'autre chose,
signale Alexandre Chabot, secrétaire général
de la FAECUM. Cette nouvelle organisation représente la
volonté des étudiants, et l'aspect spirituel reste
présent.»
L'entente intervenue entre les trois parties prévoit que
le centre Benoît-Lacroix sera reconnu par l'Université
comme étant à la disposition des étudiants.
Les publications officielles le mentionneront au chapitre des
services à la communauté.
La participation de l'archevêché de Montréal
consistera à financer les dépenses du centre. «Il
me semble que c'était important d'assurer la survie des
activités offertes dans le cadre du Service de pastorale.
Je me réjouis donc de la solution qui a été
trouvée», signale Me Stéphane Gagnon, président
du conseil d'administration du centre Benoît-Lacroix.
Ce partenariat, plus courant dans les campus anglo-saxons, a été
rendu possible grâce aux alliés de longue date du
Service de pastorale. Outre l'archevêché, qui finançait
déjà en partie le Service, la communauté
des Dominicains, à deux pas du campus, a accepté
de mettre une partie de ses installations à la disposition
des étudiants.
Cela n'est pas nouveau, car les Dominicains louent la Maison blanche
au Service de pastorale depuis une décennie pour un loyer
dérisoire, ce qui a permis à des centaines d'étudiants
de profiter d'un vaste local à une période où
le campus n'avait guère d'espace disponible. C'est dans
cette maison que les comédiens de la troupe Imaginart,
par exemple, font leurs réunions et leurs répétitions
depuis plusieurs années. Dans le grenier, ils confectionnent
même leurs costumes.
En plus d'une salle communautaire et de quelques bureaux, la Maison
abrite une cuisinette où tous sont les bienvenus durant
l'heure des repas pour manger leur lunch en bonne compagnie. Une
bibliothèque et une minuscule chapelle sont situées
au deuxième étage de cette maison centenaire.
Benoît Lacroix, qui prête son nom au centre, dit en
riant que cet honneur le vieillit. «Mais d'un autre côté,
il s'agit d'un centre pour étudiants, ce qui me rajeunit.»
M. Lacroix, qui est professeur émérite à
la Faculté des arts et des sciences après avoir
enseigné 45 ans en histoire, études médiévales
et études françaises, personnifie à merveille
le lien entre l'Université de Montréal et les Dominicains,
selon les administrateurs du centre. «Vous savez, confie
le principal intéressé, j'ai certainement passé
plus d'heures à l'Université que chez les Dominicains
au cours de ma vie.»
Mathieu-Robert Sauvé