Les Québécois de souche sont invités
à participer à la Semaine interculturelle.
Au Québec, l'arrivée
de nouveaux immigrants au sein de la société est
traitée en fonction d'une politique d'intégration.
Curieusement, lorsqu'a lieu la Semaine interculturelle sur le
campus de l'Université de Montréal et de ses écoles
affiliées, ce sont les Québécois de souche
qui ont le plus de difficulté à... s'intégrer
aux événements.
La participation est peu élevée, les échanges
se font avant tout entre groupes ethniques et les représentants
de ces communautés ratent l'occasion de mieux connaître
la société québécoise, ce qui est
un des buts de l'événement; et l'inverse est aussi
vrai.
«Les Québécois de souche ont l'impression
qu'un tel événement s'adresse aux communautés
culturelles autres que la leur. Nous voulons les recruter et les
faire participer à nos activités», dit Nabil
Nakhostine, président de l'Association des études
bahaïes, étudiant au doctorat en physiologie et un
des responsables de la Semaine interculturelle sur le campus,
qui se déroule du 11 au 15 novembre.
C'est donc avec l'objectif de sensibiliser les Québécois
de souche que le programme des activités a été
élaboré pour cet événement tenu pour
la sixième fois à l'Université. De plus,
la participation étudiante à son organisation a
été nettement augmentée.
«Contrairement aux dernières manifestations qui avaient
un caractère plus folklorique, notre programme comprend
des rencontres où auront lieu des échanges approfondis
sur la question de la pluralité au Québec»,
mentionne Martine Otou, membre du Comité permanent sur
le statut de la femme et étudiante au doctorat en droit.
Ce programme comprend des conférences telles que «L'école
ethnique: un tremplin vers la "ghettorisation" ou vers
l'intégration à la société québécoise?»,
«Éthique et diversité culturelle dans le monde
des affaires», etc.
D'autres activités incluant des projections de films, des
stands d'information et une dégustation de desserts à
saveur internationale sont inscrites au programme. Pour en connaître
tous les détails, voir le calendrier des activités
ci-contre.
Comme le faisait remarquer Mme Otou, l'Université est un
microcosme de la société en général,
incluant son caractère pluraliste. En conséquence,
elle ne doit plus être uniquement «un dispensateur
de savoirs» mais favoriser la prise de conscience de cette
diversité.
Ange Langlois, vice-président à l'organisation et
à la vie associative à l'Association générale
des étudiantes et étudiants de la Faculté
de l'éducation permanente (AGEEFEP), va encore plus loin.
Selon lui, l'intégration multiculturelle dans le milieu
scolaire est harmonieuse aux niveaux primaire et secondaire. Mais
au collégial et à l'université, le clivage
s'accroît entre les étudiants.
«Dans quelques années, les étudiants du primaire
et du secondaire se retrouveront aux niveaux supérieurs,
accentuant le caractère multiethnique de ces établissements.
Il faut apprendre à connaître nos différences
et à nous rapprocher afin de diluer toute forme de frustrations
et de frictions qui pourraient apparaître», insiste-t-il.
Un grand besoin de permanence
Selon ces trois étudiants, les objectifs poursuivis par
une semaine interculturelle ont peu de chances d'être atteints
si un événement comme celui-là demeure ponctuel.
Ce qu'il faut, c'est assurer une certaine forme de permanence
et une visibilité.
Membre de l'Assemblée universitaire (AU), Ange Langlois
affirme que l'AGEEFEP souhaite voir l'AU adopter une politique
institutionnelle en matière de relations interculturelles.
Selon Martine Otou, l'Université est très sensible
à la question interculturelle et la création d'organismes
destinés à répondre à de tels besoins
le prouve. Mais d'autres gestes doivent être accomplis,
notamment dans le domaine de l'encadrement des étudiants
étrangers, qui sont 2500 sur le campus, incluant Polytechnique
et les HEC.
Guy Lafond, conseiller au Bureau des services aux étudiants
étrangers, nuance cette intervention et rappelle que l'établissement
a un service efficace dans ce domaine.
Pour Mme Otou, il reste que la création d'un comité
interculturel permanent bonifierait les efforts déjà
consentis sur ce plan.
André Duchesne