La fondation Desjardins soutient ses travaux de doctorat
en environnement agricole.
Étudiant au doctorat
en sciences humaines appliquées, Paul Caouette vient de
mériter une importante bourse d'études de 25 000
$ décernée par la fondation Desjardins.
Ingénieur rural de formation, il a décidé
de revenir aux études après cinq ans passés
comme consultant en assainissement agricole pour la firme BPR
de Québec. «J'ai constaté que la technologie
évolue et que le public se préoccupe de la qualité
de l'environnement, mais qu'il n'y a pas nécessairement
de concordance entre les deux phénomènes»,
explique l'étudiant.
«Ceux qui réalisent les transformations technologiques
connaissent mal les préoccupations et les besoins de la
société, alors que le public ne connaît pas
toujours les conséquences de ses choix environnementaux.
Par exemple, les agriculteurs sont prêts à renoncer
à certains engrais ou pesticides, mais le public veut toujours
avoir des concombres bien formés. Je veux faire la jonction
entre les deux mondes, mettre les gens en contact, et approfondir
la réflexion sur le coût et les impacts environnementaux
de la technologie.»
Plus précisément, Paul Caouette cherche à
établir comment cette jonction pourrait se faire au sein
de l'industrie agricole pour maintenir une production viable tout
en protégeant l'environnement et les ressources. Il souhaite
pouvoir vulgariser la problématique à des fins éducatives
dans le milieu.
Doctorat interdisciplinaire
«Je voulais faire quelque chose de semblable à ce
que fait Pierre Dansereau, c'est-à-dire associer les sciences
pures à la réflexion sociale pour viser la cohérence
dans les actions. Mais il m'a dit que ce type de formation ne
s'enseignait pas», relate Paul Caouette.
C'est alors qu'il a découvert, grâce au professeur
Jean-Guy Vaillancourt qui deviendra son directeur de thèse,
le doctorat en sciences humaines appliquées, un programme
multidisciplinaire offrant une approche par problème plutôt
que par discipline. «C'est ma rencontre avec ces deux fonceurs
qui m'a donné le goût de m'engager dans ce doctorat.»
Le programme relève directement de la Faculté des
études supérieures et puise dans la banque de cours
de neuf départements. Une soixantaine d'étudiants
y sont inscrits et la plupart ont une expérience du marché
du travail.
«Malheureusement, à chaque annonce de compressions,
nous risquons de perdre notre secrétariat», déplore
l'étudiant qui est aussi président de l'Association
des étudiants du doctorat en sciences humaines appliquées.
L'Association mène actuellement une bataille pour la sauvegarde
du secrétariat qui risque d'être relégué
à un département. Les étudiants craignent
que le doctorat perde ainsi de son importance.
Efforts récompensés
Paul Caouette se dit très fier, et avec raison, d'avoir
décroché la bourse de la fondation Desjardins en
environnement. L'objectif, qui est de soutenir l'analyse des décisions
politiques en lien avec l'orientation des choix environnementaux,
entrait exactement dans ce qu'il voulait faire. C'était
pour lui une source à la fois de stimulation et de valorisation.
Cette fierté est d'autant méritée qu'il a
dû, il y a à peine trois ans, réapprendre
les fonctions élémentaires de la vie. En 1993, il
était en effet opéré pour une tumeur au cerveau.
«Je pouvais me réveiller de l'opération quadraplégique
ou aphone», souligne-t-il.
L'intervention s'est heureusement bien déroulée,
mais il a quand même dû abandonner le travail. «À
ce moment-là, je ne pouvais pas lire plus d'une page par
jour.» Aujourd'hui, même s'il doit encore faire attention
à sa santé, il a réussi à terminer
sa scolarité de doctorat!
Cette épreuve l'a amené à aborder ses convictions
plus sereinement. «J'ai réfléchi sur l'environnement,
la qualité de vie, le développement durable et je
vais maintenant plus à l'essentiel, déclare-t-il.
Il faut cesser de se cacher les problèmes. Les gens se
préoccupent plus de la technologie que de la réflexion;
on trouve plus facile de construire des chars d'assaut que de
régler le problème de la faim. Il faut viser la
cohérence dans nos actions.»
C'est un peu de cette cohérence qu'il souhaite pouvoir
apporter par ses recherches dans nos pratiques environnementales.
Daniel Baril