Les deux tiers des 1350
membres du service de covoiturage de l'Université de Montréal
et de ses écoles et hôpitaux affiliés sont
des femmes. «On ignore la raison de ce phénomène,
explique Pierre Joannette, employé du service, mais on
pense que les femmes sont peut-être moins individualistes
que les hommes.»
Économique, pratique et environnementalement correct, le
service de covoiturage de l'Université de Montréal
a une histoire récente. Il a été fondé
en 1990 par Jean Dermine, un employé du Bureau de recherche
institutionnelle, qui s'étonnait du nombre de conducteurs
déambulant seuls dans leur véhicule. Un service
de covoiturage réduirait la pollution tout en créant
des économies.
On peut dire que ses objectifs sont en partie sur le point d'être
atteints. Quotidiennement, des chauffeurs prennent des passagers
d'aussi loin que Saint-Jovite, Sainte-Agathe, Sorel, Blainville,
Saint-Jean-sur-Richelieu avant de se diriger vers le campus. D'autres
ont trouvé des partenaires pour un aller-retour à
Baie-Comeau, Val-d'Or, La Tuque et même le Nouveau-Brunswick.
Le principe est simple: les employés du service mettent
passagers et chauffeurs d'un même quartier ou d'une même
localité en communication. À partir de là,
c'est à eux de s'entendre sur les modalités et les
frais. Le nombre de membres est passé de 400 en 1991 à
1000 en 1995. L'an prochain, on vise un objectif de 1500 membres.
Ce qui est compliqué avec cette clientèle, c'est
que les horaires varient beaucoup d'une personne à l'autre
et d'un trimestre à l'autre. «Aux rentrées
de septembre et de janvier, nous devons rappeler chaque membre
pour connaître les modifications à son horaire. Nous
avons compté environ 400 annulations en septembre, principalement
parce que les étudiants avaient quitté l'Université»,
explique M. Joannette.
Plusieurs types de covoiturage
Le covoiturage ne se limite pas qu'aux chauffeurs qui passent
chercher un ou deux passagers à leur domicile. Une formule
appréciée est la «rotation des véhicules»,
permise notamment par l'interchangeabilité des permis de
stationnement. Très populaire dans les banlieues, cette
formule permet de réduire l'usure des véhicules.
On compte jusqu'à cinq voitures pour autant de passagers.
Les employés et étudiants qui ont de la famille
en région peuvent aussi ajouter leur nom à la banque
du service de covoiturage.
À l'occasion de congés prolongés ou même
d'une longue fin de semaine, ils pourront partager les frais pour
diverses destinations dans la plupart des régions du Québec.
Les étudiants qui suivent des cours du soir forment une
autre clientèle intéressante. Il y aurait actuellement
une forte demande pour la région de Montréal et
les banlieues, particulièrement pour le trajet du retour,
après les cours.
Actuellement étudiant en arts et sciences, Pierre Joannette
faisait un majeur en géographie quand il a entendu parler
du service de covoiturage. «Sans être un crack en
environnement, je suis sensible à ces questions et je crois
que chacun doit faire sa part, même si je n'ai pas d'auto
moi-même», dit-il.
Il est l'un des cinq permanents du service de covoiturage, dirigé
par Guy Labelle, surintendant aux stationnements. C'est grâce
à une subvention de 13 000 $ (dont 2500 $ de l'École
des HEC) que cette permanence, assurée par des étudiants,
a été rendue possible.
M.-R.S.