Dans son mémoire
présenté au Groupe de travail sur le financement
des universités, l'Université de Montréal
propose de remplacer le mode actuel de financement par une formule
inspirée de celle en vigueur depuis plus de 25 ans en Ontario
et adoptée récemment en Colombie-Britannique.
Actuellement, le gouvernement québécois finance
les universités en établissant un coût moyen
pour les différents secteurs d'enseignement et pour chacun
des trois cycles. Ce calcul est appliqué uniformément
à toutes les universités.
«Une telle formule désavantage les universités
comme la nôtre fortement engagées dans les études
supérieures et en recherche, souligne le vice-recteur à
l'administration Patrick Molinari. L'Université de Montréal
est également présente dans les secteurs les plus
dispendieux comme médecine, médecine dentaire, médecine
vétérinaire ou optométrie.»
Pour faire face à ce désavantage, l'U de M doit
procéder à des réallocations de ressources
entre les facultés et les départements. La méthode
actuelle ne tient pas compte non plus de la durée variable
du temps qu'il faut consacrer - selon la discipline - à
une maîtrise ou à un doctorat.
Selon le vice-recteur, même si la méthode de calcul
utilisée en Ontario pour pondérer le financement
entre les disciplines et les cycles demeure en deçà
des besoins réels, elle rend mieux compte de la réalité
des coûts.
La voie proposée par l'U de M repose sur la nécessité
d'adopter des missions différenciées pour les universités,
autre réalité dont la méthode ontarienne
tiendrait compte.
La conception univoque voulant que chaque établissement
puisse se donner une mission dans tous les domaines et à
tous les cycles est jugée «non souhaitable et peu
efficiente dans un contexte budgétaire en croissance»
et «inacceptable et irréaliste lorsque l'État
entreprend de réduire de plus de 25 % le financement des
universités».
«Nous sommes conscients que l'enveloppe budgétaire
est fermée, ajoute Patrick Molinari, et qu'une modification
à la formule de financement créera de la turbulence.
C'est pourquoi nous proposons une mise en oeuvre progressive.»
Le mandat du Groupe de travail précise même que celui-ci
doit «éviter toute avenue qui nécessiterait
d'accroître à court terme le financement gouvernemental
des universités» et qu'il doit «éclairer
le gouvernement dans sa volonté de diminuer les coûts».
De plus, l'Université de Montréal demande qu'il
n'y ait aucun «définancement» découlant
des variations de clientèles pour une période allant
de trois à cinq ans. La formule de financement devrait
également contenir des dispositions incitant les universités
au partage et à la concertation.
Mandat remis en question
Les auteurs du mémoire émettent de sérieuses
réserves à l'endroit du mandat du Groupe de travail.
Après avoir rappelé que le débat sur la formule
de financement dure depuis plus de 20 ans et que la réforme
souhaitée a plusieurs fois avorté ou est demeurée
inachevée, on doute que le Groupe de travail puisse livrer
la marchandise au terme de son mandat d'à peine deux mois
et demi.
«Vouloir résoudre les contradictions qui ont émergé
au fil des années dans un délai aussi court consiste
peut-être à méconnaître le poids réel
des enjeux», peut-on lire. Les auteurs mettent donc le Groupe
de travail en garde contre le danger de n'examiner que de «simples
solutions cosmétiques» et contre des solutions qui
ne viseraient qu'à «simplement conforter la volonté
du gouvernement de diminuer les coûts de l'enseignement
universitaire».
Le mémoire invite même les membres du Groupe de travail
à «ne pas accorder beaucoup d'attention aux questions
soulevées aux points 2.2 et 2.3» de leur mandat.
Le point 2.2 concerne le «définancement» des
programmes courts (voir en page 1) alors que le point 2.3 invite
à «exclure du financement public certains cours dont
le contenu ne serait pas clairement de niveau universitaire».
Pour l'U de M, l'implantation d'une nouvelle formule de financement
devrait constituer l'enjeu principal du Groupe de travail.
Le mémoire conclut donc en suggérant au Groupe de
solliciter une prolongation de mandat afin que la formule renouvelée
repose sur des objectifs stratégiques clairement définis
et qui tiennent compte d'une différenciation des missions.
Daniel Baril