Le 5 octobre dernier, Jean-Panet Fauteux s'éteignait
à Montréal, à la suite d'une longue et pénible
maladie. La Faculté de médecine, le Département
de chirurgie de l'Université de Montréal et le service
de chirurgie de l'Hôtel-Dieu venaient de perdre un excellent
chirurgien général et thoracique, dévoué
à ses patients et très engagé dans la réforme
de l'enseignement de la chirurgie.
Né à Montréal le 26 juin 1923, le Dr Fauteux
a fait ses études classiques au Petit Séminaire
de Sainte-Thérèse et au collège Sainte-Marie.
En 1950, il obtient son diplôme de la Faculté de
médecine de l'Université de Montréal avec
la mention Summa cum laude. Il devient ensuite résident
en chirurgie générale et thoracique à l'Hôtel-Dieu.
Boursier R.S. McLaughlin, il devient associé en recherche
à l'Université John Hopkins de Baltimore, où
il se lie d'une amitié profonde et durable avec des chirurgiens
aussi éminents que Alfred Blalock, Frank Spencer, David
Sabiston et James Jude. Cette amitié qu'il a su cultiver
pendant toute sa vie a permis à plusieurs résidents
canadiens d'aller parfaire leurs connaissances dans les meilleurs
centres américains.
De retour à l'Hôtel-Dieu de Montréal en 1957,
il pratique la chirurgie générale et thoracique.
Ses compétences chirurgicales et ses qualités de
chef sont rapidement reconnues et, dès 1970, il prend la
direction du service de chirurgie, qu'il assumera jusqu'en 1979.
L'Université de Montréal reconnaît ses talents
d'enseignant et d'administrateur et le nomme professeur titulaire
au Département de chirurgie en 1975. Son engagement dans
la réforme de l'enseignement de la chirurgie, son autorité
dans la direction des hommes et ses qualités de gestionnaire
incitent la Faculté de médecine à lui confier
le poste de directeur du Département de chirurgie, fonction
qu'il occupera jusqu'en 1986. De sérieux problèmes
de santé l'obligent alors à prendre une retraite
prématurée.
Le Dr Fauteux a joué un rôle important dans la réforme
de l'enseignement de la chirurgie depuis l'externat jusqu'à
la résidence. Avec ses associés, il a défini
les objectifs des programmes de formation de toutes les disciplines
chirurgicales offertes par le Département et a réformé
les comités d'admission en chirurgie de même que
le comité de la recherche. Ces changements auraient été
impossibles sans la réorganisation d'un secrétariat
permanent sur le campus et sans la collaboration quotidienne des
secrétaires administratives exceptionnelles qui l'assistaient.
On doit également au Dr Fauteux l'instauration et l'organisation
des journées scientifiques chirurgicales de l'Hôtel-Dieu
et de l'Université de Montréal. Ces rencontres annuelles
continuent d'être la vitrine du travail scientifique et
de la recherche faits au Département de chirurgie.
De nombreuses sociétés chirurgicales provinciales,
nationales et internationales dont il était membre ont
reconnu ses compétences et l'ont honoré de leur
présidence: la Société canadienne du cancer
de 1965 à 1969, l'Association des chirurgiens cliniciens
enseignants des universités de l'est du Canada en 1978,
l'Association des chirurgiens généraux du Canada
en 1983. Il a été professeur invité dans
plusieurs universités au Canada, en Europe et au Moyen-Orient.
Homme d'action, de décision et de caractère, il
possédait nécessairement les défauts de ses
qualités. Ferme, impulsif, sûr de lui, il n'hésitait
pas cependant à accepter le point de vue de ses interlocuteurs
si ceux-ci lui démontraient la logique de leurs opinions.
Sous une écorce plutôt rude se cachait un homme au
coeur sensible, loyal et généreux. La fidélité
et la loyauté de Jean-Panet Fauteux envers l'Université
de Montréal, l'Hôtel-Dieu et ses amis n'ont jamais
été mises en doute. Non seulement était-il
généreux de sa personne et de son temps, mais il
l'a été également de ses deniers: il a été
un des fondateurs de la Fondation pour la recherche en chirurgie
de Montréal.
Le décès de Jean-Panet Fauteux est donc une grande
perte pour l'Université, l'Hôtel-Dieu et toute la
société chirurgicale québécoise et
canadienne. Il laisse également dans le deuil une famille
à laquelle il était très attaché:
sa femme Suzanne Moisan qui, pendant toute sa vie, l'a appuyé
avec ferveur; ses enfants Michel, Nicole, Jean A.; et ses petits-enfants
qu'il adorait, ses frères André et Claude qu'il
admirait. À tous les membres de sa famille éprouvée,
en mon nom personnel et au nom des membres de l'Hôtel-Dieu
et des représentants de l'Université de Montréal,
nous offrons nos plus sincères condoléances.
Marcel J. Rheault, M.D.
Professeur retraité