Une partie des revenus sert à financer la recherche
à la Faculté de médecine dentaire.
Dans le domaine des
produits de médecine dentaire, Brillance, un système
de blanchiment à domicile pour les dents, porte fièrement
l'étiquette «Made in Québec».
Élaboré par les professeurs Daniel Fortin, André
Prévost et Pierre de Grandmont, de la Faculté de
médecine dentaire, et distribué par la compagnie
Synca, Brillance fait la barbe aux produits américains,
omniprésents dans cette sphère commerciale.
«Nous n'étions pas satisfaits des produits disponibles,
pas plus que de leurs méthodes et notions techniques. Nous
avons mis deux ans à fixer les paramètres d'un nouveau
produit», indique le Dr Fortin.
La mise en marché a eu lieu il y a deux ans au Québec.
Une percée, encore modeste, a été faite en
Ontario. Dans l'avenir, on vise le marché européen,
surtout francophone.
Les systèmes de blanchiment des dents existent depuis un
siècle. Il s'agit d'un gel à base de peroxyde que
l'on applique dans une gouttière fixée aux dents.
Au début, sa forte concentration en limitait l'usage aux
cabinets de dentistes. Depuis plusieurs années, on emploie
le peroxyde de carbamide (concentré à 2 % ou 3 %),
un antiseptique buccal, ce qui permet de le commercialiser en
pharmacie.
Le peroxyde agit sur la coloration des dents grâce à
la libération d'oxygène qui oxyde les grosses molécules
de tabac, de minéraux et de nourriture et qui les décompose.
En présence de molécules plus petites, la lumière
est ainsi mieux réfléchie.
Il y a trois types de coloration: normale, de formation et causée
par les médicaments. Brillance est surtout efficace sur
le premier type.
Ce produit se distingue des autres agents par sa concentration
en peroxyde dans le gel (11 %), ses gouttières amincies
et adaptées à chaque dentition et une nomenclature
(protocole opératoire pour le dentiste, feuillets explicatifs,
livret d'instructions et formule de consentement) rédigée
dans un français convenable.
La concentration idéale de peroxyde dans le gel restait
encore à déterminer. Auparavant, certains utilisateurs
ont éprouvé des problèmes d'irritation des
gencives. Quant aux gouttières, il allait de soi de favoriser
le produit le plus esthétique possible.
«Les premières gouttières avaient l'apparence
de protecteurs sportifs. Les nôtres sont beaucoup plus minces
et peu visibles», indique André Prévost, vice-doyen
à l'enseignement à la Faculté.
Les usagers doivent porter ces gouttières de deux à
trois heures par jour, durant deux semaines, peut-être trois.
On blanchit d'abord les dents du haut, puis celles du bas. Durant
la période de traitement, on ne peut manger lorsque l'on
porte la gouttière. Les fumeurs doivent carrément
cesser de fumer, gouttière ou pas dans la bouche, car le
peroxyde amplifie les effets pervers de la nicotine sur la santé.
Les gouttières sont fabriquées à partir d'un
moulage des dents fait par le dentiste. Ce dernier fait l'ajustement
en bouche et donne des instructions au patient pour la suite.
À la fin du traitement, les résultats sont probants.
Depuis les premières expérimentations, peu de personnes
ont connu de nouveau des problèmes de coloration.
À la clinique de médecine dentaire de l'U de M,
le coût de ce produit est de 140 $; il est plus élevé
en pratique privée. Quinze pour cent des revenus retournent
au Département de dentisterie de restauration de la Faculté
et sont utilisés pour la recherche.
Les chercheurs préfèrent taire les montants rapportés
puisqu'ils donneraient une indication sur les profits de Synca.
«Mais pour le Département, c'est significatif»,
disent-ils.
MM. Fortin, Prévost et de Grandmont sont convaincus de
la valeur de leur produit. «Il est tellement efficace qu'un
compétiteur de Synca distribue une copie conforme de Brillance»,
dit Daniel Fortin.
André Duchesne