L'Orchestre symphonique de Montréal compte quatre clarinettistes,
parfois cinq, exceptionnellement six. Le Choeur de clarinettes
de l'Université de Montréal regroupe quant à
lui... 24 membres!
La comparaison est, convenons-en, inégale, mais ces chiffres
donnent quand même une idée de la puissance déployée
par le contingent de musiciens formant le Choeur.
Que l'on imagine un peu l'effet saisissant de 24 instruments de
cette famille jouant ensemble: clarinettes piccolos, sopranos,
altos, basses et contrebasses. Non seulement l'interprétation
des pièces est originale mais le répertoire est
quasi inépuisable.
«La clarinette est un des instruments qui développent
le plus de flexibilité sur les plans de la dynamique et
de l'articulation. Les sons qu'on en tire vont d'une douceur extrême
à une grande force.» Pour illustrer son propos, André
Moisan, fondateur et directeur du Choeur de clarinettes, s'exécute
illico. Quelques notes jouées pianissimo sont suivies d'une
avalanche de do, de ré, de mi des plus jazzés.
L'incroyable variété de projets que caressent André
Moisan et les membres de cet ensemble démontre à
quel point la clarinette est un instrument polyvalent. Ces musiciens
viennent d'aussi loin que de Québec toutes les semaines
pour participer aux répétitions. En un an, ils sont
passés de 10 à 24. Actuellement, le Choeur rassemble
des étudiants inscrits au cours de clarinette à
l'U de M et des jeunes diplômés d'ici et de quelques
autres universités québécoises.
«Nous interprétons plusieurs pièces de Bach
et de Mozart. On nous a préparé d'excellentes transcriptions
d'oeuvres pour orgue. Dernièrement, nous avons joué
le Troisième Concerto brandebourgeois (J.S. Bach). L'an
dernier, nous avons interprété la Cinquième
Symphonie de Beethoven avec timbales», raconte André
Moisan.
Du baroque, ce répertoire s'étend jusqu'à
nos jours, avec une vigoureuse incursion dans le monde du jazz.
«Nous avons déjà préparé huit
pièces avec le trio de jazz François Bourassa. Notre
souhait le plus cher est de jouer au Festival international de
jazz de Montréal», poursuit le clarinettiste.
André Moisan voit dans ce type d'ensemble «une occasion
rêvée de développer une sonorité extraordinaire».
Le plus gros écueil, c'est celui de maintenir une exécution
juste.
Unique au Canada?
Formé l'an dernier, le Choeur de clarinettes de l'U de
M est peut-être unique en son genre au pays. André
Moisan n'ose pas aller jusqu'à l'affirmer, un ensemble
de ce genre pouvant exister dans l'Ouest.
Chose certaine, ce genre d'ensemble est assez rare et son rayonnement,
quelle que soit la qualité des membres, est moins étendu
qu'un grand orchestre comme l'OSM. «Il y a des ensembles
importants en Belgique, aux États-Unis et au
Japon, indique toutefois le directeur-fondateur. Récemment,
j'ai découvert un autre choeur à Stockholm grâce
à Internet», raconte-t-il.
L'intérêt pour ce genre de formation va toutefois
en s'accroissant. Le fait que la clarinette est l'instrument pour
lequel s'est écrit le plus de musique au XXe siècle
n'est pas étranger à ce mouvement.
Dans le contexte actuel, le Choeur de clarinettes de l'U de M
se débrouille plutôt bien. Aux projets ci-dessus
nommés et aux deux concerts donnés par trimestre
s'ajoute le projet imminent d'un enregistrement.
En concert le 7 novembre
À très court terme, l'événement à
retenir est le concert que présentera le Choeur le 7 novembre
à la salle Claude-Champagne.
Plusieurs oeuvres du XXe siècle seront au programme. La
formation sera accompagnée de trois solistes, dont un trompettiste.
Le clou de cette soirée sera la présentation de
deux pièces originales écrites par Patrice Coulombe
et Chantal Laplante, deux étudiants en composition. Leurs
pièces ont été choisies dans le cadre du
concours du Cercle des compositeurs. L'entrée à
ce concert est gratuite.
André Duchesne