La FAS met l'expertise de son atelier d'usinage et d'instrumentation
au service de l'ensemble de la communauté universitaire.
L'heure est à la mise en commun des
ressources. Au laboratoire René J.A. Lévesque -
nouvelle dénomination de l'ex-Laboratoire de physique nucléaire
-, on cherche résolument à prendre le virage.
En 30 ans d'existence, ce laboratoire a permis à l'équipe
de son atelier technique d'acquérir une expertise inestimable
et irremplaçable en conception et fabrication d'appareils
de toutes sortes. Composée de quatre techniciens et d'un
ingénieur, «l'équipe a toujours collaboré
de très près avec les chercheurs, notamment ceux
du Groupe de physique des particules, pour répondre à
leurs besoins en appareillage de haute technologie», souligne
Louis Lessard, professeur au Département de physique.
«Habitués à travailler dans les conditions
particulières de la recherche universitaire, ces techniciens
ont acquis des compétences que l'on retrouve difficilement
dans l'entreprise privée.»
Mentionnons, à titre d'exemple, que plusieurs appareils
uniques installés sur les accélérateurs de
particules en usage au laboratoire et même sur l'accélérateur
du CERN, en Suisse, ont été usinés à
l'atelier du laboratoire. Une prothèse multifonctionnelle
de la main, conçue pour l'Institut de réhabilitation
de Montréal en collaboration avec l'École Polytechnique,
la chambre à vide du spectromètre de masse du Département
de chimie, divers logiciels et consoles électroniques pour
systèmes «en ligne» ainsi que la fameuse caméra
à infrarouge de l'observatoire astronomique du mont Mégantic
figurent également parmi les réalisations dignes
de mention de l'atelier.
Conserver les compétences
Malheureusement, la
diminution des subventions et les abolitions de postes mettent
en péril le maintien de cette expertise acquise au fil
des décennies. «Les techniciens ont été
engagés grâce aux fonds spéciaux des projets
de recherche, mais les organismes subventionnaires financent de
moins en moins les infrastructures, reprend Louis Lessard. Les
groupes de recherche n'ont plus les moyens de s'offrir le soutien
technique qui continue par ailleurs d'être essentiel à
la recherche.»
Pour contrer cette menace et conserver les compétences
au sein de l'Université, le vice-doyen à la recherche
de la Faculté des arts et des sciences, Joseph Hubert,
a voulu donner une visibilité à ces techniciens
en créant le Groupe technologique; l'objectif est d'ouvrir
les ateliers du laboratoire aux projets des autres départements
et même d'offrir des services de conception et d'usinage
aux entreprises de haute technologie. La coordination du développement
de ce groupe a été confiée à Louis
Lessard.
Il arrive que certains groupes de recherche fassent réaliser
leurs outils à l'extérieur de l'Université
parce qu'ils ont perdu leurs techniciens et qu'ils ignorent l'existence
et les ressources du Groupe technologique.
«Il est pourtant avantageux pour les chercheurs de pouvoir
faire produire les pièces sur place puisqu'ils peuvent
suivre leur élaboration», fait remarquer Jacques
Bérichon, responsable du service d'usinage. «Les
besoins et la notion de prototype peuvent évoluer en cours
de route et le chercheur peut communiquer plus directement avec
les techniciens.»
Par ailleurs, il semble qu'il ne soit pas encore dans les moeurs
universitaires d'aller vers des départements autres que
le sien, chacun ayant pris l'habitude de se développer
de façon la plus autosuffisante possible. Une habitude
que déplore Louis Lessard: «Le partage des ressources
nécessite un changement d'attitude, dit-il. La mise en
commun de nos moyens peut servir mieux la communauté universitaire
que l'autarcie.»
Le type de service proposé par le Groupe technologique
peut prendre différentes formes. Au Département
de physiologie par exemple, le Conseil de recherche médicale
en sciences neurologiques a retenu les services d'un technicien
du Groupe pour un tiers de son temps sur une base annuelle. Les
services pourraient aussi être retenus sur une base horaire
pour des projets particuliers.
Face aux entreprises extérieures, Jacques Bérichon
estime que les compétences particulières que le
Groupe a acquises dans le milieu de la recherche peuvent être
compétitives avec celles de l'entreprise privée.
«Nous avons la souplesse d'action nécessaire aux
conditions de la recherche et nous pouvons nous en tenir plus
facilement à une estimation globale.» L'Université
Carleton aurait réussi de façon exemplaire une telle
collaboration avec les industries de haute technologie.
«Il est essentiel d'utiliser nos ressources et compétences
de la façon la plus judicieuse possible, conclut M. Lessard,
sinon les services sous-utilisés risquent de disparaître.»
Daniel Baril