Des chercheurs s'attaquent aux maladies héréditaires
chez les chiens de race.
Des professeurs et des
chercheurs de la Faculté de médecine vétérinaire
ont ébauché un projet de longue haleine dans le
but de dépister en bas âge les troubles de dysplasie
de la hanche chez les chiens de race.
Cette maladie fait partie d'une longue série de problèmes
héréditaires présents chez plusieurs chiens
de race. La proportion d'animaux atteints est significative et
justifie une telle étude, indique Norbert Bonneau, professeur
à cette faculté sise à Saint-Hyacinthe.
«Nous nous sommes entendus pour avoir la coopération
de Mira (cet organisme voué à l'entraînement
de chiens guides pour les aveugles). Nous allons examiner tous
leurs chiens», dit-il.
Le siège social de Mira est situé à Sainte-Madeleine,
ville voisine de Saint-Hyacinthe. L'élevage et l'entraînement
de ces animaux coûtent plusieurs milliers de dollars et
l'entraînement de chaque animal dure un an. On ne peut donc
pas se permettre d'entraîner un chien durant tout ce temps
pour se rendre compte par la suite qu'il est incapable d'accomplir
son travail.
La dysplasie se caractérise par une cavité de la
hanche peu profonde et une tête fémorale aplatie.
Comme les deux parties ne s'emboîtent pas adéquatement
l'une dans l'autre, il y a luxation et l'animal boite. On peut
opérer pour corriger le problème, mais ces interventions
chirurgicales sont relativement dispendieuses.
«Il faut arriver à dépister le plus tôt
possible les animaux qui en sont atteints afin de les retirer
du cycle de reproduction chez les chiens de race, explique Norbert
Bonneau. Le projet présenté consiste à utiliser
de nouvelles méthodes de palpation et de radiographie qui
pourraient éventuellement permettre de déterminer
de façon plus précoce la présence de cette
malformation.»
En fait, précise le Dr Jacques Dupuis, vétérinaire
qui a ébauché l'ensemble du projet, on veut standardiser
la méthode de palpation chez les vétérinaires.
Cette approche, peu coûteuse et accessible, permettrait
de diagnostiquer plus facilement la maladie.
Le second volet du projet consiste à déterminer
ce qui cause le développement de cette dislocation. Contrairement
à ce que l'on voit chez l'humain, les chiens de race ne
naissent pas avec la maladie. Elle se développe durant
les premiers mois et l'on veut savoir pourquoi.
Actuellement, on détecte cette malformation vers l'âge
de un an. La nouvelle technique pourrait permettre de poser un
diagnostic aussi tôt qu'à quatre mois.
Un problème troublant chez les chiens de race
Que ce soit la dysplasie ou d'autres malformations et maladies
héréditaires, leur fréquence chez les chiens
de race est telle qu'elle inquiète les vétérinaires.
S'il ne dispose pas de statistiques pour le Québec, le
Dr Bonneau indique que des études menées chez nos
voisins du Sud confirment hors de tout doute ces problèmes.
Les pathologies recensées touchent tous les systèmes
de l'animal: les os, le cardiovasculaire, les yeux, etc. L'incidence
est encore plus forte chez les races de chiens les plus populaires
tels les golden retreivers et les labradors.
«Les éleveurs et les vétérinaires ont
fait des efforts importants pour déterminer plus tôt
la présence de ces tares, mais les résultats ont
été très décevants», indique
Norbert Bonneau.
La conjugaison de plusieurs éléments a conduit à
cette situation. Par exemple, la sélection a été
«trop poussée, trop exagérée».
En privilégiant des croisements entre certains spécimens,
on a voulu accentuer les caractères physiques les plus
appréciés. En contrepoint, on a amplifié
les défauts.
Ainsi, chez le bouledogue, on a souhaité que l'animal ait
le museau le plus plat possible. Résultat: il a du mal
à respirer.
Le peu de scrupules manifesté par certains éleveurs
qui ont fermé les yeux sur des croisements non souhaitables
n'a pas arrangé les choses. Mais cette situation est loin
d'être généralisée, avertit le professeur
Bonneau. «Il y a plusieurs éleveurs consciencieux
qui s'assurent d'un bon croisement entre leurs chiens»,
dit-il.
Si ce problème va donner du boulot pour des années
à venir aux chercheurs en médecine vétérinaire,
ces derniers préféreraient de loin que les animaux
soient en bonne santé. Pour y arriver, les erreurs commises
dans le passé ne devront pas être répétées.
André Duchesne