La baisse de 6,6 % des
inscriptions au trimestre d'automne à l'Université
de Montréal ne représente qu'un reflet partiel de
l'état de la situation et ne change rien au fait que le
nombre de nouveaux étudiants inscrits à temps complet
au premier cycle s'est stabilisé.
«Ça, c'est une donnée importante et nous devons
nous en réjouir», a indiqué à Forum
le registraire, Fernand Boucher. Ce dernier a rencontré
le journal pour faire le point sur les dernières statistiques
rendues publiques par la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec (CREPUQ).
Il faut d'abord indiquer que, s'il est vrai que l'Université
de Montréal a enregistré une baisse de 6,6 % en
chiffres absolus (autrement dit en têtes de pipe) du nombre
de ses étudiants, celle-ci est beaucoup moins importante
lorsqu'on traite les données en fonction du nombre d'inscrits
en équivalence à temps complet.
Or, c'est cette dernière donnée qui détermine
les budgets alloués par le gouvernement aux établissements.
Par exemple, une université qui compterait 1000 étudiants
prenant chacun trois crédits dans une année complète
recevrait la même subvention qu'une autre accueillant 100
étudiants s'inscrivant à 30 crédits chacun.
Il est aussi important de faire la distinction entre les inscrits
totaux et les nouveaux inscrits.
Les inscrits totaux représentent l'ensemble des étudiants
de tous les programmes, de toutes les années et de tous
les cycles d'un établissement. C'est ici que l'Université
de Montréal connaît une baisse de 6,6 %.
Or, cette diminution, qui a semé l'inquiétude, est
la résultante de la baisse des inscriptions chez les nouveaux
venus enregistrée ces dernières années. «Lorsque
l'on constate une chute de clientèle en première
année du baccalauréat, il ne faut pas perdre de
vue que ses répercussions se poursuivent pour toute la
période durant laquelle ces étudiants seront aux
études», dit M. Boucher.
Quant aux nouveaux inscrits, on aura compris que ce sont les personnes
qui en sont à la première année d'un programme,
donc qui arrivent à l'Université. À ce chapitre,
l'Université comptait 7060 nouveaux inscrits au 23 septembre
1996 comparativement à 7052 à pareille date l'an
dernier. Donc, une... hausse de 0,1%.
«Ces chiffres démontrent que l'Université,
par ses différentes campagnes de promotion, a réussi
à stabiliser l'inscription des nouveaux étudiants
comparativement à ce qui se passait les années précédentes»,
ajoute M. Boucher.
Deux baisses importantes
Il reste que des baisses ont été enregistrées
cette année chez les nouveaux venus dans deux secteurs
en particulier: dans les programmes liés à l'administration
de la santé et chez les étudiants libres.
On peut aisément expliquer la baisse enregistrée
dans les programmes de gestion de la santé. Avec le virage
ambulatoire, le personnel travaillant dans ces secteurs sera considérablement
réduit au cours des prochaines années, ce qui a
des effets directs sur l'intérêt des étudiants
pour ces programmes.
Quant aux étudiants libres, on constate à ce moment-ci
(au 10 octobre) une diminution de 36 %! Selon Fernand Boucher,
deux facteurs expliquent cette dégringolade: l'obligation
pour ces personnes d'acquitter leurs frais de scolarité
avant le début des cours et le fait qu'elles seront dorénavant
tenues à une forme d'évaluation.
Dans les deux cas, la plupart de ces étudiants sont inscrits
à temps partiel. Ce qui veut dire que la diminution, bien
qu'importante en chiffres absolus, a moins de conséquences
lorsqu'on l'analyse dans la perspective des étudiants en
équivalence à temps complet.
D'autres éléments, de moindre importance, doivent
également être considérés. Ainsi, il
n'existe pas de règles très précises quant
à la façon de faire le décompte des étudiants,
ce qui rend l'interprétation des données plus difficile.
De plus, les chiffres de la CREPUQ ont été rendus
publics le 9 octobre alors qu'ils donnent le portrait de la situation
au 23 septembre. Depuis, la situation a encore évolué.
Enfin, certains établissements avaient connu des «diminutions
très importantes» ces dernières années.
Pour eux, une remontée cette année ne peut que donner
un «portrait» plus joli que la réalité.
André Duchesne