Le rayonnement du Centre de recherche sur les transports
s'étend aux cinq continents.
Traverser un pont à
l'heure de pointe ou utiliser le métro ou l'autobus sans
se faire écraser par les autres usagers, c'est une bien
petite préoccupation au regard des problèmes de
structuration, de planification, de gestion et d'exploitation
inhérents aux différents réseaux de transport
urbain.
C'est à ce genre d'activités que se consacrent les
professeurs, chercheurs, professionnels et étudiants du
Centre de recherche sur les transports (CRT), qui célèbre
son 25e anniversaire cette année.
Depuis sa fondation, l'organisme a acquis une expertise et conçu
des outils spécialisés d'analyse destinés
à résoudre des problèmes concrets liés
aux transports qui lui ont valu respect et visibilité autant
au Québec que sur les cinq continents. Et l'avenir est
brillant, affirme le directeur, Teodor Gabriel Crainic.
«Nous allons continuer à mettre l'accent sur l'aspect
international dans ce domaine. L'axe Asie-Pacifique en est un
bon exemple. Lorsque nous avons élaboré un de nos
logiciels sur la planification de la circulation urbaine, nous
ne nous doutions pas que, dans une ville comme Shanghai, il faudrait
tenir compte du passage de deux millions de cyclistes sur un pont
à l'heure de pointe», dit-il.
Depuis sa fondation, le Centre s'est intéressé à
différents aspects de ces problèmes: transport des
personnes par automobile, distribution (courrier, enlèvement
des ordures, etc.), transport en commun, flux interrégional,
déréglementation dans les transports aérien
et de marchandises et, plus récemment, sécurité.
«Le CRT a été fondé à un moment
où les besoins sociaux étaient grands. Les villes
grossissaient, il y avait des problèmes de congestion et
autres. Il fallait mettre au point des méthodes de planification
et de gestion en fonction de cette nouvelle réalité»,
poursuit M. Crainic.
Les premiers participants sont venus des départements d'Informatique
et de recherche opérationnelle et de Sciences économiques.
D'autres chercheurs de différentes disciplines se sont
ajoutés, en fonction des recherches entamées. En
1988, l'École Polytechnique et l'École des Hautes
Études Commerciales se sont associées aux travaux.
C'est aussi à cette période qu'a été
fondé le Laboratoire sur la sécurité des
transports, ce qui a encore augmenté le champ d'activité
du CRT.
Aujourd'hui, le Centre compte une quarantaine de professeurs-chercheurs,
une vingtaine de professionnels et 80 étudiants. Ses projets
de recherche sont menés en collaboration avec des établissements
universitaires aux quatre coins de la planète. Des liens
toujours plus serrés ont également été
établis avec les divers paliers de gouvernement et l'entreprise
privée.
Les succès se sont accumulés au fil des ans. Prenons
uniquement l'exemple d'Hastus, ce logiciel permettant de concevoir
automatiquement des horaires d'autobus, de métros, de chemins
de fer et de traversiers en tenant compte des contraintes opérationnelles
qui s'y greffent. La STCUM et la STRSM en ont été
les premières utilisatrices. Aujourd'hui, Hastus est utilisé
dans plusieurs grandes villes du monde, dont Oslo, New York, Tokyo,
Singapour et Pretoria.
La recherche-développement, la formation mais aussi le
transfert scientifique et technologique de l'Université
vers l'industrie privée font partie de la mission du CRT.
«Nous n'avons pas de mandat de commercialisation»,
rappelle M. Crainic. En revanche, le Centre profite de ces transferts,
non seulement grâce au rayonnement que procure la vente
de ces outils à l'étranger mais parce qu'une partie
des bénéfices revient sous forme de subventions
à la recherche.
Selon Teodor Gabriel Crainic, les travaux des prochaines années
s'orienteront vers des champs tels que la gestion des données
et le transport de marchandises en temps réel, les problèmes
de sécurité et la gestion de risques dans les transports.
Par «temps réel», il veut dire la prise de
renseignements, l'analyse et le retour d'information aux usagers
dans un laps de temps extrêmement court.
Un exemple simple est celui de l'installation de caméras,
d'un centre de contrôle et de panneaux informatifs lumineux
sur l'autoroute Métropolitaine. Et encore, il s'agit là
d'une application de premier niveau, affirme M. Crainic.
L'ordinateur avec logiciel spécialisé sur la circulation
fera un jour ou l'autre partie du quotidien des usagers de la
route. Et que dire de l'autoroute intelligente, comme la fameuse
407 construite autour de Toronto, quand ce ne sera pas une autoroute
qui prendra carrément le contrôle de votre voiture
pour vous amener à destination? Ne riez pas, il se fait
des essais là-dessus chez nos voisins du Sud.
Autant de nouveaux champs de travail qui, assurément, donneront
du boulot pour un autre quart de siècle au CRT, assure
son directeur.
André Duchesne