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Le cinéma québécois...

...en Allemagne: rédaction
d'un ouvrage destiné
aux cinéphiles

Une équipe de l'U de M participe à la rédaction
d'un ouvrage qui sera édité en allemand.

Une équipe de 11 personnes dont 5 professeurs, 1 diplômé de troisième cycle et 2 professeurs associés à l'Université de Montréal ont participé à la rédaction d'un livre sur le cinéma québécois qui sera prochainement édité en Allemagne.

«Il ne s'agit pas d'un ouvrage de vulgarisation, mais d'un livre de niveau scientifique. Il s'adressera à des universitaires, des cinéphiles ou des critiques», avertit Michel Larouche, directeur du Département d'histoire de l'art (qui inclut le secteur Études cinématographiques) et initiateur de ce projet avec le professeur Jürgen Müller de l'Université Passau, en Bavière.

L'idée est naît durant le séjour de M. Müller à l'Université, à l'automne 1994, à titre de professeur invité. Ce dernier a fait part à son collègue de l'intérêt certain du public d'initiés allemands pour le cinéma québécois. M. Larouche a structuré un synopsis et recruté des rédacteurs spécialistes, des enseignants pour la plupart.

Les chapitres signés par des gens de l'U de M portent sur l'histoire du Québec par rapport à l'histoire du cinéma québécois (par Pierre Véronneau, professeur associé et conservateur à la Cinémathèque québécoise), sur les problèmes de réception (Michel Larouche), sur le cinéma québécois au temps des vues animées (André Gaudreault), sur l'importance du scénario (Isabelle Raynauld), sur le cinéma québécois et la «générécité» (Michèle Garneau), sur les tendances documentaires (Gilles Marsolais) et sur le cinéma d'animation (Marcel Jean).

Les professeurs Denis Bachand (Université d'Ottawa) et Lucie Roy (Université Laval) ont écrit des chapitres sur les cinéastes Denys Arcand et Pierre Perreault tandis que Gilles Thérien, de l'UQAM (professeur associé à l'U de M), signe un texte sur la question du cinéma québécois et de l'identité.

«Chaque article doit mettre le sujet en contexte par rapport à un public qui en sait peu sur le cinéma québécois. Nous voulions à la fois faire une synthèse et approfondir tous les sujets», dit M. Larouche.

En complément au travail de ses collègues outre-Atlantique, Jürgen Müller s'est penché sur la réception des films québécois en Allemagne.

Selon Michel Larouche, il va de soi que plusieurs classiques d'ici ont été traduits dans la langue de Goethe, tel Le déclin de l'empire américain, mais il ne peut préciser jusqu'où va l'intérêt des cinéphiles allemands pour le septième art «made in Québec».

Quoi qu'il en soit, un éditeur de renom, Nodus Publikationen, de la ville de Münster, a été approché pour la publication et s'est montré tout de suite intéressé.

«Presque tous les textes sont traduits et le livre devrait être diffusé au début de 1997», indique M. Larouche.

L'ambassade canadienne en Allemagne aurait également fait part de son enthousiasme devant une telle publication.

Ce sont des étudiants en langue romane de l'Université Passau qui traduisent l'ouvrage de 250 pages du français à l'allemand.

M. Larouche et les coauteurs ont-ils des projets de publication dans d'autres pays?

«Oui, mais il faudrait peut-être d'abord penser à éditer le volume en français», lance ce dernier, amusé.


...en France: une coûteuse aventure

L'accent ne serait pas seul en cause, pensent des spécialistes.

Contrairement à ce que l'on a longtemps cru, la France n'est pas une voie naturelle pour la diffusion des films québécois!

Voilà ce que l'on appelle jeter un pavé dans le grand écran! Michel Larouche, directeur du Département d'histoire de l'art, et une équipe de chercheurs sont sur le point de faire ce geste iconoclaste en publiant L'aventure du cinéma québécois en France, un ouvrage de quelque 300 pages, aux Éditions XYZ.

«La langue française crée une barrière en raison de son accent», dit Michel Larouche. Certains films sous-titrés passeraient carrément mieux dans d'autres pays que chez nos cousins lorsqu'on ne double pas les voix des comédiens.

Ce ne sont pas là des hypothèses lancées aux quatre vents. L'équipe s'est installée à Paris pendant un bon moment afin de dépouiller les archives sur la mise en marché des films québécois en France depuis le début des années 1960, les textes critiques et les copies de dossiers de presse, des documents conservés au Centre national de la cinématographie. La différence entre l'énergie et les sommes investies et les résultats obtenus est renversante.

«Il se pourrait même que cette aventure soit une erreur et que la France ne soit pas un débouché naturel pour la production cinématographique québécoise», lance Gilles Thérien, professeur à l'UQAM et professeur associé à l'U de M, dans le dernier texte du livre.

Pour étoffer son propos, il fait une longue analyse de la perception des films d'ici dans les imaginaires français et québécois. «Les imaginaires ne peuvent être partagés sur le plan de l'identité et encore moins sur le plan de la culture», dit-il.

Il remarque également que le fait d'avoir la même langue ne veut pas nécessairement dire posséder le même langage et il appuie cette réflexion de plusieurs exemples de films reçus différemment de part et d'autre de l'Atlantique. Selon lui, la question de la langue ne peut se réduire à une question d'accent, «l'accent étant ici plutôt le symptôme de la différence que la différence elle-même».

Toutes les analyses faites dans cet ouvrage, que ce soit sur l'historique des collaborations cinématographiques, la présence des films québécois dans les festivals, la mise en marché ou autres, convergent vers les mêmes conclusions, ce qui ne manquera pas de soulever de joyeux débats ou à tout le moins de susciter la réflexion.

En terminant l'introduction, Michel Larouche dit d'ailleurs: «Toute expérience d'altérité renvoyant à soi-même, le cinéma québécois, à l'image de la société québécoise, se voit depuis peu dans l'obligation d'envisager de nouveaux horizons, de prendre conscience de sa situation précaire, de faire des choix plus éclairés.» Un mouvement vers d'autres pays est déjà amorcé, a-t-il ajouté en entrevue.

Pour les amateurs de chiffres, citons ces statistiques aux deux pôles des résultats obtenus par des films québécois dans l'hexagone. En 1986, Le déclin de l'empire américain, de Denys Arcand, a attiré 1,2 million de spectateurs au cours de plus de 29 000 séances et a fait des recettes frôlant les 31 millions de francs. En 1973, Kamouraska, film de Claude Jutra adapté du roman d'Anne Hébert, a attiré... 12 spectateurs au cours d'une seule séance; recettes: 73 francs.

André Duchesne


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