Pour la Faculté de médecine, sa création
met fin
à la dispersion des activités d'enseignement et
de recherche.
La métropole
a maintenant un nouveau CHUM. La signature du protocole d'entente
créant le Centre hospitalier de l'Université de
Montréal, né de la fusion des hôpitaux Notre-Dame,
Saint-Luc et Hôtel-Dieu, a eu lieu mardi dernier, au Pavillon
principal, en présence du ministre québécois
de la Santé et des Services sociaux, Jean Rochon, du ministre
d'État à la métropole, Serge Ménard,
du maire de Montréal, Pierre Bourque, du recteur René
Simard et du responsable du comité d'implantation, Guy
Coulombe.
Au-delà des écueils qui ont jalonné le parcours
menant à la création du Centre, des énormes
montants d'argent en cause et de la question du maintien des emplois,
c'est à la naissance du premier centre hospitalier ambulatoire
à laquelle on vient d'assister.
«Voilà le tout premier hôpital ambulatoire
au Québec, a souligné le doyen de la Faculté
de médecine, le Dr Patrick Vinay, au cours d'un entretien
avec Forum. Le mode ambulatoire va devenir un mode majeur de distribution
de soins de santé et nous devons apprendre comment les
donner. Il n'y a pas encore d'endroit où l'éducation
sur le plan ambulatoire est rationalisée et concentrée.
Nous allons apprendre à nos professionnels ce mode ambulatoire,
qui devra être exporté à l'ensemble du territoire.»
Pour Patrick Vinay, il est primordial que la Faculté de
médecine possède un programme«qui soit ouvert
sur la nouveauté et peut-être même qui crée
cette nouveauté». En tant qu'hôpital où
seront concentrés des services surspécialisés
(neurologie, chirurgie cardio-vasculaire, néphrologie,
etc), le CHUM comptera sur une forte concentration de professionnels
qui se tiendront au courant des derniers développements
dans les technologies de pointe et qui chercheront constamment
à améliorer les techniques existantes.
Rappelons en quelques chiffres ce que sera le CHUM, le plus grand
centre hospitalier universitaire au Canada: un centre ambulatoire
au pavillon A (l'actuel Hôtel-Dieu), où l'on recevra
environ 400 000 visites par année en clinique externe et
33 000 à l'urgence; s'y trouveront une centaine de lits.
Un hôpital de 1200 lits répartis dans les pavillons
B (Notre-Dame) et C (Saint-Luc) avec 210 000 visites en clinique
externe et 128 000 à l'urgence par année.
Le budget d'implantation du projet s'élève à
300 millions de dollars alors que le budget annuel sera de 375
millions. Le corps médical comptera 900 médecins,
entre 300 et 350 résidents et entre 200 et 250 externes.
Incidences pour l'U de M
La mission du CHUM est divisée en deux grands volets, les
soins à la population et la recherche et l'enseignement.
C'est sur ce second volet que s'est attardé le recteur
Simard au cours de son allocution.
«Nous pourrons mettre fin à la dispersion de nos
étudiants médecins, internes et résidents,
autant dans les programmes de tronc commun que dans les spécialités.
Cela mettra fin aussi à la dilution de notre mission d'enseignement,
qui était répartie dans les différents hôpitaux,
et nous permettra de concentrer nos professeurs et nos chercheurs
en une masse critique aux fins d'encadrement afin de mieux former
nos étudiants.»
Plus tard en entrevue,
le doyen Patrick Vinay a précisé qu'avec la création
du CHUM la proportion de professionnels formés dans l'école
de médecine de la Faculté et répartis au
centre-ville de Montréal grimpera de 40 % à 60 %.
Les autres se retrouveront dans les hôpitaux périphériques,
toujours liés au réseau universitaire et reconnus
pour la médecine familiale, des pratiques non spécialisées
et certaines spécialités de pointe.
Cette réorganisation permettra-t-elle à la Faculté
de faire des économies? Le doyen répond qu'il faut
penser aux incidences budgétaires en fonction d'une nouvelle
donne («New Deal») dans le mode de rémunération.
«Cela passe par une rémunération des soins,
qui sera éventuellement différente, avec la mise
au point d'un plan de pratique. Ce ne sera pas une façon
de faire payer l'éducation médicale par les médecins,
prévient-il. On ne parle pas tant d'économies que
d'une rationalisation dans l'utilisation de nos ressources.»
Le recteur Simard a enfin rappelé que l'Université
de Montréal est la plus engagée au Canada dans le
secteur de la santé. D'abord, il y a autant de crédits
accordés dans les secteurs santé autres que la médecine
qu'en médecine même. En second lieu, l'U de M compte
des unités d'enseignement dans tous les domaines importants
liés au secteur de la santé et celles-ci ont reçu,
en 1994-1995, 109 des quelque 185 millions de dollars de fonds
de recherche octroyés par différents organismes
et paliers de gouvernement.
André Duchesne