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Tribune inattendue pour un spécialiste de l'Amérique latine

Professeur au Département d'histoire et spécialiste de l'Amérique latine, Claude Morin a l'habitude des interviews dans les médias. Mais avait-il prévu qu'un jour il se prononcerait à propos de l'embargo américain contre Cuba dans un journal édité par... le Club Price?

C'est pourtant ce qui est arrivé, dans le numéro de mai-juin du journal Contact PriceCostco, envoyé tous les deux mois aux membres et diffusé à 900 000 exemplaires partout au Canada!

«Je n'ai jamais eu l'occasion d'être autant publié», lance en riant le principal intéressé.

Comme à chaque numéro, ce journal propose un débat sur des sujets d'actualité, notamment économiques. Une question est posée, deux spécialistes se prononcent (oui ou non), quelques clients donnent leur point de vue et les membres sont invités à voter.

M. Morin défendait la position du non à la question «Le Canada devrait-il appuyer l'embargo des États-Unis contre Cuba?». José Cardena, directeur de la Fondation nationale cubano-américaine à Washington, lui donnait la réplique.

Selon M. Morin, l'embargo contre Cuba a «toujours été une mesure unilatérale par laquelle les États-Unis ont cherché à asphyxier l'économie cubaine afin de provoquer la chute de Castro», l'Oncle Sam n'ayant «jamais accepté d'avoir perdu en 1959 son emprise sur une île qui fut pendant un demi-siècle son appendice tropical».

Il note que l'embargo est contesté à l'intérieur même des États-Unis et que le Canada «a défendu avec constance son droit à faire du commerce avec Cuba».

Pour Forum, M. Morin a ajouté que les États-Unis font de l'embargo une question importante pour des considérations idéologiques et électoralistes. «Il y a 1 million d'exilés cubains en Floride, dont 500 000 électeurs. Ils peuvent faire la différence sur le plan du collège électoral lors des élections présidentielles», dit-il.

L'analyse de José Cardena faisait surtout référence à l'absence d'amélioration dans les conditions de vie des Cubains, en dépit de l'aide octroyée par l'ex-URSS durant des années, et au fait qu'il n'y a pas d'avantages à faire des affaires avec Cuba.

On sait que cette question est revenue ces derniers mois sur la scène de l'actualité avec l'adoption de la loi Helms-Burton prévoyant des représailles contre les pays continuant de commercer avec l'île.

Environ 200 personnes ont répondu à ce sondage, signale M. Morin; 58 % ont dit non et 42 % ont répondu oui.

André Duchesne

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