Louise Marchand participe
à l'élaboration d'un cours multimédia pour
Bombardier.
L'utilisation des technologies
multimédias à des fins éducatives prendra
de plus en plus d'ampleur dans les prochaines années et
l'Université de Montréal devrait s'arrimer tout
de suite au train des innovations réalisées dans
ce domaine, estime Louise Marchand, professeure au Département
de psychopédagogie et d'andragogie.
Après les cours par correspondance avec des cahiers et
la télé-université, l'emploi des techniques
multimédias constitue donc la troisième génération
de la formation à distance.
Les grandes entreprises, qui ont les moyens de se le permettre,
ont déjà pris ce virage, et plusieurs universités
leur emboîtent le pas.
Mme Marchand participe activement à un projet de recherche
pour la création d'une session de formation interactive
destinée aux 36 000 employés de la multinationale
Bombardier partout dans le monde.
«Dans une entreprise de cette taille, il était jusqu'à
maintenant difficile et onéreux de donner une formation
similaire à tout le monde. Des formateurs devaient toujours
se déplacer. Ce n'est plus le cas avec les nouvelles technologies»,
dit-elle.
En compagnie de Claude Gaudet, un autre professeur d'andragogie,
Mme Marchand a travaillé étroitement avec Conception
interactive multimédia (CIM), une compagnie retenue par
Bombardier pour créer un système d'apprentissage.
Le but: diffuser la vision, les valeurs et mieux faire connaître
le système manufacturier de l'entreprise de façon
à sensibiliser le personnel à ses enjeux et stratégies
et à opérer des changements dans les comportements.
Le résultat de ce travail fut la production d'un vidéodisque
en six langues, de cahiers d'animation et d'exercices, d'un livre
de codes à barres avec lecteur optique et de trois mallettes
de jeux. Chaque session de deux jours réunit un animateur
et neuf employés. La même formation est donnée
dans les neuf pays où Bombardier a ses assises.
Dans le vidéodisque, le maître de jeu est Barnabé,
une sympathique marionnette personnifiant un hippopotame polyglotte
et très au fait du système manufacturier de la compagnie.
Un peu enfantin, comme approche? Pas du tout. Il semble que les
employés, sollicités à tout instant, en redemandent.
Le grand avantage réside dans le fait qu'il n'y a pas de
temps morts. Le concept maintient l'attention de tout le monde
en éveil; on ne sait jamais quand Barnabé va nous
questionnner.
«Il y a une liste d'attente pour suivre la session. C'est
plutôt rare en entreprise», dit Mme Marchand, qui
a participé à la recherche, a analysé le
contenu de la formation et fera l'évaluation des résultats
dans un proche avenir.
En entreprise, la formation multimédia ne se limitera pas
à la diffusion de l'image et de la mission corporatives.
On l'emploiera dans tous les métiers et professions nécessitant
des mises à niveau fréquentes. Pensons seulement
à la médecine ou au droit.
Dans l'enseignement universitaire
En parallèle au projet de Bombardier, Mme Marchand vient
d'amorcer un projet pilote dans lequel elle donne un cours de
maîtrise en andragogie par téléconférence.
Pendant que des étudiants assistent à son cours
dans une classe du Pavillon Marie-Victorin, d'autres suivent la
session en direct dans des classes francophones de l'Université
laurentienne et du collège Boréal en Ontario.
Si le cours a lieu en téléconférence, l'encadrement
des étudiants est assuré par courrier électronique.
«Ils ont mon adresse électronique et m'envoient leurs
textes», dit-elle. Un tuteur travaillant en Ontario appuie
le travail de Mme Marchand et reçoit également de
l'information par courrier électronique.
Les applications multimédias sont innombrables et sont
économiques autant pour un établissement que pour
les étudiants. Déjà, des soutenances de thèses
de doctorat ont commencé à se faire par télé-conférence!
Selon Mme Marchand, «l'Université de Montréal
n'a pas le choix» de se lancer dans ce domaine, où
la concurrence s'annonce féroce. «D'autres universités
ont déjà commencé à donner de la formation
grâce aux nouvelles technologies. Si nous ne l'offrons pas,
nous serons envahis», indique-t-elle.
De toute façon, les nouvelles technologies de l'information
représentent «une excellente tribune publicitaire»
pour montrer la qualité de l'enseignement donné
à l'U de M. Le seul désavantage, c'est que l'on
s'expose ouvertement aux autres universités.
La clé, c'est le prof!
L'enseignement par les nouvelles technologies est-il mieux adapté
à certains départements ou facultés? Non,
répond Mme Marchand. La clé, c'est toujours le prof,
le bon prof!
«Peu importe le support logistique, il revient au professeur
d'être un bon communicateur. Un bon professeur va modeler
le contenu de son cours sur le produit. Regardez ce qu'a fait
François-Marc Gagnon en histoire de l'art avec son cours
télévisé.»
André Duchesne