Les salles de classe porteront les noms des donateurs.
Les étudiants de L'École
des Hautes Études Commerciales inscrits aux cours de négociation
n'auront pas à chercher longtemps pour retrouver leur classe.
Ils n'auront qu'à se rendre à la salle... FTQ, située
dans la section... rouge du nouvel immeuble du chemin de la Côte-des-Neiges.
D'autres classes se nomment Saine Marketing, Gérard-Parizeau,
Hydro-Québec International, Nancy Orr et Michel Gaucher,
St-Hubert (Les rôtisseries), etc. Des noms associés
à des individus, entreprises et organismes qui commanditent
chacun une des 44 salles de l'École dans le cadre de l'opération
Carrefour HEC.
Lancée le 19 juin, cette campagne de financement, orchestrée
par le Fonds de développement de l'École, connaît
un succès fulgurant. Déjà, plus de 80 % de
l'objectif de cinq millions de dollars a été atteint.
«L'intérêt s'est répandu comme une traînée
de poudre. Tous les partenaires des HEC ont voulu avoir une place
dans ce projet. Pour une campagne de cet ordre, c'est exceptionnel»,
s'est réjouie Marie-Thérèse Chaput-Williams,
directrice générale du Fonds.
Ce projet a pour objectif de faire commanditer, par un individu,
une compagnie ou un organisme, une salle de classe, un laboratoire,
la bibliothèque et, pourquoi pas, le bâtiment pour
une période de 25 ans. Les montants demandés sont
de 50 000 $ et plus, selon les locaux.
Les sommes amassées serviront à l'achat d'équipements
didactiques et de recherche de pointe. Une partie de l'argent
permettra également l'octroi de bourses aux nouveaux étudiants.
«Les bourses d'entrée servent à attirer les
meilleurs», rappelle la directrice générale
du Fonds.
Jouxtant chaque classe ou local, une plaque au nom du donateur,
avec le logo de la compagnie, permettra aux étudiants et
aux professeurs de reconnaître les lieux, qui ainsi ne seront
pas numérotés. L'École étant également
divisée en quatre sections (rouge, jaune, vert, bleu),
cela facilitera leur repérage.
Si l'on peut attribuer au hasard le fait que la salle FTQ est
située dans la section rouge, sa vocation pour l'enseignement
de la négociation est tout à fait justifiée.
«L'École des HEC est une institution reconnue au
Québec et elle a développé un volet très
important en relations de travail. Comme il y a eu chez nous des
gens influents dans ce domaine, il était approprié
de nous associer à cette démarche», a indiqué
à Forum le secrétaire-trésorier de la Fédération,
Henri Massé.
Ce dernier a précisé que c'est le Fonds de solidarité
de la FTQ qui a versé la commandite.
Contrairement aux sièges des salles en hémicycle,
les bancs de cette classe sont disposés en rangée.
De petits cubicules sont situés tout autour; des groupes
d'étudiants y prépareront stratégies et contre-propositions.
Grandes villes internationales
Comme toutes les ententes de commandites ne sont pas officialisées
et parce qu'il reste des commanditaires à trouver, les
salles «orphelines» ont été baptisées
des noms de grandes villes du monde.
«C'est pour rappeler la vocation internationale de l'École»,
explique Mme Chaput-Williams.
Actuellement, on retrouve donc les salles Bruxelles, New York,
Sidney, etc. La plus méconnue de toutes est vraisemblablement
la classe Antananarivo, nom de la capitale de Madagascar. Est-ce
l'effet du hasard si elle se trouve tout au fond d'un corridor?
L'administration a privilégié des noms de villes
où sont situés d'autres établissements avec
lesquels les HEC sont associées. Enfin, les classes-villes
sont regroupées selon leur géographie. De là
les quatre secteurs de couleur, qui correspondent à des
continents.
Douze coprésidents, représentant autant d'importantes
firmes montréalaises et québécoises, ont
accepté de parrainer cette campagne et y ont tous contribué
financièrement. Entre autres, la firme Raymond, Chabot,
Martin, Paré a commandité une salle alors que son
président et chef de la direction, qui est aussi président
du conseil d'administration des HEC, Serge Saucier, a fait de
même.
Les diplômés et membres de la communauté des
HEC qui n'auront pas les moyens d'associer leur nom, ne serait-ce
qu'au plus petit placard, pourront cependant entrer dans l'éternité
en achetant, moyennant 750 $, l'une des 1200 dalles du grand hall
d'entrée pour y faire graver leur nom et, le cas échéant,
leur année de promotion qui seront ainsi «piétinés»
à perpétuité au bénéfice de
l'École...
André Duchesne