Déplacements de clientèle, modifications de
cours, les sciences de la santé sont en mutation.
On attendait 150 étudiants
au nouveau programme de Certificat en maintien à domicile
offert cet automne à la Faculté de l'éducation
permanente. Il en est venu 228! Et la demande est si forte que
des cours hors du campus pourraient être donnés dès
l'automne prochain.
L'intérêt pour ce certificat est un des exemples
les plus concrets qui illustre les effets du virage ambulatoire
à l'intérieur des cours, programmes ou facultés
liés au domaine de la santé. Mais il est loin d'être
le seul.
Certains programmes connaissent des baisses de clientèle,
d'autres attirent de nouveaux étudiants, le contenu de
plusieurs cours est modifié, tout est repensé en
fonction du coup de barre donné par le ministère
de la Santé et des Services sociaux.
«Même si nous comptons une majorité d'infirmières,
des gens de tous les domaines de la santé - ergothérapeutes,
travailleurs sociaux, diététiciennes, etc. -, touchés
par le virage, se sont inscrits à nos cours», indique
Paule Savignac, responsable du Certificat en maintien à
domicile. «La Faculté de l'éducation permanente
a été la première à répondre
à ce besoin.»
Onze cours, dont quatre forment le bloc de crédits obligatoires,
ont été élaborés pour les besoins
de ce nouveau programme. On y traite d'organisation des structures,
de nouvelles politiques, d'évaluation (qui doit être
uniforme pour toutes les ressources) de la clientèle, de
relations d'aide et de soins dans l'intimité du domicile,
de relations avec la famille, d'aspects éthiques et légaux,
etc. Les autres cours proviennent de programmes connexes.
À la Faculté de médecine, où l'on
se félicite de l'adoption de cette politique, les changements
sont aussi appréciables.
«Quarante pour cent des activités de formation professionnelle
sont maintenant faites selon les principes du virage ambulatoire.
Des programmes comme endocrinologie et urologie sont complètement
repensés», mentionne le doyen Patrick Vinay.
Au-delà des importantes économies qu'engendre le
virage à l'échelle gouvernementale, M. Vinay voit
plusieurs gains sur le plan de la formation des futurs médecins.
«Avec la création du nouveau Centre hospitalier de
l'Université de Montréal (CHUM), l'hôpital
deviendra un milieu de stage beaucoup plus important pour l'étudiant,
poursuit-il. Il y aura moins de dispersion des stagiaires dans
les hôpitaux, ce qui se traduira par un meilleur enseignement.»
«Comme il devrait y avoir moins de personnes hospitalisées
et pour une moins longue durée, une bonne partie de nos
activités devra se faire en clinique externe. Ce sera le
cas de la médecine familiale, qui deviendra une médecine
ambulatoire», dit pour sa part Claude Morin, vice-doyen
aux études de premier cycle. «Ce transfert d'activités
touchera par exemple les étudiants en externat des troisième
et quatrième années.»
À la Faculté des sciences infirmières, on
note une baisse substantielle (70 par rapport à 112 à
l'automne 1995) des inscriptions au Certificat de sciences infirmières:
milieu clinique. Un autre effet du virage?
«C'est peut-être un facteur mais pas le plus important,
avertit André Duquette, vice-doyen aux études de
premier cycle. Nous avons fait plus de publicité pour le
nouveau programme de baccalauréat et les certificats de
la FEP (santé communautaire, maintien à domicile)
grignotent une certaine part de nos étudiantes.»
Ce qui mérite d'être davantage souligné, selon
ce dernier, c'est le changement du type de fréquentation
au baccalauréat. Alors qu'environ 50 % des étudiantes
s'y inscrivaient à temps partiel il y a encore deux ou
trois ans, 80 % s'y sont inscrites à plein temps cet automne.
«Le marché de l'emploi s'est resserré avec
la fermeture d'hôpitaux et de lits. Nous constatons que
les infirmières diplômées au collégial
ne trouvent pas d'emplois. En revanche, toutes nos étudiantes
finissantes au bac (environ 200) l'an dernier ont trouvé
un lien d'emploi, ce qui me fait dire que le marché est
encore ouvert.»
Le programme de Certificat en santé communautaire à
la FEP est un de ceux qui ont attiré plusieurs nouvelles
recrues. Pour la responsable, Marie-Andrée Bourdon, ce
phénomène est avant tout imputable à l'ouverture
de cours hors du campus, à des heures appréciées
par la clientèle.
Il reste, note-t-elle, que le milieu s'est grandement modifié
au cours des dernières années et que la grille de
cours doit tenir compte des changements structuraux survenus dans
le domaine de la santé.
André Duchesne