Déficit
de sommeil chez les adolescents
Rallonger
la journée de classe en la faisant débuter plus tôt
le matin irait à lencontre des rythmes biologiques.
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Même
si les adolescents dorment moins avec lâge,
il semble y avoir une corrélation entre somnolence
diurne accrue et développement de la puberté,
indique Luc Laberge. |
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Récemment,
le ministre de lÉducation du Québec, François
Legault, réfléchissait à voix haute sur la nécessité
de prolonger la journée de classe afin de favoriser la réussite
scolaire.
Si lintention du ministre était daugmenter le temps
de classe en faisant débuter la journée plus tôt
le matin comme le demandent des groupes de parents au Canada
et aux États-Unis , il risquerait daller à
lencontre des rythmes biologiques des jeunes et daggraver
leur déficit de sommeil, spécialement chez les élèves
du secondaire.
«Tout indique quil y a une modification du cycle veille-sommeil
à la puberté et que les adolescents devraient consacrer
au sommeil plus dheures quils ne le font en réalité»,
rapporte Luc Laberge, qui a consacré son doctorat à
cette question.
Ses recherches, effectuées au Centre détude du
sommeil de lHôpital du Sacré-Cur et dirigées
par le Dr Jacques Montplaisir, montrent que les adolescents dorment
de moins en moins en vieillissant et que leur besoin de sommeil nest
pas comblé.
À lâge de 13 ans, le jeune dort en moyenne 9,5
heures par nuit pendant la semaine, ce qui représente une heure
de moins quà lâge de 10 ans. Il dort en revanche
10 heures par nuit les fins de semaine. Cette tendance à
la réduction du sommeil se poursuit jusquà la
fin de ladolescence, alors que le nombre dheures de sommeil
en semaine sétablit aux alentours de 7 par nuit chez
les jeunes âgés de 17 à 19 ans.
«En laboratoire, des adolescents étudiés pendant
plusieurs étés consécutifs ont toutefois maintenu
une moyenne de 9,2 heures de sommeil par nuit, rapporte Luc Laberge.
Malgré la constance de leur durée de sommeil, ils étaient
de plus en plus somnolents au cours de la journée dun
été à lautre. Il semble donc y avoir une
augmentation de la somnolence diurne concomitante avec le développement
de la puberté.»
Ce phénomène sobserve également à
travers les données quil a lui-même recueillies:
à 13 ans, les filles dorment près de une demi-heure
de plus que les garçons les nuits de fins de semaine, ce qui
tend à attester la corrélation entre besoin de sommeil
et puberté.
Facteurs sociaux
Selon le chercheur, les facteurs sociaux comme les études,
le travail, les sorties et le relâchement du contrôle
des parents sur les heures de coucher conduisent les adolescents à
dormir de moins en moins malgré leur besoin constant de sommeil.
Ils compensent partiellement ce déficit en dormant plus longtemps
la fin de semaine, mais cette compensation serait insuffisante.
«Le National Institutes of Health des États-Unis considère
les adolescents comme un groupe à risque pour la somnolence
diurne excessive et la moitié des accidents de la route imputables
à ce problème sont causés par des jeunes de moins
de 25 ans, souligne-t-il. On sait également que les adultes
qui présentent de tels troubles du sommeil ont souvent commencé
à en être affectés pendant ladolescence.»
Outre la somnolence diurne, les irrégularités entre
les heures de coucher et de lever en semaine et au cours de la fin
de semaine ainsi que linsuffisance de sommeil peuvent entraîner
divers problèmes comme des troubles de mémoire et une
humeur dépressive, ce qui ne peut que nuire au rendement scolaire.
«Certaines évidences scientifiques indiquent également
que lhorloge biologique prendrait du retard à la puberté,
favorisant dès lors des heures de coucher et de lever de plus
en plus tardives chez les adolescents», mentionne Luc Laberge.
Forcer les adolescents à se lever plus tôt en devançant
le début des classes augmenterait donc lécart
entre les heures de lever de la semaine et celles de la fin de semaine,
ce qui aggraverait dautant le déficit de sommeil dont
souffrent déjà beaucoup dadolescents en plus daller
à lencontre des rythmes biologiques apparents.
Daniel
Baril