Un
enfant déficient en cache un autre
Les
parents doivent éviter de laisser toute la place à la
déficience, souligne Francine Ferland.
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À
partir des principes de lergothérapie, le guide
daccompagnement de Francine Ferland cherche à
créer une interrelation dynamique permettant aux
parents et à leur enfant atteint de déficience
de faire des découvertes mutuelles. |
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Les médias
ont largement fait état, au cours des dernières semaines,
de situations dramatiques entourant le sort denfants déficients:
parents débordés, surmenés, déprimés;
enfants délaissés, abandonnés ou même euthanasiés
De tels drames ne sont pas inéluctables. «Les parents
doivent apprendre à voir leur enfant déficient dabord
comme un enfant au lieu de le considérer comme un déficient,
souligne Francine Ferland, professeure à lÉcole
de réadaptation de la Faculté de médecine. Ces
enfants ont plus de similitudes que de différences avec les
enfants sans déficience.»
Lautre conseil que donne lergothérapeute à
ces parents est de «se donner le droit au plaisir afin déviter
de passer à côté de leur vie».
Au moment où les drames que lon connaît suscitent
des débats sociétaux, Francine Ferland attire lattention
sur une série de petits gestes simples, de trucs pratiques
et de conseils qui font lobjet dun guide quelle
vient de publier aux Éditions de lhôpital Sainte-Justine.
Stimuler les capacités
Le volume Un enfant à découvrir sadresse
dabord aux parents denfants déficients, mais tout
parent pourra y trouver des conseils judicieux lui permettant de gérer
les tâches quotidiennes et de profiter des ressources existantes.
«Lenfant qui souffre dune déficience physique
ou intellectuelle est dabord un enfant qui a, en plus de ses
besoins particuliers, les mêmes besoins quun autre enfant:
être aidé, être aimé et être stimulé,
rappelle Mme Ferland. On oublie que, chez la plupart de ces enfants,
les fonctions comme la curiosité, le désir dapprendre,
le sens de lhumour, le goût de jouer et davoir du
plaisir sont intactes. Le premier rôle des parents est de stimuler
ces fonctions positives et de développer le goût de vivre,
présent chez tout enfant.»
Les expériences simples que les enfants font normalement deux-mêmes
nécessitent, pour les enfants déficients, des interventions
banales auxquelles on ne pense pas, comme les amener à développer
les sens de louïe et du toucher, à découvrir
le mouvement, leur expliquer le pourquoi des choses, leur raconter
des histoires, leur faire écouter de la musique, etc. Cette
stimulation des capacités physiques et intellectuelles saines
permet dailleurs aux parents dobserver le développement
de leur enfant et leur évite de ne voir que la déficience.
«Vous découvrirez chez votre enfant une capacité
démerveillement que vous ne soupçonniez pas et
il y a fort à parier que votre quotidien, tout autant que le
sien, deviendra une source de plaisir mutuel», écrit
la professeure.
Modèle ludique
Spécialiste du modèle ludique en réadaptation,
Francine Ferland accorde beaucoup dimportance au jeu et au plaisir
dans son approche. «Selon plusieurs témoignages, lhumour
est le meilleur outil pour dédramatiser une situation et faire
face à la réalité, affirme-t-elle. Mais les parents
doivent aussi apprendre à saccorder du bon temps, un
droit quils se refusent souvent. Pourtant, lenfant ne
perd rien à ce que les parents aient du plaisir, bien au contraire.»
Se faire plaisir signifie se ménager du temps pour les loisirs
et les vacances en comptant sur les ressources daide et les
spécialistes qui peuvent assurer les soins spéciaux.
De ce côté, lergothérapeute reconnaît
quil y a une nette insuffisance de services.
«On demande aux parents de suppléer au manque de ressources,
mais la famille nest pas un centre de thérapie. Il y
a aussi des disparités régionales dans ces services
et les budgets de répit-dépannage dans les
CLSC sont insuffisants.»
La situation peut aussi être aggravée du fait que certains
parents hésitent à demander laide de leurs proches
ou que les tâches sont inéquitablement réparties
dans le couple. «Les mères ont tendance à se considérer
comme totalement responsables de la situation et à vouloir
assumer cent pour cent des responsabilités, observe Mme Ferland.
Les pères sont sensibles à la situation et apportent
une aide précieuse, mais demeurent beaucoup moins engagés.»
Pour pallier le manque dinformation relatif aux services spécialisés,
lauteure a répertorié, à la fin de louvrage,
une série de livres destinés aux parents et aux enfants,
ainsi que les adresses Internet dorganismes offrant des services
daide.
Daniel
Baril
Francine
Ferland, Au-delà de la déficience physique ou intellectuelle:
un enfant à découvrir, collection Parents, Montréal,
Éditions de lhôpital Sainte-Justine, 2001, 224
p., 13,95 $.