Superman
à lUniversité de Montréal
Lacteur
Christopher Reeve sera président dhonneur du symposium
international sur la moelle épinière.
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Christopher
Reeve a subi une fracture de la colonne vertébrale
en tombant de cheval, en 1995. Depuis, il est quadraplégique. |
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«Si javais
mon accident aujourdhui, léquipe médicale
interviendrait différemment et je pourrais envisager de marcher
de nouveau», dit André Sénécal, un homme
daffaires qui a perdu lusage de ses jambes et de 90 %
de ses membres supérieurs à la suite dun accident
dautomobile, en 1992. À présent, M. Sénécal
se consacre à la fondation qui porte son nom et qui vient en
aide aux quelque 6000 blessés médullaires traumatiques
du Québec.
À lépoque de son accident, pourtant pas si lointaine,
on ignorait quune intervention post-trauma rapide, accompagnée
dun programme de réadaptation bien établi et de
médicaments, pouvait améliorer les chances de guérison,
du moins partielle, des accidentés. On sait maintenant quil
est urgent de favoriser le «rebranchement» des cellules
nerveuses composant lintérieur de la moelle épinière,
cette autoroute du système nerveux.
«Ne parlons pas de miracle, mais je peux vous dire que lespoir
est permis, lance le Dr Serge Rossignol, neurologue et directeur
du Centre de recherche en sciences neurologiques, qui organise du
6 au 8 mai prochain un symposium international sur les traumatismes
de la moelle épinière. Des chercheurs venus dEurope
et dAmérique aborderont différents aspects de
la recherche, particulièrement la réparation neurale
et la récupération fonctionnelle.
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La
gravité des accidents à la moelle épinière
varie selon lendroit où elle est sectionnée.
À la hauteur des vertèbres cervicales (les huit
du haut), tous les membres ainsi que la respiration peuvent être
affectés. |
«Quand jai
fait mes études de médecine, on disait que les cellules
neuronales ne se régénéraient pas, explique le
chercheur. Ce dogme est aujourdhui abandonné. Non seulement
elles se régénèrent, mais diverses techniques
comme la transplantation de cellules ouvrent la voie à des
thérapies prometteuses.»
Le professeur Rossignol donne pour preuve une expérience menée
sur des chats dont la moelle épinière a été
sectionnée. Sur une bande vidéo projetée au cours
dune conférence de presse annonçant lévénement,
le 9 avril dernier, on voit clairement les pattes arrière de
lanimal lui permettre de marcher sur un tapis roulant. Le chat
ne contrôle pas avec précision ses pattes antérieures,
mais celles-ci retrouvent une partie de leurs réflexes. Cest
ce quon appelle la récupération fonctionnelle.
Lexpérimentation sur des sujets humains nest pas
encore entamée, mais les chercheurs voient lavenir avec
optimisme.
Superman
à la rescousse
«Quand jai eu mon accident, en 1995, je ne connaissais
pas grand-chose à la recherche en sciences neurologiques»,
a dit au cours dune conférence téléphonique
depuis son domicile de New York lacteur américain Christopher
Reeve, qui assurera la présidence dhonneur du symposium.
«Mais vous comprendrez que je me suis beaucoup intéressé
à cette question depuis. Jai eu le plaisir de constater
que de grands pas ont été accomplis en six ans.»
Des recherches menées sur la régénération
neuronale avec des cellules souches provenant dembryons ou de
ftus avortés, notamment, ont permis de remettre en question
le caractère irréversible de certaines blessures de
la colonne vertébrale. Cet enthousiasme a porté Christopher
Reeve à affirmer publiquement quil parviendrait à
se lever lui-même de son fonteuil dici 2003. Un exploit
digne de Superman, le héros quil a incarné dans
une superproduction hollywoodienne durant les années 80.
Depuis une chute de cheval qui lui a sectionné la moelle épinière
sur lune des premières vertèbres, M. Reeve est
devenu lun des plus ardents défenseurs de la recherche
en sciences neurologiques. La Christopher Reeve Paralysis Foundation
a dailleurs honoré le professeur Rossignol en 1999 ainsi
que, lannée suivante, sa collègue Lisa McKerracher,
du Département de pathologie et biologie cellulaire. À
ce jour, ils sont les deux seuls Canadiens à avoir mérité
cet honneur.
Au cours de la conférence téléphonique, M. Reeve
a montré quil était au courant de létat
des connaissances en matière de réparation neurale et
de récupération fonctionnelle. Favorable à des
expériences sur des sujets humains, il a dit que les chercheurs
pouvaient sinspirer du président John F. Kennedy lorsquil
avait affirmé, dans les années 60, que les Américains
enverraient des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie.
«Les scientifiques ne possédaient ni les connaissances
ni la technologie pour accomplir un tel exploit. Cet objectif commun
les a tous stimulés. Nous pourrions nous donner un défi
similaire», a-t-il lancé.
Lespoir
de serrer une main
Participant au symposium de lUniversité de Montréal,
la fondation André-Sénécal collabore, avec le
Centre de recherche en sciences neurologiques, à lorganisation
dune soirée-bénéfice ayant pour but d«établir
un rapprochement entre les personnes souffrant de traumatismes de
la moelle épinière et les chercheurs». Le pianiste
Alain Lefebvre, la soprano Céline Dussault et lanimateur
Michel Jasmin seront de la fête, où lon attend
de 400 à 500 convives.
Sur le plan scientifique, le symposium réunira plus de 300
chercheurs des quatre coins du monde. Ceux-ci assisteront ou participeront
à 36 conférences et pourront discuter avec les auteurs
de plus de 75 affiches scientifiques. Ces travaux seront suivis avec
intérêt par les blessés médullaires du
Québec et dailleurs.
«Lespoir de marcher ne nous abandonne jamais», dit
Alexandre Poce, qui a subi une fracture de la colonne vertébrale
en 1987, à lâge de 16 ans, au cours dun match
de hockey. Le jeune homme tétraplégique, qui a terminé
sa formation davocat en 1998, place beaucoup despoir dans
la recherche. Au sein de la fondation André-Sénécal,
il multiplie les efforts pour promouvoir le financement des chercheurs.
«Jespère pouvoir un jour serrer la main de nos
donateurs pour leur dire merci», dit-il.
Mathieu-Robert
Sauvé