Volume 35 numéro 27
9 avril
200
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Poly-Monde en Espagne
Après une mission en Corée, 24 étudiants prennent le départ

Vingt-quatre étudiants de l’École Polytechnique s’envoleront pour l’Espagne le 6 mai prochain, au terme d’une année de préparation. «Nous sommes prêts, affirme Sophie Thibault, coordonnatrice du groupe. Nous avons même été initiés à la langue puisque le professeur qui nous accompagne, Bernard Sinclair-Desgagnés, s’adresse à nous exclusivement en espagnol depuis plusieurs semaines dans le cadre d’un séminaire hebdomadaire sur la culture et l’histoire de l’Espagne.»

La mission de trois semaines comporte un volet pédagogique puisqu’elle s’inscrit à l’intérieur du cours «Technologies et concurrence internationale». Les participants, principalement des étudiants sortants au baccalauréat, recevront trois crédits de cours. Durant leur séjour, ils visiteront des entreprises importantes des secteurs manufacturier, du transport et des nouvelles technologies de la communication. Avant leur départ, les voyageurs ont été reçus dans de grandes entreprises de la région métropolitaine comme Paccart, L’Oréal, CAE Électronique, Nortel et Canco. Ils produiront un rapport sur les méthodes comparées de production et de conception dans les deux pays.
Mis sur pied par l’organisme Poly-Monde, qui a pour objectif de faire découvrir à des groupes d’étudiants les technologies et la culture d’un pays étranger, la mission Poly-Espagne 2001 contribuera à «élargir les horizons culturels, technologiques et professionnels de futurs ingénieurs afin de les préparer à faire face à la concurrence internationale et à la mondialisation des différents marchés», comme le dit le document de présentation accessible dans Internet (http://www.polymonde.polymtl.ca).

L’Espagne est la 12e destination de l’organisme, qui a bénéficié de l’appui des premiers ministres canadien et québécois, Jean Chrétien et Lucien Bouchard, comme en témoignent les lettres qu’ils ont adressées au projet Poly-Espagne 2001. Parmi les destinations des années passées: le Japon, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la France, la côte Ouest américaine, le Benelux et la Corée du Sud.


De la Corée à l’Espagne

Sophie Thibault, qui achève son programme d’études en génie industriel, a participé à la précédente mission, en Corée du Sud, le printemps dernier. Elle a ramené de son voyage une riche expérience. «L’un de nos travaux a consisté à comparer les aménagements portuaires du Canada et de la Corée, explique-t-elle. Les deux ports que nous avons visités en Corée ont parié sur les méga-transporteurs. Ils aménagent donc des canaux plus profonds pour permettre la navigation de navires chargés de 50 000 à 60 000 conteneurs. Au contraire, au port de Montréal, on dit que l’avenir est à la variété des chargements. On investit dans les porte-conteneurs, oui, mais aussi dans le transport de marchandises agricoles, de pétrole, de gaz.»

Shérif Shénouda était aussi du voyage à la fin de ses études. Cet ingénieur électricien, qui travaille aujourd’hui chez Innovitech, a été très impressionné par l’effervescence qui règne en Corée du Sud, malgré une crise économique qui a frappé l’Asie en 1990. «La population coréenne connaît actuellement un dynamisme incroyable et témoigne d’une ouverture sur le monde comparable à celle qu’a connue le Québec des années 60 et 70 avec l’Expo et les Jeux olympiques», dit le jeune homme au cours d’un entretien téléphonique.

Avec les 19 autres étudiants de l’École Polytechnique, dont quatre d’origine coréenne, M. Shénouda a sillonné le pays durant la mission qui s’est déroulée du 6 au 27 mai 2000. Selon lui, le groupe a été accueilli chaleureusement partout où il est passé. «Les Sud-Coréens semblaient heureux de voir que des étrangers s’intéressaient à eux», explique-t-il.


Autofinancement et commanditaires

Depuis 1989, Poly-Monde aide une vingtaine d’étudiants par année à effectuer des visites industrielles aux quatre coins du monde en limitant au maximum les dépenses des participants. L’an dernier, l’autofinancement a été complet. Quelque 40 % du budget de 100 000 $ ont été assurés par l’École Polytechnique et plusieurs commanditaires ont offert des sommes substantielles: Teleglobe, CAE, Telesystem et Pratt & Whitney, notamment.

«Les étudiants doivent faire leur part puisqu’ils doivent assurer 25 % du montant total, mentionne Sophie Thibault. Tout au cours de l’année, nous avons donc organisé plusieurs activités de financement.»

Un exemple? En plus des incontournables vente de chandails, fêtes et autres activités promotionnelles, les étudiants se sont portés volontaires, durant deux week-ends, pour emballer les achats des clients du magasin Ikea. Une initiative fructueuse qui a rapporté quelque 6000 $ en pourboires. Le budget de la mission Poly-Espagne 2001 est de 110 000 $.

À un mois du départ, Mme Thibault est-elle stressée? «Pas vraiment, même si nous entamons le dernier sprint des préparatifs. Il reste ainsi quelques réservations de chambres d’hôtel à effectuer. Mais tout est sous contrôle; nous nous sommes réparti la tâche en différents comités et tout le monde a bien travaillé.»

Mathieu-Robert Sauvé