Volume 35 numéro 27
9 avril
2001


 


La vie après un bac en bio: éloge de la diversité
Des diplômés du Département de sciences biologiques témoignent de leur parcours professionnel

Annie Archambault, étudiante à la maîtrise au Département de sciences biologiques, a voulu savoir ce que devenaient les diplômés de ce département. Elle leur a donc écrit.

Avec un baccalauréat en biologie, on travaille comme chercheur, technicien, agent de recherche, conservateur, représentant ou l’on s’inscrit aux cycles supérieurs. C’est ce que huit diplômés du Département de sciences biologiques sont venus expliquer, le 15 mars dernier, à une cinquantaine d’étudiants réunis dans un amphithéâtre du Pavillon principal au cours d’une conférence intitulée «Que faire avec un baccalauréat en biologie?»

«Il ne faut pas avoir peur d’aller voir ailleurs», a dit Annie Locas, qui a choisi de faire une maîtrise à la chaire en eau potable de l’École Polytechnique, un endroit où elle n’avait pas prévu se retrouver, mais qui la satisfait pleinement aujourd’hui. «Après un bac plutôt théorique, je m’attaque enfin à des problèmes concrets», a raconté l’étudiante spécialisée en microbiologie.

«Pour augmenter ses chances de trouver un emploi, il faut se créer un réseau de contacts dès les études», croit Alain Cogliastro, chercheur au Jardin botanique de Montréal. Pour le botaniste, la clé du succès du «réseautage», c’est de «bien choisir le lieu et les personnes avec qui l’on poursuit ses études».

«Je n’ai pas l’indépendance que j’avais pendant ma maîtrise, a constaté Catherine Galarneau, technicienne en biotechnologies. Je fais le même travail qu’un technicien du cégep, mais je suis mieux payée. J’ai la permanence et les avantages sociaux, mais je n’ai pas de projets à moi.»


Huit diplômés, huit parcours, plusieurs conseils

Alain Cogliastro, Chantal Nunes, Sophie Roy, René Charest, Annie Locas, Étienne Faille, Catherine Galarneau et Étienne Richer ont été conviés à ce rendez-vous par la biologiste Annie Archambault, qui rédige présentement son mémoire de maîtrise en systématique moléculaire. De sa propre initiative, la jeune diplômée en sciences biologiques a envoyé une lettre aux diplômés de son département des cinq dernières années, soit 650 personnes, pour connaître leur parcours depuis qu’ils ont obtenu leur parchemin.

«C’est pour répondre à mes inquiétudes face au marché du travail que j’ai organisé cette soirée, précise la biologiste. Pendant nos études, la recherche d’emploi n’est pas une priorité. Le marché du travail, c’est donc un peu l’inconnu pour plusieurs sortants.» En écoutant les témoignages des conférenciers, Annie Archambault a constaté que la biologie est une science vaste et que chacun crée son propre parcours selon ses centres d’intérêt. «La première chose à faire pour trouver un emploi, c’est de savoir le plus tôt possible ce qui nous passionne vraiment», dit la biologiste.

Pour y arriver, les conférenciers suggèrent d’expérimenter, de «magasiner» dès le baccalauréat: il faut occuper des emplois d’été dans les laboratoires de professeurs, s’engager bénévolement dans des associations scientifiques, participer à des congrès, faire des stages et parler aux chercheurs.

Les conférenciers ont aussi conseillé aux étudiants qui se dirigent vers les cycles supérieurs de bien choisir leur projet de recherche. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs suivi le cours d’initiation à la recherche avec leur futur directeur. «Avant de commencer une maîtrise, il est toujours bon, dit la biologiste, de passer un peu de temps dans le laboratoire où l’on pense continuer ses études. On apprend beaucoup de choses à côtoyer son futur directeur et ses étudiants. Ça permet d’ajuster le tir au besoin.»


Un coup de pouce d’Internet

Si les conférenciers ont mentionné que l’expérience, la polyvalence et la débrouillardise, entre autres, sont des qualités à acquérir pendant les études, ils ont aussi recommandé de commencer tôt sa recherche d’emploi. «Il ne faut pas attendre la fin de ses études pour chercher du travail. Il m’a fallu un an pour me trouver un emploi», dit la biologiste Sophie Roy, agente de recherche dans une société de biotechnologies. «La biologie, ce n’est pas la médecine ou l’informatique. Les employeurs ne se bousculent pas à la remise des diplômes pour offrir des postes aux sortants. Il faut découvrir son emploi soi-même. Ça peut prendre du temps», ajoute Annie Archambault.

À la suite des témoignages entendus, Annie Archambault croit que l’envoi postal du curriculum vitae et les petites annonces des journaux ne suffisent plus. Il y a maintenant la voie électronique. «On peut chercher un emploi et afficher son CV sur des sites. Deux conférencières ont d’ailleurs trouvé du travail grâce à Internet», dit-elle. Selon Chantal Nunes, titulaire d’une maîtrise en physiologie végétale et représentante des ventes en biologie moléculaire, «il pleut des emplois en biotechnologies dans Internet».

Les propos des conférenciers ont rassuré l’organisatrice de la rencontre. «Trouver sa voie en biologie, c’est possible. C’est un autre apprentissage, c’est un beau défi qu’il faut relever en ayant du plaisir. Rien ne sert de voir la chose comme un fardeau», conclut Annie Archambault.

Denis Lauzer

Les témoignages des diplômés sont disponibles sur vidéocassette à l’Association des étudiants en biologie (local E-203 du Pavillon Marie-Victorin, 343-6111, poste 1625)